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Rayan Raveloson : "Ce qui se passe à Madagascar nous pousse à tout donner"

Il a connu la première division sur le tard, mais son parcours est celui d'une détermination sans faille. Né à Madagascar et ayant grandi à La Réunion, Rayan Raveloson a tracé sa route en France, puis a pris un virage inattendu en s'envolant pour la MLS au LA Galaxy, une expérience qu'il décrit comme un véritable "choix de vie". Aujourd'hui, cadre des Young Boys de Berne, il découvre la Ligue Europa. Cadre des Bareas de Madagascar, il raconte sa trajectoire singulière, l'épopée historique de la CAN 2019 et son rêve de guider son pays vers une nouvelle compétition en tant que capitaine.

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Rayan Raveloson : "Ce qui se passe à Madagascar nous pousse à tout donner"

Tu es un profil qui a connu la première division sur le tard. Parle nous de ta trajectoire assez singulière.

J’ai grandi dans le football à La Réunion, où je rêvais de devenir professionnel sans vraiment connaître ce monde. En arrivant en France, je joue d’abord à Vierzon, avant qu’un coach ne me recommande à la réserve du Tours FC. Après seulement trois jours d’essai, le club me propose une convention au centre de formation, alors que j’avais déjà du retard sur les joueurs de mon âge. Très vite, je passe des U19 à la réserve, puis j’effectue ma première apparition en professionnel.

J’ai compris que le travail et un peu de chance font la différence : j’ai su saisir les opportunités. Ma vraie première saison en Ligue 1 arrive en 2022-2023 avec Auxerre, après avoir refusé une prolongation à Troyes. Grâce à mes expériences en Ligue 2 et en MLS, je n’ai pas été surpris par l’intensité du haut niveau, même si la Ligue 1 reste un championnat à part.

QuitterTroyes pour rejoindre Auxerre et la Ligue 1, un pari réussi.

Le déclic, c’est ce transfert en MLS, au LA Galaxy. Quel souvenir en tires-tu ?

C’était vraiment un choix de vie. J’avais envie de changer d’environnement, de retrouver un état d’esprit que j’avais connu quand j’étais plus jeune, enfant. La première fois qu’ils sont venus, j’ai décliné l’offre. On connaît les États-Unis, oui, mais pas forcément la réalité des clubs, du championnat, des villes. J’ai finalement signé. Et franchement, vivre à LA… c’est magnifique. En termes de style et de qualité de vie, je n’ai jamais connu mieux. Là-bas, tu peux tout faire, tu te sens libre. Tu as la mer, les montagnes, le froid, le chaud : tout ce que tu peux imaginer. En qualité de vie, c’était incroyable.

Et puis, j’ai joué avec de vrais grands joueurs : Jonathan Dos Santos au milieu, Chicharito devant, des joueurs formés à la Masia… En MLS, j’ai aussi affronté de très gros joueurs. Il y avait Thiago Almada à Atlanta, Ismaël Koné à Montréal, Petrovic dans les buts, Castellanos à New York. Honnêtement, c’était une expérience énorme. Les performances suivent et je fais mon retour, à Auxerre, ça a été un bon choix : je reviens en Ligue 1, tout s’enchaîne derrière. 

Après Auxerre, tu as rejoint les Young Boys à l’hiver dernier et depuis, tu comptes déjà 45 matchs. Comment s’est passée l’adaptation ? 

Le championnat suisse, je ne dirais pas qu’il est plus faible, mais il est vraiment différent. C’est un style de jeu particulier : les équipes pressent énormément, il y a beaucoup de duels en un contre un, et chaque match ressemble un peu à un attaque-défense permanent. Ça va très vite en transition, et c’est un championnat assez ouvert, avec beaucoup de buts.

Et puis il y a quelque chose d’important dans mon choix : la possibilité de jouer l’Europe. En Ligue 1, c’est top, mais ici, avec un club comme les Young Boys, j’ai l’opportunité de disputer des compétitions européennes grâce à l’effectif, à l’histoire du club, à sa régularité au haut niveau. 

Aux Young Boys, il découvre la Coupe d'Europe.

"La Ligue Europa, ça change, c’est un autre niveau, une autre atmosphère."

Tu disputes enfin une compétition européenne : la Ligue Europa. C’est une sorte de consécration pour toi ? 

Oui, parce que c’est exactement ce que je recherchais. À ce moment-là, je m’étais dit :’ j’ai fait la Ligue 2, la MLS, la Ligue 1… maintenant il faut que je vise une compétition européenne.’ Et commencer par la Ligue Europa, c’est parfait. Ça change, c’est un autre niveau, une autre atmosphère. C’est une compétition que j’avais vraiment hâte de découvrir, donc j’en suis très content.

