
Avec Bouba Sampil écarté, l’espoir d’une fédération fonctionnant à l’unisson était entrevu ce printemps. Six mois plus tard, la situation n’a presque pas changé avec un président (Sory Doumbouya) isolé, des conflits internes et une dissonance totale avec plusieurs cadres des ministère des Sports et des Finances.
Cette situation intenable a atteint son paroxysme lors de la dernière trêve internationale de novembre et les deux matchs amicaux du Sily National au Maroc contre le Liberia (victoire 2-0) et le Niger (1-1). Au lendemain de la seconde rencontre, alors que certains joueurs et membres du staff s’apprêtaient à quitter l’hôtel pour gagner l’aéroport, leurs bagages ont été bloqués par des employés de la société Sport Edge, cette fameuse compagnie gérée notamment par Safwen Aidi.
Bisbille à propos d’une société d’organisation de matchs
Sport Edge (ou Africa TMS, l’autre entreprise liée à Safwen Aidi) est une société gérant des rencontres internationales. Hébergement, transport, locations de stades, elle s’occupe de tout, quitte à avancer même les fonds pour les équipes nationales.
En quelques années, elle est devenue importante en Afrique grâce à l’influence d’Ahmed Yahya, le président de la fédération mauritanienne, et de certains de ses amis, dont Souleiman Waberi, le président de la fédération djiboutienne. Néanmoins, son business en coulisses interroge beaucoup, comme le montant des factures ou le coup de main donné directement par Fouzi Lekjaa, le tout-puissant président de la fédération marocaine.
Fort de ce lobbying et de méthodes pouvant attirer certains dirigeants comprenant leurs intérêts personnels, Sport Edge a signé un contrat avec la FGF du temps de Bouba Sampil. Ces derniers s’occupaient aussi de tous les déplacements et matchs du Sily National. Même chose suite à sa révocation avec notamment le soutien du secrétaire général, Ibrahima Blasco Barry, et du vice-président, Mamadou Barry.
Or, le nouveau président, Sory Doumbouya, a lui fait affaire avec une autre société détenue par des Marocains et ayant des liens historiques avec la FGF ; le papa du fondateur détenait un hôtel où la sélection avait ses habitues dans le temps. C’est d’ailleurs cette compagnie qui s’occupa de l’équipe nationale lors de la trêve d’octobre.
Une facture de quasiment un million de dollars non payée !
Après une nouvelle bisbille sur des histoires contractuelles, Sport Edge a finalement été l’organisatrice de la trêve de novembre en bénéficiant du soutien de membres influents au ministère des Sports.
Or, la compagnie s’est énervée puisque la Guinée ne réglait aucune facture. Selon les informations de Sport News Africa, le montant total avoisine le million de dollars ! Scandale donc à l’hôtel à l’issue du deuxième match avec les cartes des chambres bloquées, les bagages retenus et l’exigence de payer immédiatement les factures.
Une scène ubuesque qui se régla finalement en quelques heures avec plusieurs appels et l’intervention de personnes tierces pour débloquer immédiatement une partie du montant dû à Sport Edge.
Chacun put ensuite partir, mais les problèmes ne s’arrêtent pas là et posent aussi une question majeure : dans quel monde une société comme Sport Edge a pu avancer sur ses propres fonds près d’un million de dollars à une fédération ?
Un président isolé, un staff pas encore payé
Exsangue financièrement, la FGF accumule d’autres retards de paiement alors que certains de ses dirigeants enchaînent de copieuses notes de frais. Un décalage ahurissant au sein duquel le président, Sory Doumbouya, est comparé en privé à un « nouveau Bouba Sampil » dans sa manière de gérer les dossiers.
Décrié, il subit également les luttes d’influence entre le ministère des Finances et des Sports, la Guinée disposant d’un fonctionnement assez spécifique puisque deux personnes des finances accompagnent la sélection afin de valider et vérifier l’utilisation de la ligne de crédit accordée par le ministre des Finances, qui descend ensuite aux sports.
Primes non versées, Duarte et son staff pas payés depuis 3 mois
Ironiquement, les préposés des finances ne voient pas d’un bon œil Sport Edge et se sont rapprochés de la fameuse compagnie marocaine tandis qu’une rivalité assez tenace existe avec leurs confrères des sports.
Au milieu de ce tohu-bohu, les primes des joueurs n’ont pas été payées à travers les pay cards (une carte spéciale attribuée à chacun sur laquelle les fonds sont versés immédiatement, un système plutôt apprécié en interne). De même, le sélectionneur Paulo Duarte et son staff n’ont encore rien reçu depuis la signature de leur contrat il y a trois mois. La situation pour ces derniers, cependant, devrait être réglée, la raison du retard étant surtout à cause de la lenteur des procédures administratives guinéennes entre ministère des Finances et des Sports.
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À propos de l'auteur
Romain MOLINA
Rédacteur sportif
Journaliste et écrivain, auteur de nombreuses enquêtes dans le milieu du sport.
