
Sous un soleil de plomb, Tadej Pogačar a transformé les Championnats du monde de cyclisme 2025 sur route en son terrain de jeu personnel. Le Slovène a lancé une attaque solitaire dévastatrice à plus de 100 km de l'arrivée, distançant tout le monde pour conserver son maillot arc-en-ciel en costaud. Mais au-delà de ce coup d'éclat, c'est le carnage qui marque : sur les 165 coureurs au départ de la course en ligne élite, seuls 29 ont vu la ligne d'arrivée. Un record d'abandons qui consacre ce parcours rwandais comme « le plus dur de tous les temps », selon les mots du champion lui-même.
Pour la première fois, l'Afrique accueillait les Mondiaux, et Kigali n'a pas fait dans la dentelle. Les organisateurs avaient annoncé le « parcours le plus dur de l'histoire », et force est de constater que cette édition historique, bouclée dimanche 28 septembre par l'épreuve reine masculine, a offert un parcours dantesque aux coureurs. Le relief escarpé du « pays des milles collines » et les pavés assassins ont broyé les organismes, confirmant la réputation d'un circuit impitoyable.
Pogačar seul au monde
Déjà vainqueur en solo l'an dernier à Zurich, Pogačar a remis ça avec une assurance insolente. Parti en raid sur les pentes abruptes autour de Kigali, le leader d'UAE Team Emirates a creusé l'écart et pédalé seul les 66 derniers kilomètres d'une boucle de 267,5 km. « C'était dur, mais je suis venu pour l'or, pas pour l'argent », a lâché le Slovène de 26 ans après l'arrivée, confessant une pression monstre avant le départ. Des observateurs n'hésitent pas à qualifier sa performance de « la plus impressionnante de sa carrière », lui permettant d'enchaîner deux Tours de France et deux titres mondiaux consécutifs.
Le podium ? Complété par le Belge Remco Evenepoel, deuxième malgré deux changements de vélo et une crevaison fatale, et l'Irlandais Ben Healy, troisième après une poursuite héroïque. Cerise sur le gâteau : le président rwandais Paul Kagame a remis les médailles en personne lors d'une cérémonie chargée d'émotion, célébrant le Rwanda comme pionnier d'une « nouvelle ère pour le cyclisme africain. »
« Tout le monde en parle comme du parcours le plus dur jamais vu »
Un tracé d'une brutalité sans précédent, Ghebreigzabhier seul Africain
Pour en revenir au bitume, la course en ligne a choqué par son hécatombe - à peine 20 % des partants ont tenu bon. Mais ce n'est que le sommet d'une semaine cauchemardesque. Avec 5 475 mètres de dénivelé, des altitudes à 2 000 m et des secteurs pavés qui secouent les os, le circuit de Kigali s'impose comme « le plus sélectif des 100 dernières année. » Le contre-la-montre masculin, plus tôt, avait déjà semé le chaos avec des abandons en pagaille, victimes de la chaleur et des rampes infernales.
« Tout le monde en parle comme du parcours le plus dur jamais vu », a confirmé Pogacar en conférence de presse. Résultat : le plus bas nombre de finishers élites en 30 ans, des corps épuisés par le terrain volcanique et le climat tropical. Seul Africain à boucler l'affaire, l'Érythréen Amanuel Ghebreigzabhier a franchi la ligne à 12'04 du vainqueur, symbole de l'écart qu'il existe encore entre les coureurs africains et les cadors mondiaux. Les autres ont été victime du parcours et surtout du manque de récupération entre les ascensions. Même l'UCI a admis l'intensité : le directeur sportif Peter Van Den Abeele l'a décrit comme « un monstre qui pousserait chaque coureur dans ses retranchements. »
Un tremplin pour le continent
Malgré ces épreuves physiques, l'UCI et le Rwanda récoltent les louanges pour une organisation quasi parfaite. « Cette édition met l'Afrique en lumière - son relief, sa culture, son cyclisme naissant », s'enthousiasme Forbes, notant comment Kigali a fait d'un événement global une vitrine continentale. Le président de l'UCI parle d'un « succès retentissant », avec une logistique sans accroc, des infrastructures flambant neuves et une foule en délire, autre point marquant du succès populaire qu'ont été ces Championnats du monde de cyclisme.Des critiques sur les droits humains au Rwanda ont bien émergé, mais sans ternir l'euphorie.
Ces Mondiaux 2025 de Kigali bouclent ainsi une saga épique, où le talent solitaire de Pogačar a éclipsé la dureté du tracé. Pour le Rwanda, c'est un coup double, diplomatique et sportif, en tant que premier hôte africain, jetant les bases d'un cyclisme continental en essor. Cyclingnews résume : « Une édition gravée comme la plus usante, couronnée par un champion immortel. » Cap désormais sur Montréal en 2026, mais, assurément, les stigmates de Kigali perdureront.
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À propos de l'auteur
Mansour LOUM
Rédacteur sportif
Le football africain et ses coulisses. Analyse le niveau et les défis du sport africain.
