
Le revers de la médaille
Le Stade Rennais est actuellement 9e de Ligue 1 avec 11 points, 2 victoires, 5 matchs nuls et une seule défaite après 8 journées. Le match nul (2-2) contre l’AJ Auxerre ce dimanche a accentué la pression, voire le pressing autour de l’avenir du technicien de 48 ans. Pour le consultant de New World TV, Henri Akodo, cela peut être compréhensible en fonction du mercato estival actif de Rennes qui a recruté six joueurs. « C’est quand-même un entraîneur à qui on a fixé des objectifs très élevés en début de saison et qui a bénéficié des recrutements de la part de sa direction qui a sorti les gros moyens. Il a eu rapidement tout ce qu'il voulait, notamment Breel Embolo qui est venu de l'AS Monaco », a souligné le journaliste togolais.
« Aujourd'hui il est à la 9e place et la pression qu'il subit est clairement légitime de la part de son board et de la part de la presse parce que beaucoup d'attentes tournent autour de lui et de sa personne. Comme tout entraîneur qui dirige une équipe ambitieuse, les doutes qui subsistent autour de sa capacité à pouvoir faire de très bons résultats pour finir dans le Top 5 à la fin de la saison justifient clairement la pression qu'il subit », a-t-il poursuivi.
Cependant, il trouve injuste l’acharnement autour de Beye qui vit une sorte de revers de la médaille en raison de son passé de consultant : « C'est quand-même sévère parce qu'au-delà de tout, il a sauvé le club de la relégation la saison passée, rappelle Henri Akodo. Là, on vient d'entamer cette saison, il a joué 8 matchs et est 9e à cinq points du 3e. A ce niveau, je pense que c'est quand-même sévère, mais il va falloir faire avec, c'est le game. »
« L'équilibre est très fragile et quand tu enchaînes des contre-performances on commence par douter de tes capacités. Effectivement, je pense qu'il paye aussi son passé de consultant. C'est un entraîneur très médiatisé et aujourd'hui ses faits et gestes sont scrutés. Il est analysé et décrypté par les médias, mais il fallait s'y attendre. Après, je pense que la presse est très dure avec lui parce qu'au vu des résultats, ce n'est pas aussi alarmant que ça », a-t-il ajouté.
« Habib Beye a fait beaucoup de jaloux »
Le journaliste sénégalais Adama Ndione va plus loin dans l’analyse de la situation que vit Beye. Pour lui, l’ancien entraîneur du Red Star vit aussi des règlements de compte car ayant fait beaucoup de jaloux durant sa carrière de consultant.
« Il émettait des critiques parfois fondées, parfois non fondées voire excessives pour certains. Perçu sous cet angle-là, je pense qu'on peut dire qu'il a été rattrapé d'une part par son passé de consultant. Mais il ne faut pas non plus que les gens oublient qu'il a été un footballeur professionnel et toutes les personnes qui ont joué au foot comprennent exactement et n'ont pas nécessairement besoin de suivre une formation en coaching pour comprendre certaines dispositions tactiques. Attention, il a été un leader d'équipe, capitaine notamment de l'Olympique Marseille, ce qui est non-négligeable. Donc lorsqu'il émettait ses opinions, c'était de façon valable et vraiment légitime », estime Ndione.
« A mon sens, d'une façon ou d'une autre, il peut être en train de prendre par rapport à tous les es avis éclairés qu'il avait l'habitude de donner. Mine de rien, y en avait qui blaguait en disant que lui (Habib Beye) s'assoit avec les blancs et leur apprend à parler français, l'analyse footballistique, etc. Habib a fait beaucoup de jaloux pendant cette période-là. Si aujourd'hui il est en difficulté, certains vont utiliser ça contre lui et c'est malheureusement ce à quoi on est en train d'assister », a-t-il poursuivi.
Contraint d'en faire deux fois plus
Malgré lui, Adama Ndione a fait une ouverture sur la question du bon passeport. Et sur ce plan, il regrette que Beye ne soit pas épargné dans un monde du foot où la culture de l’instant prime malheureusement sur la logique .
« La clémence dont bénéficient certains joueurs ou entraîneurs, d'autres qui viennent d'autres régions de l'Afrique, notamment subsaharienne n'en bénéficient pas. Lorsque vous êtes noirs - et je ne veux pas parler de racisme - on a l'impression que vous devez faire deux fois plus ou être toujours au niveau pour bénéficier de clémence. Je pense que la situation d'Habib Beye à mon sens n'est pas justifiée. Je pense que les gens abusent par rapport à la façon dont il est critiqué. Il ne mérite pas ça. C'est lui qui les a permis de se maintenir la saison passée. Aujourd'hui il a recruté quelques joueurs mais on ne peut pas se faire une idée (et tirer des conclusions) sur un entraîneur après sept ou huit journées. Moi j'aurais attendu la 15e journée pour envisager un limogeage », a ajouté le consultant sénégalais.
Rejoignez notre communauté sportive !
Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer de l'actualité sportive en temps réel.
À propos de l'auteur
Aimé ATTI
Rédacteur sportif
Journaliste, commentateur sportif, baignant dans le sport et le football africain.
