Sénégal – Mauritanie : la hausse des prix des billets fait gronder les supporters

Après la victoire arrachée à Kinshasa contre la RDC (2-3) au mois de septembre dernier, le Sénégal pouvait rêver d’une communion parfaite avec son public pour ce qui devrait être une fête pour une qualification pour une troisième fois de suite à la Coupe du monde, et son dernier match à domicile avant la CAN 2025. Mais la publication des nouveaux tarifs du Stade Abdoulaye Wade a fait l’effet d’une douche froide. Les prix ont été multipliés par deux, trois, voire quatre selon les zones. De quoi transformer l’euphorie en colère.

Les nouveaux tarifs : une flambée incomprise

Pour ce match face à la Mauritanie, les places de la tribune rouge passent de 1 000 à 3 000 francs CFA, celles du Jaune Centre de 5 000 à 20 000 francs CFA, et les virages de 3 000 à 10 000 francs CFA. Les loges annexes sont désormais à 20 000 francs CFA contre 15 000 auparavant, tandis que la loge VIP reste fixée à 50 000 francs CFA. Des hausses spectaculaires dans un pays où le coût de la vie ne cesse d’augmenter et où l’accès au stade de Diamniadio demeure une épreuve logistique (transport, restauration, sécurité).

Une colère populaire et spontanée

La réaction des supporters ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, beaucoup parlent de « trahison » ou « d’injustice ». Ahmadou Coundoul, supporter fidèle des Lions, confie à Sport News Africa : « L’augmentation des prix des billets pour le match Sénégal–Mauritanie est une vraie gifle pour les supporters qui vivent leur passion au quotidien. Le football appartient à tous, pas à quelques privilégiés. »

«Cette Fédération n’aime pas les Sénégalais »

D’autres internautes appellent même au boycott du match, estimant que la FSF « rend le foot inaccessible ». L’un d’eux estime que « déjà que le transport vers Diamniadio est coûteux, ils compliquent encore la vie des gens. Cette Fédération n’aime pas les Sénégalais. »

Diomansy Kamara monte au créneau

Face à la polémique, Diomansy Kamara, ancien international et aujourd’hui conseiller de Nicolas Jackson, a pris la parole dans une story Instagram relayée massivement.  « Le football, c’est le sport du peuple. C’est la passion qui rassemble, pas celle qui exclut. Voir les prix flamber pour un simple match, c’est oublier l’essence du jeu. » Il appelle les dirigeants à repenser la politique de billetterie : « Les gradins devraient résonner des chants des familles modestes, des jeunes passionnés. Ayons une politique qui pense aux ménages les plus faibles. Le football n’a jamais été fait pour les privilégiés, mais pour les cœurs simples et les supporters sincères. » Une sortie saluée par les supporters, qui voient en lui une voix du peuple.

La FSF reste silencieuse

Contactée par Sport News Africa, la nouvelle équipe fédérale dirigée par Abdoulaye Fall n’a pas souhaité réagir à cette polémique. Ce silence alimente la frustration, d’autant que le précédent match contre le Soudan, en septembre, avait déjà été entaché de problèmes d’accès et de revente illégale des billets.

Un risque de stade clairsemé

À quelques jours du rendez-vous face à la Mauritanie, la crainte d’un Stade Abdoulaye Wade à moitié vide grandit. Sur les réseaux sociaux, plusieurs sénégalais appellent au boycott pour marquer le coup. Ce qui devait être une fête populaire pourrait virer à un désaveu. Le Sénégal, leader de son groupe et en passe de valider sa qualification pour le Mondial 2026, aurait pourtant mérité de communier avec son public dans une ambiance de fête.

La gestion de cette affaire est le premier vrai test pour la nouvelle équipe fédérale. Dans un pays où le football est bien plus qu’un sport, la question du pouvoir d’achat et de l’accès au spectacle ne peut être ignorée. L’enjeu dépasse un simple match. Il touche à la relation entre le peuple et ses Lions. Maintenant, reste à voir si l'équipe fédérale sera sensible à la frustration des supporters pour apporter des modifications sur les prix des billets avant mardi prochain.