
Sur les 5 victoires d'étape burkinabè, dont 4 pour vous sur 10, laquelle vous a le plus marqué lors de cette édition ?
Logiquement, je pourrais dire que c'est vraiment la dernière étape. Parce que même au-delà de la signification à l'arrivée de pouvoir m'imposer devant son excellence le capitaine Ibrahim Traoré en maillot jaune, il faut savoir que cette étape n'a pas vraiment commencé comme il le fallait. Parce que j'avais eu un petit souci avec mon vélo au départ. Au niveau des pneumatiques et ensuite une fois arrivé dans le circuit de Ouagadougou j'ai connu une crevaison j'ai tout de suite été dépanné par mon coéquipier Soumaïla Ilboudo de l'équipe A ce qui est permis dans l'équipe on a le droit de s'échanger les vélos. Donc immédiatement, il s'est arrêté avec moi pour me remettre son vélo avant que la voiture n'arrive pour vraiment pas que je perde du temps.
Et heureusement que j'ai pu compter sur sa bonne volonté parce que dès que les Marocains se sont aperçus que j'avais eu un petit problème de vélo, ils en ont profité un petit peu pour accélérer le tempo. Donc j'ai pris le vélo de Soumaïla. Lui, il s'est arrêté à la voiture pour prendre mon vélo de secours. Il a réintégré le peloton. Quand il a réintégré le peloton on a réeffectué un échange pour qu'il puisse récupérer son vélo et que moi je puisse récupérer mon vélo de secours. Et pour la petite anecdote, le vélo de secours, c'est celui avec lequel je gagne à l'arrivée. Et ce sont les vélos qui font partie de la dotation du fonds (Le Fonds National pour la Promotion du Sport et des Loisirs) juste avant le tour du Faso. Donc, ce sont des super vélos, mais je n'avais pas eu le temps de m'entraîner avec ne serait-ce que même 50 mètres. Donc vraiment j'ai remporté la victoire d'étape sur un vélo que je ne connaissais pas et que c'était la première fois que je montais dessus. Donc oui forcément derrière c'est un grand sentiment de fierté et de soulagement parce que tout n'était vraiment pas aligné pour que ça se passe bien. C'était une victoire dans le doute et l'incertitude. Voilà c'est ça, donc vraiment c'était un dénouement heureux.
"On avait pris la décision de ne pas se dévoiler, de ne pas permettre aux adversaires de savoir notre état de forme"
Considérant le déroulement de l'édition 2025, le déclic stratégique du Burkina Faso s'est-il produit lors de l'étape de Bobo-Dioulasso ?
Oui, je pense que ça a été une étape où on a pu avoir confiance en nous. C'est vrai que la première étape a été une étape un peu particulière qui ne comptait pas dans le classement général. Donc avec la direction technique, on avait pris la décision de ne pas se dévoiler, de ne pas permettre aux adversaires de savoir notre état de forme. Après, c'est vrai que l'étape de Boromo a été un tout petit peu plus compliquée que prévue parce que ça a été une étape qui était très longue avec des conditions, notamment avec la chaleur qui a été très éprouvante. Donc, on avait dû se contenter seulement d'une troisième place malgré beaucoup d'efforts que l'on avait fournis. Maintenant que le tour est fini, je peux dire que l'étape de Bobo-Dioulasso a été presque un soulagement et forcément un déclic parce que lorsqu'on regarde la performance que l'on a accomplie.
Finalement, vous rentrez avec trois maillots à votre actif. Pouvez-vous nous les décrire brièvement ? Le maillot jaune, c'est quoi au juste ?
Le maillot jaune c'est le maillot entre guillemets le plus important d'un tour. Alors comment ça fonctionne ? C'est à dire que lorsqu'on prend le départ de la première étape, tout le monde a le compteur à zéro. On fait l'étape et à l'arrivée on arrête les compteurs et on regarde le temps du premier coureur à franchir la ligne forcément ce sera lui le premier maillot jaune parce que c'est lui qui aura le temps le plus faible donc il aura mis le moins de temps à parcourir la distance.
