
« Il y a beaucoup de choses que le peuple tunisien ne sait pas. Il faut le dire […] Les conditions sont très compliquées. Ce n’est pas facile. Là, on va jouer contre le Brésil et vous allez peut-être savoir et voir comment on ira en France pour jouer. » Franc comme à son habitude, Hannibal Mejbri avait poussé un coup de gueule avant cette prestigieuse rencontre amical face à la Selaçao.
Pour voyager, la sélection n’a pas eu droit à un vol spécial comme cela était de coutume pour un tel événement mais à un vol régulier (en classe économique) jusqu’à Bruxelles, puis un trajet en bus à Lille la veille au soir. L’objectif était simple : économiser le moindre centime, y compris une autre nuitée d’hôtel, dans une fédération en proie à de graves soucis économiques.
Logique ? Pas forcément puisque le contrat signé avec la société organisatrice de match (la même qui avait géré la rencontre face au Sénégal) par la Fédération tunisienne de football permettait justement d’obtenir une somme d’argent en amont pour optimiser les préparatifs et les conditions de voyage.
Selon les informations recueilles par Sport News Africa, la somme en question (entre 300 et 400 000 dollars) est d’ailleurs assez maigrichonne au regard des revenus générés par une telle rencontre. Ce qui suscite évidemment certaines rumeurs en coulisses...
L’affaire des visas
Si la fédération cultive le mystère quant aux détails du contrat et à un éventuel intéressement sur la recette du match amical (billetterie, droits TV et emplacements publicitaires), une chose est certaine : la transparence n’est pas à l’ordre du jour.
La polémique concernant les visas illustre d’ailleurs ce double discours et les motivations peut-être cachées de la FTF. Le sélectionneur, Sami Trabelsi, avait publiquement annoncé que huit joueurs ne pourraient être du match face au Brésil puisqu’ils n’ont pas reçu leur visa français.
Or, la fédération publia ensuite un communiqué démentant cette version en insistant qu’elle n’avait tout simplement pas fait de demande de visa pour les huit éléments suite à « une décision prise en accord avec les choix et les orientations de l’encadrement technique pour cette rencontre spécifique ».
Un rétropédalage qui irrita plusieurs personnes en interne. Selon les informations recueillies par Sport News Africa, la FTF souhaitait surtout économiser davantage d’argent quitte à raccourcir l’effectif et affecter la performance sportive de l’équipe nationale.
Une fédération peu préoccupée par les conditions de l’équipe nationale
Suite à son élection en janvier 2025, le bureau exécutif présidé par Moez Nasri a pris plusieurs décisions allant à l’encontre de l’optimisation du professionnalisme des équipes nationales.
Si la FTF souffrait effectivement d’un grave problème financier, principalement lors de la période de transition après l’emprisonnement de l’ancien président Wadie Jary, plusieurs personnes s’interrogent quant aux motivations réelles des dirigeants et notamment leur empressement à confier aux sociétés Africa TMS et Sport Edge l’organisation d’autres rencontres.
Du business, certes, mais pour quel(s) but(s) et avec quel(s) objectif(s) alors que l’équipe nationale retrouve de l’ambition avant l’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations qui débute dans un mois et demi...
Rejoignez notre communauté sportive !
Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer de l'actualité sportive en temps réel.
À propos de l'auteur
Romain MOLINA
Rédacteur sportif
Journaliste et écrivain, auteur de nombreuses enquêtes dans le milieu du sport.
