À moins de deux semaines du début du Mondial féminin U-17 au Maroc (17 octobre - 8 novembre), le Cameroun fait déjà la Une. Mais pour de mauvaises raisons. En pleine phase de préparation, les Lionnes Indomptables U-17 traversent une tempête sans précédent : suspension de leur sélectionneur Joseph Ndoko pour une affaire de « mœurs », contestation ouverte des joueuses, et défaite inquiétante face à la Chine (4-1) dimanche dernier à Mohammedia.
Une suspension qui secoue la tanière
La décision de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) est tombée le 1er octobre, provoquant une onde de choc. Dans une correspondance signée de son secrétaire général, Noé Isaac Mandong, l’instance annonce la suspension immédiate de Joseph Ndoko, accusé d’« atteinte aux mœurs », et son remplacement par Mike Ndoumou, adjointe de la sélection nationale féminine senior.
« A la suite d’accusations graves d’atteinte aux mœurs portées contre l’entraîneur sélectionneur des Lionnes de moins de 17 ans, il a été procédé à la suspension immédiate de ses fonctions. En conséquence, monsieur Brian Joseph Ndoko Touongo n’accompagnera pas la sélection nationale U-17 à la Coupe du monde au Maroc », a écrit la Fécafoot. Mais la sérénité est désormais un mot vide de sens dans la tanière. L’homme fort du banc camerounais, artisan de la qualification des Lionnes (15 buts marqués, 3 encaissés en 6 matchs), a laissé un vide difficile à combler.
Ndoko contre-attaque
À peine suspendu, Joseph Ndoko a tenu à briser le silence. Dans une lettre adressée au président de la Fécafoot, Samuel Eto’o Fils, l’entraîneur se défend vigoureusement : « Ne me reconnaissant pas dans ces accusations, manifestement montées de toutes pièces, j’aimerais que la lumière soit faite sur les circonstances, les acteurs, les preuves m’incriminant et l’opportunité d’une décision aussi hâtive au regard des enjeux du moment ».
Le technicien, qui avait déjà été suspendu pour des mêmes accusations à la veille du Mondial féminin 2019 en France, évoque une « suspension abusive » et se réserve le droit de saisir la justice. Une prise de parole qui ravive les tensions au moment où les joueuses peinent à retrouver leur concentration.
Les Lionnes désavouent la Fécafoot
Quelques heures après cette sortie, une vidéo filmée au Maroc a mis le feu aux poudres. Assises sur le sol, visiblement affectées, plusieurs Lionnes U-17 appellent publiquement au retour de leur encadreur suspendu. « Actuellement, nous sommes en période de faiblesse. Quand nous avons appris la nouvelle, tout le monde était brisé. Même l’envie de manger, il n’y avait plus. Nous voulons le retour de notre staff technique. Trop de frustration, trop de pression, nous n’arrivons même plus à nous exprimer », ont-elles déclaré.
Désillusion
Dans ce climat délétère, les Camerounaises ont affronté la Chine dimanche dernier à Mohammedia pour leur premier test de préparation. Résultat : une lourde défaite 4-1, qui reflète l’état de fragilité mentale du groupe. Sur le banc, Joséphine Mike Ndoumou, nommée dans l’urgence, a tenté de maintenir le cap, mais la cohésion semble s’être évaporée avec le départ du sélectionneur.
Cette affaire vient ternir une campagne qui s’annonçait prometteuse. L’équipe de Ndoko, jusqu’ici invaincue, incarnait l’espoir du football féminin camerounais. En l’espace d’une semaine, ce rêve s’est transformé en casse-tête pour la Fécafoot, déjà sous le feu des critiques pour sa gestion des sélections nationales.
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À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.