
À trois mois de l’élection du président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), prévue le 29 novembre prochain, un climat d’incertitude entoure la possible candidature du dirigeant sortant, Samuel Eto’o. L’ancien attaquant du FC Barcelone, élu en décembre 2021, pourrait en effet faire face à un obstacle juridique de taille : une condamnation prononcée en Espagne en 2022, susceptible de l’empêcher de briguer un second mandat.
A la Fécafoot, le processus électoral, qui s’ouvrira dès le mois prochain, est déjà placé sous haute tension. Dans une correspondance adressée le 19 août à un délégué de l’Assemblée Générale de la Fécafoot, le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a rappelé que le scrutin devait se dérouler conformément aux statuts adoptés en juillet 2021. « En vertu du principe des droits acquis dixit le ministre, seuls les textes ayant présidé l'élection du président de la Fécafoot, le 11 décembre 2021, sont applicables en l'état. Il s'agit des Statuts adoptés le 13 juillet 2021 et les règlements subséquents ».
Controverse
Ces textes, stipulent clairement que tout individu condamné par une juridiction nationale ou internationale est inéligible. Or, en juin 2022, Samuel Eto’o avait été reconnu coupable de fraude fiscale en Espagne et condamné à vingt-deux mois de prison avec sursis. Une condamnation suffisante, selon la lecture du ministère, pour bloquer une éventuelle nouvelle candidature de l’ancien scoreur du FC Barcelone. Bien que, le 16 novembre 2024, la Fécafoot a adopté une série de réformes majeures de ses statuts. Lesquels autorisent tout individu ayant été épinglé par des instances juridictionnelles à briguer un poste à la Fécafoot, à moins d’avoir été condamné « à une peine définitive privative de liberté assortie d’un titre de détention » ou alors « sans sursis supérieure à trois mois ». De quoi, de facto, permettre à Eto’o de contourner le verrou juridique des textes de 2021 et de pouvoir prétendre à un second mandat.
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Mais ces nouvelles dispositions n’ont pas encore été validées par le ministère des Sports, comme l’exige la loi camerounaise de 2018, relative aux activités physiques et sportives. Celle-ci impose un contrôle de conformité sur les statuts et règlements des fédérations nationales, aussi bien lors de leur adoption que de leur modification. « A date, aucun texte de la Fécafoot n'a satisfait cette exigence, depuis l'élection du Bureau exécutif actuel de cette Fédération », fait remarquer M. Mouelle Kombi. Faute d’un tel aval, seul le corpus de 2021 reste, à ce jour, applicable, a insisté le ministre dans son courrier, rappelant que « le respect des principes de consensus, d’inclusion et de paix » devait encadrer le processus électoral.
Samuel Eto’o face à une équation à 2 inconnues
L’équation qui se pose désormais à Eto’o est double. S’il organise les élections sur la base des textes de 2021, il se retrouve de fait inéligible en raison de sa condamnation en Espagne. S’il choisit de s’appuyer sur les statuts de 2024, il prend le risque de voir tout le processus électoral annulé. Dans les deux cas, ses adversaires se préparent à exploiter la moindre faille pour contester son éventuelle candidature et, le cas échéant, sa réélection.
À l’approche du scrutin du 29 novembre, le football camerounais se retrouve une nouvelle fois au centre d’un bras de fer institutionnel. Derrière la bataille juridique, c’est l’avenir de la Fécafoot et la stabilité de sa gouvernance qui se jouent, dans un climat où l’ombre de Samuel Eto’o continue de dominer le débat.
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