
De par votre expérience en sélection, notamment avec la Centrafrique, l’équipe nationale tchadienne ne vous était pas étrangère.
Raoul Savoy : Effectivement. Mon adjoint, Agbo Hans, m’avait longuement parlé du Tchad puisqu’il connaissait bien la zone en ayant été notamment un ancien joueur du Coton Sports et du Cameroun, donc il avait déjà à son époque affronté le Tchad. J’avais de très bons retours, notamment en terme de mentalité, donc je n’avais pas été surpris lorsque nous avions joué les Sao avec la Centrafrique en juin dernier (ndlr, victoire centrafricaine 1-0).
Même si nous avions gagné, on avait beaucoup souffert lors de cette confrontation. On avait observé leur façon de jouer et leurs qualités face aux autres équipes, on les connaissait, et ils m’avaient laissé une très, très bonne image.
A quel moment le Tchad a-t-il été sur votre radar pour en devenir le prochain sélectionneur suite à votre départ abrupt de la Centrafrique en automne dernier sous fond d’ingérence du ministère des sports ?
Raoul Savoy : Ça m’a intéressé rapidement pour être honnête. Dès le début de l’année, j’observais la situation mais je n’y pensais pas trop car ils avaient un sélectionneur. Lorsque j’ai appris l’appel à candidature de la fédération, je me suis donc tout de suite positionné avec un dossier cohérent et en proposant une étude réelle ; ce n’était pas juste envoyer un CV et une lettre de motivation.
J’ai donc fait une étude profonde de l’effectif en proposant un projet à court, moyen et long terme. J’ai passé plusieurs semaines dessus afin d’envoyer quelque chose de cohérent. Ensuite, j’ai attendu et suivi la procédure sachant que les premiers contacts étaient très respectueux. J’ai parlé avec des gens qui savaient où ils voulaient aller.
« Un équilibre entre les joueurs locaux, ceux qui évoluent à l’extérieur et ceux nés à l’étranger »
Quel est justement le projet que vous avez soumis aux décideurs tchadiens ?
Raoul Savoy : C’est un projet un peu identique à celui de la République centrafricaine lorsque je suis revenu en 2021. Démarrer par un état des lieux et m’appuyer sur les trois piliers de mon fonctionnement, un équilibre entre les joueurs locaux, ceux qui évoluent à l’extérieur et ceux nés à l’étranger. En gros, c’est un travail sur les trois éléments et pas uniquement de baser sur la diaspora ou les locaux, mais d’avoir un équilibre cohérent sur et en dehors du terrain.
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Vu qu’on avait observé plusieurs matchs du Tchad avant de les affronter avec la Centrafrique, j’avais évalué les caractéristiques des joueurs donc j’avais une base. Ensuite, j’ai approfondi l’étude pour présenter quelque chose de solide et durable.
Est-ce que votre staff habituel, notamment votre adjoint camerounais Agbo Hans, vous accompagnera ?
Raoul Savoy : On est en train d’y travailler, effectivement. Ça fait partie des choses importantes dans le football de pouvoir s’appuyer sur des gens de confiance qui partagent le même discours. Sauf que je compte faire comme avec les joueurs, c’est à dire avoir un ancrage local, des gens qui connaissent l’environnement et l’endroit où nous sommes. L’idéal, c’est l’équilibre entre des personnes que je connais et d’autres qu’on va découvrir.
« Le fait de pouvoir jouer à domicile, de ressentir la joie du public... »
Parmi les points intéressants, le fait de pouvoir enfin jouer dans un stade tchadien a dû jouer…
Raoul Savoy : C’est un point fondamental. Je suis persuadé, et je ne suis pas le seul, qu’on se serait qualifié pour les deux dernières CAN avec la Centrafrique si on avait pu jouer à Bangui. C’est une souffrance pour les joueurs, le staff, les supporters et la fédération de voir son équipe nationale évoluer loin de ses bases. Le fait de pouvoir jouer à domicile, de ressentir la joie du public… C’est un avantage énorme. C’est pour ça que le projet du Tchad est excitant. Il y a une volonté d’aller de l’avant.
Quelles sont les prochaines étapes désormais ? Est-ce que vous allez faire comme en Centrafrique avec des camps de préparation pour les joueurs locaux avant les stages officiels ?
Raoul Savoy : Logiquement oui car on doit commencer très vite avec les locaux pour avoir une idée précise et amener une méthodologie avec le nouveau staff. J’avais l’habitude en Centrafrique et en Gambie de faire ce travail en amont des stages pour les mettre au diapason, physiquement et tactiquement afin de faire des choix justes.
On doit cocher 24 noms sur une liste et je ne mets pas des noms pour mettre des noms. Il faut une justesse, apprendre à connaître les us et coutumes de chacun. C’est un travail de fond qui me plaît car j’ai un peu anticipé. Je ne savais pas si j’allais être sélectionneur, mais ma responsabilité était de continuer à bosser pour ne pas être débordé par la masse de travail après.
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