Eliud Kipchoge, 5 moments marquants d’une carrière XXL

1. Paris 2003 : l’exploit du prodige

Il n’a que 18 ans lorsque le monde découvre Eliud Kipchoge. Ce 31 août 2003, au Stade de France, le jeune Kényan s’impose sur le 5 000 m lors des Championnats du monde d’athlétisme, devançant deux géants : le Marocain Hicham El Guerrouj et l’Éthiopien Kenenisa Bekele. En 12’52’’79, il devient champion du monde à son premier grand rendez-vous, au terme d’un sprint d’anthologie.

Ce jour-là, un gamin venu des hauts plateaux du Rift Valley entrait dans la lumière et prenait déjà date avec l’histoire. Le champion du monde junior de cross venait d’ajouter un titre mondial seniors à son palmarès, posant la première pierre d’une trajectoire exceptionnelle.

2. Hambourg 2013 : le pari du marathon

Dix ans plus tard, Kipchoge s’éloigne des pistes pour se réinventer sur route. Après avoir manqué la qualification pour les Jeux de Londres 2012, il débute sur marathon à Hambourg le 21 avril 2013. Verdict : victoire éclatante en 2h05’30’’.
Ce premier essai, remporté avec une aisance rare, marque un tournant. Le coureur à la foulée légère et à la rigueur monastique s’ouvre une nouvelle voie : celle du marathon, discipline d’endurance, de sagesse et de maîtrise mentale. Kipchoge ne se contente plus de courir vite ; il apprend à durer.

3. Rio 2016 et Tokyo 2021 : la consécration olympique

À Rio, sous une pluie fine, Kipchoge s’aligne avec le statut de favori. Sans trembler, il survole la course et décroche son premier titre olympique en 2h08’44’’. Douze ans après ses premières médailles sur piste (bronze en 2004, argent en 2008), il décroche enfin l’or, celui qui manquait à sa collection.

Cinq ans plus tard, à Tokyo (marathon déplacé à Sapporo pour cause de chaleur), il réédite l’exploit : victoire en 2h08’38’’, avec une avance de plus d’une minute sur ses poursuivants. Il rejoint ainsi le cercle très fermé des doubles champions olympiques du marathon, aux côtés d’Abebe Bikila et Waldemar Cierpinski.
Deux courses maîtrisées, deux triomphes universels, deux moments qui gravent son nom au panthéon de l’olympisme.

4. Berlin 2018 et 2022 : les records du monde

Aucune ville ne symbolise mieux la carrière de Kipchoge que Berlin. Le 16 septembre 2018, il y signe une démonstration d’une précision horlogère : 2h01’39’’, nouveau record du monde, effaçant l’ancienne marque de 78 secondes. « Je voulais courir une belle course. Le reste appartient à l’histoire », dira-t-il simplement. Quatre ans plus tard, à 37 ans, il revient dans la capitale allemande et abaisse encore sa propre référence en 2h01’09’’. Deux records du monde, la même ville, la même sérénité : Berlin est son royaume, Kipchoge en est le monarque.

5. Vienne 2019 : briser la barrière des deux heures

Le 12 octobre 2019, à Vienne, le Kényan tente ce que beaucoup jugent impossible : courir un marathon en moins de 2 heures. Entouré de 41 lièvres, guidé par un laser vert et une voiture d’allure, il boucle la distance en 1h59’40’’.
La performance n’est pas homologuée, mais elle marque l’histoire du sport. « No human is limited » (« Aucun humain n’est limité »), répète-t-il en franchissant la ligne. En un matin d’automne, Kipchoge transcende la discipline et touche au mythe.