Parlons de ton pays désormais. A quel point ton lien est fort avec Madagascar ?

Le peuple malgache aime profondément le football. La situation du pays n’étant pas très stable, beaucoup de gens se raccrochent à la sélection : quand elle gagne, c’est un moment de fête, de soulagement, d’oubli pour ceux qui vivent des périodes difficiles. À chaque match, on ressent cette ferveur. Nous, on sait que tout un pays est derrière nous, et ça nous pousse à tout donner.

Représenter Madagascar, c’est quelque chose de très spécial. Pour moi, en termes d’émotion et de passion, c’est au-dessus de tout. J’en suis fier, et je continuerai toujours à donner le meilleur quand je porte ce maillot. J’ai grandi avec cette culture, mon père vient de là-bas, il y vit encore, et je suis moi-même né à Madagascar. Toutes mes vacances, je les passais là-bas. Même mes premiers matchs professionnels que j’ai vus, c’était ceux de la sélection malgache, car je vivais à La Réunion, juste à côté. 

"A mes débuts, on n’avait pas toujours de tenue complète… Mais ça ne m’a jamais dérangé... J’étais là pour représenter mon pays."

Tu es désormais un cadre de cette sélection, deuxième joueur avec le plus de sélection dans le groupe actuellement. Quel est ton plus grand souvenir avec les Bareas ?

Mon plus grand souvenir reste la CAN 2019, notre première grande aventure. On a réalisé quelque chose d’inespéré : atteindre les quarts de finale. Personne ne nous attendait là. On a vécu un vrai plaisir collectif, un moment historique.

Toi qui y est depuis presque six années, quels progrès as-tu remarqué ? 

Au départ, les conditions étaient très compliquées : voyages difficiles, hôtels pas adaptés, organisation limitée - comme dans beaucoup de nations africaines. Je me souviens même que, à mes débuts, on n’avait pas toujours de tenue complète… Mais ça ne m’a jamais dérangé : je suis quelqu’un de simple, et j’étais là pour représenter mon pays.

Avec le temps, grâce à la fédération et aux résultats, tout s’est beaucoup amélioré. Il reste du chemin, mais la progression est réelle. Et en tant que capitaine, je discute souvent avec la fédé pour continuer à faire avancer les choses. Préparer l’avenir, ça commence maintenant.

"Mon plus grand rêve en sélection ? Rejouer une grande compétition, mais cette fois en tant que capitaine."

Malheureusement, vous ne participerez pas à la CAN 2025. Qu’est-ce qu’il faut pour que Mada devienne un habitué de la compétition ? 

Ce qu’il nous manque aujourd’hui, c’est de la constance dans tout : dans les conditions, dans l’organisation, dans le jeu, sur le terrain comme en dehors. Et puis, il faut aussi savoir profiter des générations. Quand on repense à l’épopée de la CAN 2019, c’était une excellente génération, pleine d’expérience. Mais tout ça ne s’est pas construit en deux jours : il a fallu des années pour arriver à ce niveau. Beaucoup de joueurs avaient 27, 28, 30 ans… donc une vraie maturité footballistique.

Aujourd’hui, il faut continuer dans ce sens : former, préparer les jeunes pour qu’ils soient capables d’intégrer l’équipe nationale. Mon plus grand rêve en sélection ? Rejouer une grande compétition. Mais cette fois, en tant que capitaine. Avec les qualités qu’on a aujourd’hui, avec le groupe qu’on a, je pense honnêtement qu’on mériterait de vivre ça. Ce serait le plus beau cadeau.

Vous êtes passés tout proche d’un miracle lors des qualifications pour la Coupe du monde… Quels sont les souvenirs que vous gardez de cette épopée ?

Je retiens une chose : on a construit une vraie équipe. Je ne parle pas seulement des 23 ou 26 en sélection, mais vraiment des 40 à 45 joueurs qui ont participé. On a créé un groupe, une famille, un collectif avec un seul objectif. On a réussi à mettre tout le monde dans le bon état d’esprit.

Dans une sélection, comme en club, certains jouent plus, d’autres moins. Ce n’est pas toujours simple. Mais ce dont je suis fier, c’est que tout le monde a donné 100%, peu importe le rôle. On a réuni 40-45 joueurs de bon niveau, tous impliqués. Et ça, c’est déjà une grande réussite. Il faut continuer dans cette direction.

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À propos de l'auteur

Hicham BENNIS

Hicham BENNIS

Rédacteur sportif

Passionné de sport depuis toujours, partage avec vous les dernières actualités et analyses du monde sportif.

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