![[Série] Fécafoot : les promesses tenues de Samuel Eto’o](https://sportnewsafrica.com/storage/post-covers/01KB07J4E2H8EFCVDEYAH21C5S.jpg)
En novembre 2021, lorsque Samuel Eto’o annonce officiellement sa candidature à la présidence de la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot), il porte un programme ambitieux structuré autour de cinq grands chantiers : gouvernance, développement du football, mobilisation des acteurs, attractivité des compétitions et restauration de l’esprit de compétition.
Un programme censé moderniser un écosystème marqué par la sous-régulation, la faiblesse financière des clubs et la fragmentation institutionnelle. Quatre ans plus tard, l’analyse des réalisations montre une exécution sélective du programme, concentrée sur quelques segments.
Gouvernance : une mise en œuvre fragmentaire
Le programme 2021 plaçait la gouvernance au premier rang des priorités : nouvel organigramme, procédures renforcées, système de gestion numérisé, cadre comptable unifié pour les ligues, audits systématiques et outils de programmation. L’idée directrice était de réduire l’opacité administrative et de rétablir des équilibres financiers par une discipline budgétaire accrue.
Dans les faits, la Fédération n’a pas opéré la restructuration administrative annoncée. La seule avancée significative concerne la politique commerciale. La Fécafoot a signé de nouveaux partenariats (1xBet, One All Sport, Fourteen etc.) dessinant un début de diversification de ses ressources. Ce mouvement améliore la visibilité financière de la Fédération, mais il reste éloigné de la réorganisation systémique promise.
Foot féminin, l’arbre qui cache la forêt
Le deuxième chantier visait à restructurer l’ensemble de la chaîne sportive : football des jeunes, formation, football amateur, modèle économique des clubs professionnels, et relance du football féminin. L’essentiel reposait sur l’organisation de championnats dédiés, l’opérationnalisation des ligues spécialisées, la mise en place de comptes d’affectation et l’intégration des établissements scolaires via des partenariats.
La réalisation la plus tangible concerne le football féminin, avec l’organisation régulière d’un championnat structuré et la mise en activité de la Ligue de football féminin. Cette avancée tranche avec la faible mobilisation observée dans les autres segments du développement : le championnat national des jeunes est quasi inexistant, le modèle économique des clubs n’a pas été réformé, et les partenariats "sports-études" restent au stade conceptuel.
La Fédération obtient néanmoins une meilleure exposition de ses compétitions, grâce à une communication digitalisée plus active. Cette amélioration reste toutefois un effet de surface : elle ne constitue pas une transformation du système de formation ou du football amateur, qui demeurent les angles morts du mandat.
Protection sociale pour les joueurs
Le premier mandat de Samuel Eto’o prévoyait un recensement des corps de métiers, une réorganisation de leurs statuts, un dispositif de protection sociale, et la construction d’infrastructures techniques afin de soutenir l’écosystème à long terme. Il s’agissait d’aligner les acteurs sur un cadre professionnel plus proche des standards internationaux.
Deux points marquent ce chantier. D’abord, la convention avec la Caisse nationale de prévoyance sociale, permettant la couverture sociale des joueurs, entraîneurs et arbitres : une avancée structurelle, rare dans l’environnement du sport local. Ensuite, le lancement de formations pour arbitres et entraîneurs via la Direction technique nationale.
En matière d’infrastructures, la Fédération a finalisé la réhabilitation du Centre technique de Yaoundé et poursuit les travaux du siège fédéral. Alors que d’autres projets tout aussi importants — centres techniques régionaux, construction de stades municipaux — n’ont pas progressé. Le chantier de collaboration institutionnelle avec la tutelle reste lui aussi en friche.
Attractivité des compétitions : des progrès visibles
Le mandat de Samuel Eto’o affiche une amélioration nette de la visibilité des compétitions. Le site de la Fécafoot a été renforcé, les contenus audiovisuels se sont multipliés, et les championnats ont bénéficié d’une exposition accrue, contribuant au retour d’un certain public dans les stades.
Le relèvement du salaire minimum des joueurs de première division de 100 000 à 200 000 francs CFA s’inscrit dans cette logique de revalorisation. Mais faute de mécanismes de contrôle adéquats, la capacité réelle des clubs à appliquer cette hausse reste marginale. Le programme initial prévoyait pourtant une refonte du cadre professionnel et un modèle économique plus viable ; ces dimensions centrales du chantier n’ont pas été réalisées.
Par ailleurs, plusieurs outils annoncés — intranet fédéral, media channel, club de la presse footballistique — n’ont pas été mis en place, limitant l’ampleur des progrès observés. A suivre…
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À propos de l'auteur
Arthur WANDJI
Rédacteur sportif
Correspondant SNA au Cameroun et Gabon. Spécialiste des Lions Indomptables.
