Le secrétaire général de la CAF accusé de s’être « approprié » l’instance

Réuni avec solennité à Kinshasa lors de la 47e Assemblée générale ordinaire de la CAF, le gratin du football africain voulait faire passer un message clair : tout va bien dans le meilleur des mondes ! Une auto-congratulation inédite qui fit sourire les personnes au courant de la véritable situation et des multiples rapports internes accusant l’instance de graves dysfonctionnements ou d’avoir carrément présenté publiquement un faux bilan financier l’an dernier pour atténuer les pertes réelles (9 millions de dollars au lieu de 25 millions).

Puisque seules les apparences semblaient compter, la CAF s’était enorgueilli en présentant un nouveau rapport arguant que les allégations étaient infondées. Sur l’estrade, le vice-président de la Commission d’audit et de conformité, Nourdine Assindoh, expliquait donc qu’il n’y avait pas d’ingérence du secrétaire général ou de soucis majeurs de gouvernance. De quoi susciter une vague d’indignation. « Ils ont osé le faire venir pour ça, ce n’est pas possible », se désole un dirigeant.

Un nouveau rapport pour s’auto-congratuler

Les intimes de la CAF ont effectivement eu du mal à comprendre pourquoi ce nouveau rapport n’était pas lu par le président de la Commission d’audit et de conformité, Mohamed Zazi, qui avait épinglé directement le bureau du secrétaire général tout en demandant la suspension de Nourdine Assindoh pour ses accointances avec le même secrétaire général.

Au final, point de suspension et, pis encore, Assindoh envoyé au pupitre pour dire à quel point la CAF et son secrétaire général n’avaient rien à se reprocher ! Une scène surréaliste illustrant la mainmise de Véron Mosengo-Omba sur la Confédération. « C’est tellement ridicule que je ne sais pas quoi dire », souffle un autre dirigeant sous couvert d’anonymat. « Ils font ce qu’ils veulent et personne ne dit rien, pas plus le président que le Comité exécutif. »

Licenciements et chasse à ceux osant parler

Dans une enquête publiée par The Guardian, les témoignages d’ingérences au sein de la CAF abondent. Plus préoccupant, Hannan Nur, la directrice de la gouvernance, risques et conformité qui avait publié un rapport cinglant sur la situation interne, a été licenciée de son poste. « N’importe qui osant parler connaîtra le même sort », reconnaît l’un des dirigeants sondés par Sport News Africa. « Nous vivons dans une organisation qui cache volontairement la vérité pour ne pas exposer le secrétaire général et son entourage. Tout est politisé. »

Abiola Ijasanmi, directrice des opérations à la CAF, a également été écartée en avril après avoir confirmé les allégations du rapport de Nur. D’autres personnes disposant de responsabilités ont été virées par la suite, souvent pour des raisons politiques et des intérêts particuliers, qu’il s’agisse de Noumandiez Doué, le responsable de l’arbitrage, ou Raul Chipenda, le directeur du développement.

Selon nos informations, une seconde vague de licenciements pourrait intervenir ces prochains mois afin de continuer le « nettoyage » interne. Une liquidation à laquelle le président Patrice Motsepe ne semble pas avoir d’emprise ; ce dernier étant presque toujours absent et dirige de facto la CAF par le biais de son secrétaire général. Une triste histoire à laquelle les membres du Comité exécutif, très bavards en off pour critiquer ce fonctionnement, acquiescent docilement lors des différentes réunions et assemblées en présence de leurs maîtres.