Le lendemain, donc la deuxième étape, on remet les compteurs à zéro les coureurs se lancent pour la deuxième étape et à l'arrivée on enregistre le temps et on l'additionne avec celui de la veille et ainsi de suite pour les dix étapes. À la fin des 10 étapes, c'est l'addition de tous ces temps-là des différentes étapes qui va pouvoir déterminer justement le porteur du maillot jaune, donc celui qui aura mis le moins de temps pour parcourir la distance totale. Donc c'est pour ça que l'on peut avoir des porteurs différents tout au long de la compétition, mais avoir un vainqueur final différent qui va pouvoir justement s'exprimer sur les bonifications. Donc cette année, il y avait 1155 km à parcourir. On regarde celui qui a mis le moins de temps pour parcourir tout cela. Et c'est lui le maillot jaune ou qui remporte le Tour.
Le maillot vert, comment ça se passe ?
Le maillot vert, c'est le deuxième maillot le plus important de la compétition. Comme le maillot jaune, à l'arrivée de chaque étape, il y a des points qui sont attribués indépendamment du temps. Sur les dix premières places à l'arrivée donc c'est l'addition de ces points-là qui permet justement de déterminer le porteur du maillot vert au fur et à mesure des étapes. Cette fois-ci, ce sera celui qui aura le plus grand nombre de points à l'addition qui sera le porteur du maillot vert. L'autre maillot est facile à expliquer. C'est le maillot du meilleur Burkinabè au classement général.
Entre votre triomphe au Tour Faso et le graal des Championnats d'Afrique, qu'est-ce qui vous manque ?
Peut-être un peu de fraîcheur parce que la saison a été très longue et très éprouvante pour moi. Malheureusement le calendrier des Championnats d'Afrique a changé. On se retrouve cette fois-ci sur une course fin novembre. Donc lorsqu'on a un peu plus de 600 heures de vélo depuis le début de l'année, je pense qu'actuellement ce dont j'aurais besoin ce serait un tout petit peu de fraîcheur et de récupération pour pouvoir justement être au moins au même niveau que celui dont j'étais au départ de la 36e édition.
"Je suis à une période charnière de ma carrière"
Pensez-vous pouvoir offrir au Burkina un 3e titre au palmarès du Tour du Face qui vous ferait entrer seul dans la légende nationale ?
Oui forcément. Lorsqu'on atteint un certain nombre de résultats c'est à partir de cela que naissent les challenges et je pense que le fait de pouvoir avoir des objectifs et ce genre de challenge c'est ce qui nous permet justement de pouvoir à chaque fois se dépasser de se fixer des objectifs. Donc si au jour d'aujourd'hui à mon âge je n'avais pas l'ambition peut-être de remporter un troisième tour du Faso ça pourrait peut-être marquer.
Le Tour de France reste un objectif pour vous ?
Oui, ça reste toujours dans un coin de ma tête. Je suis à une période charnière de ma carrière. À 26 ans, c'est encore le moment où on peut passer professionnel, où on a suffisamment de maturité. On n'est plus très jeune, mais on n'est pas assez vieux. Donc, j'ai toujours espoir.
Est-ce que le cyclisme rend financièrement stable comme le foot ?
J'allais dire oui, mais vu qu'il a la comparaison avec le football, je vais dire non. Mais ça permet quand-même de vivre. On mange bien, mais bon, ça reste quand-même très loin du football. Il faut savoir que lorsqu'on remporte des prix, ils sont partagés. Je pense que les internautes ont pu voir ces dernières heures intéressantes les primes qui ont été offertes par la présidence du Faso. Mais il faut savoir que les primes, notamment la prime de 5 millions au maillot jaune, ne me revient pas exclusivement. Ce sera une prime qui sera partagée avec l'ensemble de l'équipe. Donc c'est vrai que lorsqu'on va voir un petit peu de ce côté-là, c'est vrai que ça ne nous permet pas justement d'avoir des conditions rêvées.
Vos prochains défis, c’est quoi tout de suite après ce Tour du Faso 2025 ?
Ça va être les Championnats d'Afrique qui vont se tenir au Kenya. J'espère pouvoir y être présent dans une bonne forme physique.
Quel est le plus gros rêve, actuellement, de Paul Daumont ?
C'est le titre continental, le titre de champion d'Afrique. C'est un titre qui me fait rêver. J'aurais bien voulu m'y essayer plus en 2023 mais bon à cause de mon accident je n'avais pas pu prendre part aux Championnats d'Afrique. Donc j'espère que cette année j'aurai quand-même un peu plus de chance et que je pourrai m'y exprimer.
Rejoignez notre communauté sportive !
Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer de l'actualité sportive en temps réel.
À propos de l'auteur
Ablam GNAMESSO
Rédacteur sportif
Reporter sportif et journaliste tout terrain. Membre AIPS et jury des IFFHS Awards.
