
La tradition a été respectée. Comme chaque 20 ans, le Cameroun ne participera pas à la Coupe du monde 2026, après 1986 et 2006. La campagne des Lions Indomptables a pris fin ce 13 novembre, lors des barrages africains à Maroc. Tout le mérite revient à la RD Congo, vainqueur 1-0 grâce à un but de Chancel Mbemba en fin de match. André Onana et ses coéquipiers ne seront pas du voyage du Canada, des Etats-Unis et du Mexique.
Et pourtant, l’élimination des quintuples champions d’Afrique n’est pas qu’une déconvenue sportive. Pour une partie des supporters et acteurs du football, elle traduit l’incapacité de la Fécafoot à créer un cadre stable et performant autour de l’équipe nationale.
Un seul coupable : Eto’o ?
Depuis la prise de fonction de Samuel Eto’o en décembre 2021, la présidence de la fédération est marquée par des conflits récurrents avec sa tutelle, le ministère des Sports, et par une succession de décisions qui fragilisent l’encadrement technique des Lions. A chaud, les réseaux sociaux ont résonné de critiques virulentes.
L’agent de joueurs Ivo Chi, longtemps proche de l’ancien buteur du FC Barcelone s’interroge : « Heureusement qu’ils [les Lions] ne se sont pas qualifiés pour la Coupe du monde 2026. Au moins, le gouvernement n’aura pas à gaspiller des milliards de FCFA pour que quelqu’un s’achète des billets en première classe pour sa famille et ses amis, pendant que dans mon village il n’y a toujours ni routes, ni hôpital ». Sans le dire ouvertement, il laisse comprendre que les enjeux dépassent le simple terrain et illustrent un détournement des priorités des dirigeants de la Fécafoot.
Pour d’autres, la défaite est le produit d’une longue dérive. « Cette élimination n’est pas un accident, argue une journaliste. Elle est la conséquence directe d’années d’approximation, de gestion confuse, d’égos surdimensionnés et de lutte d’influence qui ont vidé la tanière de son âme ». Cette « lutte d’influence » se manifeste notamment dans « le bras de fer qu’entretient Eto’o vis-à-vis du ministre des Sports et du sélectionneur Marc Brys, dont il tient l’assistant Mununga à l’écart sans raison officielle ».
Les dysfonctionnements s’étendent aux voyages et à l’organisation logistique. Le « calvaire des Lions Indomptables » en Afrique du Sud en mars 2025 reste emblématique : arrivée chaotique à Johannesburg, programme mal préparé et nuit imprévue avant de rejoindre le lieu de la rencontre ayant accouché d’un nul (0-0) contre Eswatini. Une illustration des failles structurelles qui ont accompagné chaque sortie de l’équipe nationale depuis que le gouvernement a pris la résolution de recruter Marc Brys malgré le désaccord de la Fécafoot.
Ego, approximations, intérêts personnels
Les critiques se font plus directes. Le média CFOOT interpelle le patron du football camerounais : « Samuel Eto’o doit dire aux Camerounais pourquoi il empêche l’assistant de Marc Brys de s’asseoir sur le banc de touche. On espère qu’il a des arguments solides ». Franck Lima, internaute résume un sentiment largement partagé : « Les responsables de la débâcle des Lions sont : l’ego de Samuel Eto’o, la Fécafoot et sa politique non définie et sans objectif depuis décembre 2021 ».
Cette accumulation de dysfonctionnements a transformé la défaite sportive en crise institutionnelle. L’équipe nationale semble prise en otage par les rivalités internes et par la gouvernance incertaine d’une fédération incapable de stabiliser son encadrement technique et logistique. Au-delà de la qualification manquée pour le Mondial 2026, la question centrale demeure : à un mois de la CAN 2025, comment reconstruire un cadre performant pour les Lions Indomptables tant que les conflits institutionnels persistent ?
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À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.
