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Football féminin : où en est l’Afrique… et pourquoi ça coince ? 

La CAN féminine 2025 révèle les écarts dans le développement du football féminin en Afrique. Focus sur le cas du Sénégal.

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3 minutes de lecture
Football féminin : où en est l’Afrique… et pourquoi ça coince ? 

Depuis le 5 juillet, le royaume chérifien accueille pour la deuxième fois consécutive la CAN Féminine. Six stades mobilisés, un engouement populaire réel, des primes en hausse, et une visibilité médiatique croissante : tous les signaux sont au vert. Pendant ce temps, ailleurs sur le continent, les disparités restent criantes. Le Sénégal, par exemple, peine à construire un écosystème viable pour son football féminin. « Le football féminin traverse une période critique. En cinq ans, le nombre de clubs actifs a chuté de 21 %. Le manque de structures, de compétitions, de reconnaissance… tout cela décourage les jeunes filles et étouffe les talents », alerte Amina Dieng, fondatrice de la Fondation Amina Vision et candidate à la présidence de la commission du football féminin à la Fédération sénégalaise de football.

Un développement à deux vitesses

La dynamique continentale est pourtant réelle. Sur les 54 fédérations affiliées à la CAF, 47 ont aujourd’hui une sélection nationale A féminine et 49 organisent un championnat de première division, certains même professionnels. Mais comme le souligne Clémentine Touré, ancienne sélectionneuse de la Côte d’Ivoire : « Il y a eu des avancées significatives, mais beaucoup reste à faire pour structurer le football féminin sur l’ensemble du continent. » Clubs sans moyens, entraîneurs non diplômés, horaires peu attractifs, faible médiatisation… le constat est accablant.

« L’équipe de l’AJEL de Rufisque attend toujours une simple affiliation. Il faut cesser de croire que le football féminin se limite à l’équipe nationale. Il y a tout un tissu local à faire vivre », insiste Amina Dieng. La CAF a certes doublé les primes pour cette CAN Féminine (1 million de dollars au vainqueur, 3,47 millions au total), mais on reste loin des 21,2 millions de la CAN masculine en 2024. Dans les faits, le développement du football féminin repose encore largement sur les subventions de la FIFA ou de l’État. « Nous développons un modèle basé sur des partenariats privés, du mécénat et de l’autofinancement. C’est la seule voie pour un développement durable », affirme Amina.

Visibilité et gouvernance : les autres batailles

En 2022, la finale Maroc - Afrique du Sud avait attiré 50 000 spectateurs à Rabat. Un chiffre symbolique, encore impensable dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest. « Il faut créer des événements dédiés, renforcer les partenariats avec les médias, et surtout changer le regard de la société », plaide Amina. Pour Kanizat Ibrahim, membre du conseil de la FIFA, « il faut plus de femmes dans les organes décisionnels. Cela apporte une sensibilité aux réalités de terrain. » Un point que partage Amina Dieng : « Tant que les décisions sont prises sans les femmes, elles resteront mal orientées. C’est pour cela que je me présente, pour ouvrir des espaces de décision aux actrices du football féminin. »

Pendant que la CAN Féminine bat son plein, entre engouement populaire et montée en puissance des nations phares, une partie du continent reste en marge. Le talent ne manque pas. L’énergie non plus. Ce qu’il faut, c’est une volonté politique. Et la conviction que l’avenir du football africain se conjugue aussi au féminin.

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