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Tchad : une sélection nationale qui avance

177e au classement FIFA, le Tchad poursuit sa mue avec deux matchs amicaux de bonne qualité contre l’Ouganda (85e) et le Mozambique (102e). Si la victoire tarde à se matérialiser, les Sao ont développé une base sur laquelle construire pour les prochaines années.

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Tchad : une sélection nationale qui avance

Habitué à la stagnation, aux forfaits ou aux suspensions ponctuelles ces dernières années, le football tchadien traverse une période de profond changement. Après un interminable processus électoral conclu par l’élection de Tahir Oloy Hassan à la tête de la FTFA (Fédération tchadienne de football association), plusieurs refontes ont débuté, de la LINAFF (Ligue national de football féminin) à l’organisation des équipes nationales.

Si les féminines ont remporté en novembre le tournoi FIFA United : Women’s Series 2025 devant la Tunisie, ce qui constitue une performance historique pour les Tchadiennes, la sélection masculine tarde à gagner un match ou matérialiser par des résultats les progrès entrevus sur le terrain.

Une équipe plus joueuse

Redressée par l’ancien international Kévin Nicaise, dont le travail dans des conditions délicates avait permis aux Sao de retrouver une dignité et le tour principal des qualifications à la Coupe d’Afrique des Nations 2025, l’équipe nationale avait vécu une chute immédiate à son départ et la nomination de Tahir Zakaria.

Avec plusieurs cadres refusant de venir en sélection, l’avenir était en suspens jusqu’à un appel à candidature pour trouver un nouveau coach. Choisi pour sa capacité à rebâtir un groupe, Raoul Savoy, auparavant chez le voisin centrafricain, est venu avec son staff habituel, dont son historique adjoint camerounais Agbo Hans.

Un choix logique et immédiatement récompensé par un nul prestigieux face au Ghana (1-1) pour l’inauguration du Stade Olympique Maréchal Idriss Déby Itno. Si la fin des éliminatoires à la Coupe du Monde fut décevant, avec en point d’orgue une défaite sur le finish contre une République centrafricaine en pleine déroute (2-3), les observateurs remarquaient des Sao bien plus entreprenants dans le jeu.

Avec un effectif amoindri, Nicaise avait dessiné un schéma logiquement plus prudent. Bénéficiant de l’incorporation de plusieurs binationaux, Savoy a décidé une approche plus ambitieuse. Une transformation séduisante sur le terrain même si l’équilibre global s’en est ressenti, principalement lorsqu’un ou deux défenseurs titulaires venaient à manquer.

Doutes sur certains binationaux

Désireuse de se qualifier pour la première fois de son histoire à une Coupe d’Afrique des Nations, la FTFA souhaite aller vite. Probablement trop vite vu son empressement à obtenir des naturalisations de joueurs « binationaux ». Officiellement, les nouveaux ont tous un lien de parenté (ou une grand-mère) avec le Tchad. Officieusement, des doutes existent comme à l’époque des naturalisations au Niger ou à Madagascar.

Quoi qu’il en soit, cette revue d’effectif a permis au staff de travailler sur différents plans de jeu en se satisfaisant du retour du capitaine, Marius Mouandilmadji, dont le leadership rejaillit sur l’entièreté du groupe. Privé d’autres cadres n’ayant pas trouvé de club (le milieu Eric Mbangossoum qui était capitaine face au Ghana) ou ayant encore un souci de visa (le défenseur Ahmad Ngouyamasa), Savoy a trouvé plusieurs joueurs références pour son projet.

Du grand défenseur gaucher Charles Tchouplaou à la soyeuse sentinelle Mahamat Thiam, il compte sur deux éléments dans la force de l’âge (24 ans) pour repartir proprement de derrière. Le gardien Jourdain Mbaynaïssem et le latéral droit Yves Allarabaye, un joueur évoluant au pays, complètent sont également des titulaires tandis que Haroun Tchaouna a réussi à se faire une place en attaque par sa capacité assez exceptionnelle à conserver le ballon dans des espaces parfois impossibles.

Avec un latéral gauche rompu aux joutes africaines, Dia Wah Michael (Al Merrikh), et des jeunes relativement méconnus jouant différents championnats africains (le milieu William Damba au Burkina Faso, le défenseur Wanre Daikeo au Cameroun), l’ambiance et l’esprit de travail sont loués par l’ensemble des acteurs du football tchadien. Cette cohésion a d’ailleurs été la priorité du staff, quitte à se passer d’un ou deux éléments pourtant supérieurs sur le papier.

Défense à trois privilégiée

Lors de cette trêve internationale, le Tchad a préféré disputer deux rencontres face à des équipes bien supérieures au classement FIFA et qualifiées à la CAN : l’Ouganda (85e) et le Mozambique (102e). Un rang infiniment supérieur aux Sao (177e), l’une des pires formations africaines qui pointe toujours derrière Eswatini, le Soudan du Sud ou Maurice.

Malgré ce désavantage, les Tchadiens ont fait plus que jeu égal avec leurs adversaires. Défaits par l’Ouganda (1-2) contre le cours du jeu avec encore un but encaissé dès le début de match (un souci rédhibitoire), les Sao auraient même pu égaliser sur un penalty du capitaine Mouandilmadji, finalement raté.

Qu’importe, ce dernier a montré la voie face au Mozambique en concluant une attaque rapide. Peu inquiété grâce à une nouvelle défense à trois où le milieu Mahamat Thiam était descendu d’un cran, le Tchad concéda finalement le nul (2-2) après une exclusion d’un nouveau binational, le virevoltant ailier Bertrand Mani, un penalty douteux et un but à la dernière seconde d’un temps additionnel pourtant dépassé depuis une minute.

Une déception, forcément, qui ne doit pas oublier la progression réelle dans le jeu d’une équipe encore nouvelle qui cherche notamment sa meilleure disposition au milieu de terrain. Avec des binationaux, dont Djawal Kaiba qui ratisse énormément ou le plus élancé Lassine Kouma, l’espoir reste permis même si le staff devra également trouver la bonne formule devant, entre le nouveau chouchou tchadien, Célestin Ecua, peu en vue lors de cette trêve internationale, le capitaine inamovible (Mouandilmadji), les frères Tchaouna, le nouveau Mani et l’espoir Ahmat Moussa Youssouf, cantonné au banc d’un club de quatrième division française (Andrézieux-Bouthéon FC) alors que son talent fut justement l’une des satisfactions de ces deux rencontres.

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À propos de l'auteur

Romain MOLINA

Romain MOLINA

Rédacteur sportif

Journaliste et écrivain, auteur de nombreuses enquêtes dans le milieu du sport.

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