La route vers la Coupe du monde 2026 est semée d’embûches pour les Aigles du Mali. Mal embarqués dans les éliminatoires, les hommes de Tom Saintfiet ont saisi la trêve de septembre pour relancer leur campagne lors des 7e et 8e journées dans le groupe I. Leur mission a débuté par une victoire convaincante (3-0) face aux Comores, le 4 septembre 2025. Mais ce match, crucial pour la qualification, ne s’est pas déroulé à Bamako, dans le stade du 26-Mars récemment rénové, ni dans un autre des cinq stades homologués par la CAF. Il a eu lieu à… Berkane, au Maroc. Ce choix surprenant a suscité l’incompréhension des supporters et alimenté un vif débat au Mali.
Un conflit avec le Maouloud à l’origine de la délocalisation
Initialement, la Fédération malienne de football (Femafoot) avait désigné le stade du 26-Mars pour accueillir cette rencontre. Cependant, un obstacle majeur a contraint un changement de plan : la célébration du Maouloud, fête commémorant la naissance du prophète Mohamed, prévue le 5 septembre 2025. Cet événement, qui attire des milliers de fidèles, est traditionnellement organisé dans ce même stade, à Bamako. Sous la pression des dignitaires religieux, notamment Chérif Ousmane Madane Haidara, président du Haut conseil islamique du Mali, la Femafoot a dû céder. Selon des témoignages relayés par Sport News Africa, ce leader religieux, très influent, est un acteur incontournable que les autorités préfèrent ménager, surtout pour une célébration d’une telle importance pour la communauté musulmane.
Des contraintes logistiques insurmontables
Face à cette situation, la Femafoot a exploré plusieurs options. Elle a d’abord demandé à la FIFA de décaler la date du match, mais cette requête a été rejetée, les délais réglementaires étant dépassés. L’idée de jouer dans un autre stade homologué, comme celui de Mopti, a également été envisagée. Cependant, ces infrastructures, bien que conformes aux normes de la CAF, ne disposent pas des commodités nécessaires pour accueillir une rencontre internationale, notamment des hôtels répondant aux exigences de la FIFA et de la CAF pour les délégations.
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Face à l'impossibilité d'organiser ce match à domicile, le choix s'est alors finalement reporté sur le Maroc, une destination jugée moins coûteuse et plus facile pour organiser un rassemblement et ensuite le départ pour le Ghana afin d'y disputer la 8ème journée des éliminatoires. « On a vu que le prix des billets a flambé en raison des vacances. Ils ont été multipliés par 3 ou 4 selon le pays de provenance des joueurs. Ça allait exploser le budget pour faire venir les joueurs à Bamako », a confié le ministre des Sports, Abdoul Kassim Fomba, lors d'une conférence de presse.
Face à cela, une destination avec des prix plus abordables, un temps de voyage réduit et toutes les commodités a été trouvée : le Maroc. « C'est là que le cas du Maroc est venu. On a vu que les billets étaient moins chers (…) Nous avons eu l'accord du Maroc et de la FIFA pour la délocalisation et avons lancé la procédure d’affrètement juste après le match des Aigles, pour qu'ils se rendre à Accra. »
Polémique et débats au Mali
Cette décision a divisé l’opinion publique. Sur les réseaux sociaux, les supporters ont exprimé leur frustration, regrettant l’absence du soutien populaire dans un match aussi décisif. Certains pointent du doigt l’influence du chef religieux, perçu comme capable de faire plier les autorités. La presse locale, elle, reste prudente. Aborder ce sujet sensible pourrait exposer les journalistes à des accusations de « déstabilisation de l’État » ou de « menace à la sécurité nationale », ce qui limite les discussions publiques sur les tenants et aboutissants de cette affaire.
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