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Madagascar : le coup d’État emportera-t-il le président de la FMF ?

A la suite du renversement du désormais ancien président de Madagascar, Andry Rajoelina, de nombreux acteurs du football malgache s’interrogent sur l’avenir réservé au président de la Fédération de football, Alfred Randriamanampisoa, dont la proximité avec l’ancien chef d’État l’avait protégé des multiples scandales auxquels il a fait face.

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Madagascar : le coup d’État emportera-t-il le président de la FMF ?

Si la parole se libère sur les caciques et dérives du régime de Rajoelina, le football pourrait bien devenir un important sujet à Madagascar. Fortement impliqué dans le sport roi, le désormais ancien président avait une influence directe sur les choix de l’équipe nationale masculine, notamment lorsque Nicolas Dupuis en était le sélectionneur (2016 à 2021, puis 2022 à 2023).

Proche du sélectionneur français qui bénéficiait d’un second contrat de conseiller en plus de ses émoluments d’entraîneur, Rajoelina avait protégé ce dernier de plusieurs affaires scabreuses, notamment en terme de conflits d’intérêt au sein des Barea.

Fermant les yeux sur une politique fédérale accordant des passeports à des joueurs non malgaches, l’État se servait du football comme d’une vitrine et d’une manière de donner le sourire à une population exsangue, principalement lors du parcours épique de la sélection à la CAN 2019 jusqu’aux quarts de finale. Une sorte de paix populaire grâce au ballon rond comme cela s’opère dans tant de paix.

Déjà impliqué dans la condamnation de l’ancien président Rabekoto

Désireux d’avoir un contrôle sur la Fédération de football, Rajoelina avait un profond contentieux avec Raoul Rabekoto, élu en 2019, qui lui-même était en conflit graduel avec le sélectionneur Dupuis ; il le suspendra même de ses fonctions en 2021.

Ancien directeur général de la CNAPS, la Caisse nationale de prévoyance sociale, Rabekoto était visé avant son élection par des enquêtes internes quant à sa gestion. Prestement, un an après son accession à la FMF, il fuit le pays malgré une interdiction de territoire et se réfugia en Suisse, puis en France.

Condamné par contumace à dix ans de travaux forcés et une amende de 105 000 euros pour « abus de fonction, faux en écriture publique et usage de faux », il clama toujours son innocence. Accusé d’avoir détourné environ 25 millions d’euros, beaucoup estimaient qu’il était impossible qu’un seul homme soit responsable d’une telle gabegie.

Considéré comme un « règlement de compte politique », sa condamnation a été vu comme une manière d’accélérer un changement à la tête de la FMF. Cependant, la FIFA continua de soutenir Rabekoto jusqu’à la fin de son mandat en 2023 où il ne put se présenter et vit son vice-président, Alfred Randriamanampisoa, être élu au terme d’un drôle de scrutin où il glana 14 des 22 votes au premier tour.

Bagarre, dettes, pistolet, achats de place en sélection U17…

Également député d’Anstiraba sous la bannière IRD, le parti de Rajoelina, Randriamanampisoa avait immédiatement salué le chef de l’État lors de son élection. « On travaille avec le président de la République pour améliorer le football, on a besoin de cette proximité-là avec l’État », assurait-il en expliquant les besoins financiers de la FMF.

Si l’argument était juste, sa proximité avec l’homme fort du pays empêchait les langues perfides de se demander pourquoi autant de présidents de ligue avait subitement changé leur intention de vote à la dernière minute en faveur de Randriamanampisoa. Cette même crainte lui permettait de gérer la fédération comme bon lui semble, intervenant directement sur le travail des équipes nationales notamment.

Menaçant ouvertement des joueurs et personnel, le président était pris en vidéo dans une rixe avec un joueur du championnat local. Niant avoir donné un coup de poing – sachant que les images en question avaient soigneusement été retirées de la vidéo du match diffusée sur internet a posteriori -, il était également accusé par plusieurs personnes d’avoir posé un pistolet sur la table après une défaite de l’équipe nationale. Une scène ayant choqué profondément les gens sur place.

Pis encore, son implication personnelle dans le fiasco historique de la sélection U17 lors du dernier COSAFA a crée un scandale. Entre les achats de place et les faveurs politiques – sélectionneur des fils de dignitaires ou membres du Comité exécutif au détriment de la logique sportive -, l’humiliation a fait jaser médiatiquement. Malgré cela et une gestion financière désastreuse puisque la FMF accumule les impayés, il gardait le soutien étatique qui pouvait directement intervenir quand bon lui semblait ; que pouvait dire Randriamanampisoa de toute façon ?

Sans le soutien de Rajoelina, plusieurs acteurs du football malgache s’interrogent donc sur l’avenir du député et président d’Elgeco Plus dont l’absence de programme concret – autre que « faire des transferts et de l’argent » comme il le répéta à de multiples reprises – et l’impulsivité ont déçu jusqu’à ses plus fidèles soutiens.

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À propos de l'auteur

Romain MOLINA

Romain MOLINA

Rédacteur sportif

Journaliste et écrivain, auteur de nombreuses enquêtes dans le milieu du sport.

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