
Il avait quitté la scène électorale en 2021 sur une défaite nette. 326 voix pour Augustin Senghor contre 123 pour lui. Quatre ans plus tard, Mady Touré n’a pas abandonné son ambition de réformer le football sénégalais. Au contraire, il revient plus préparé, mieux entouré, et porté par un vent de changement qui souffle sur la maison FSF. Alors que les élections à la présidence de la fédération sont prévues pour le 2 août prochain, une question se pose désormais avec insistance : et si c’était enfin l’heure de Mady Touré ?
Un bâtisseur de modèle reconnu
Président de Génération Foot, Mady Touré s’est imposé depuis deux décennies comme un acteur incontournable du football sénégalais. Son club est aujourd’hui l’un des plus grands centres de formation du continent, à l’origine de trajectoires remarquables comme celles de Sadio Mané (champion d'Afrique et double Ballon d'Or africain), Pape Matar Sarr ou Lamine Camara (tous meilleur jeune joueur de la CAF). Au-delà de la performance sportive, son modèle est souvent cité en exemple pour sa rigueur dans la gestion, son engagement pour la formation, et sa capacité à générer un football économiquement viable. Il incarne donc un football structuré, à contre-courant des critiques régulièrement adressées à la direction sortante de la FSF.
Le visage d’un changement attendu
Ce que Mady Touré défend, c’est une rupture assumée avec la gestion actuelle. Après 16 ans de règne d’Augustin Senghor, il se positionne comme le candidat du renouveau. Et autour de lui, les visages du changement s’affichent ouvertement. Aux avant-postes, Babacar Ndiaye, président du Teungueth FC et candidat à la présidence de la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel (LSFP). Lui aussi dirige un club aux résultats concrets, avec une dynamique locale forte. À ses côtés, Djamil Faye, patron du club JAPPO, connu pour ses propositions novatrices sur la gouvernance et le développement du football. Ces hommes forment une alliance militante, cohérente, avec un message clair : réinventer la FSF pour mieux considérer les clubs amateurs, les écoles de football, le football féminin, et bâtir une institution transparente, moderne et ouverte.
Un contexte politique favorable
Mais au-delà du fond, c’est le contexte politique qui pourrait faire basculer l’élection. Le camp du pouvoir sortant, jusque-là monolithique, est aujourd’hui fracturé. La coalition « Manko » (qui signifie s'unir, en wolof), qui avait porté Senghor au pouvoir, s’est disloquée. Le numéro 2 de la FSF, Abdoulaye Sow, a pris ses distances pour aller soutenir Abdoulaye Fall. Il est lui aussi candidat, soutenu par de nombreux membres de l’ancien système. Du coup, Augustin Senghor se retrouve isolé, affaibli par sa défaite à l’élection du Conseil de la FIFA, mis sur la touche dans les sphères continentales et désormais sans son bloc fidèle.
Vers un rapprochement Senghor – Mady Touré ?
Dans ce jeu d’alliances, un scénario improbable prend forme : celui d’un rapprochement entre Mady Touré et Augustin Senghor lui-même. Des discussions informelles auraient été entamées entre les deux hommes, selon plusieurs sources. Et lors de la conférence de presse de Mady Touré, plusieurs proches de Senghor étaient présents. Certains sont même intervenus publiquement, appelant à l’unité, à la paix et à la stabilité du football sénégalais. Un de ces intervenants, Mame Adama Ndour, membre du comité exécutif de la FSF s’est même déclaré comme un « acteur majeur » pour tenter de rapprocher les deux hommes, et ainsi préserver une transition apaisée, mais pilotée par ceux qui prônent la réforme. « Je travaille chaque jour pour une collaboration entre Mady Touré et Augustin Senghor. Les deux se sont déjà rencontrés et je leur demande de trouver un accord pour renforcer notre football », implore le partisan de Senghor. Est-ce une riposte stratégique de Senghor, pour contrer la fuite de ses anciens alliés vers Abdoulaye Fall ? Ou un véritable passage de témoin à Mady Touré, avec qui il partage finalement un certain respect mutuel ? La suite de la campagne le dira.
Un candidat favori ?
Avec un projet structuré, une équipe expérimentée, une base électorale militante, et des adversaires divisés, Mady Touré apparaît aujourd’hui comme l’un des favoris de cette élection. Sa campagne, lancée officiellement ce 7 juillet au Stade Léopold Sédar Senghor, marque le début d’une dynamique qu’il espère victorieuse. À moins d’un mois du scrutin, l’histoire semble prête à lui donner une seconde chance. Et peut-être, cette fois, à le porter au sommet du football sénégalais.
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