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Wissa, Sarr, Mendy : quand la pression des clubs s’invite avant la CAN 2025

À deux mois de la Coupe d’Afrique des nations, plusieurs internationaux africains vivent une situation paradoxale : décisifs en sélection, mais freinés en club. Entre perte de temps de jeu, pressions implicites et discours ambigus, Pape Matar Sarr, Yoane Wissa et Nampalys Mendy symbolisent une tension toujours vive entre l’Afrique et les clubs européens.

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Wissa, Sarr, Mendy : quand la pression des clubs s’invite avant la CAN 2025

La Coupe d’Afrique des nations est censée être une fête du football africain. Mais à chaque édition, une ombre plane, celle des clubs européens qui, ouvertement ou non, rechignent à libérer leurs joueurs ou leur font sentir que ce déplacement sur le continent est un contretemps. Entre calendrier hivernal, blessures opportunes, mises sur le banc ou messages à peine voilés dans les médias, les signaux d’agacement se multiplient. À l’approche de la CAN 2025 (21 décembre – 18 janvier), organisée au Maroc, le scénario semble se répéter. Trois dossiers récents l’illustrent parfaitement : ceux de Pape Matar Sarr, Yoane Wissa et Nampalys Mendy. Trois joueurs africains évoluant en Europe, trois trajectoires différentes, mais un même parfum de pression.

Pape Matar Sarr, du plein feu à la gestion frustrante


Il avait entamé la saison tambour battant. Avec deux buts et deux passes décisives en Premier League, Pape Matar Sarr semblait enfin s’imposer comme un pilier du milieu de terrain de Tottenham. Mais depuis un mois, tout a changé. Sur les huit derniers matchs des Spurs, le Sénégalais de 23 ans n’a été titulaire qu’à deux reprises, relégué à un rôle de doublure dans un secteur densément concurrentiel.

Le coach Thomas Frank a tenté de désamorcer les inquiétudes : « Il n’y a aucun problème avec lui. Il a probablement débuté les six premiers matchs et c’était un très bon joueur pour nous. C’est juste la concurrence, mes décisions », a-t-il déclaré face aux journalistes. Avant d’ajouter : « Je suis content de Pape. Il m’a beaucoup impressionné en début de saison. C’est un très bon joueur. »

Des mots qui se veulent rassurants mais qui ne dissipent pas les doutes. Le milieu formé à Génération Foot, repositionné plus haut cette saison, paye sans doute l’équilibre tactique recherché par Frank avec les titularisations successives de João Palhinha et Rodrigo Bentancur. Pourtant, en sélection, Sarr reste un élément majeur, auteur d’un but décisif contre la RDC lors des qualifications au Mondial 2026 (2-3 à Kinshasa).

Une dissonance qui interroge : comment un joueur jugé essentiel en équipe nationale peut-il être marginalisé en club, à quelques semaines d’une CAN où il sera l’un des visages attendus des Lions ? La frustration chez le joueur est une certitude. Après son but contre Everton, le week-end dernier, en sortie de banc, Pape Matar Sarr n’a pas célébré, exprimant ainsi son mécontentement sur son temps de jeu.  

Yoane Wissa, l’appel à la « loyauté » qui dérange


Son transfert de Brentford à Newcastle pour 63 millions d’euros devait être un tremplin. Il devait incarner la nouvelle ère offensive des Magpies. Pourtant, Yoane Wissa n’a toujours pas disputé la moindre minute officielle avec son nouveau club. La faute à une blessure contractée lors de la trêve internationale de septembre, où il avait pourtant brillé avec la RDC, marquant face au Soudan du Sud et au Sénégal.

Mais c’est la sortie médiatique d’Alan Shearer, légende de Newcastle, qui a ravivé une vieille plaie : la réticence anglaise vis-à-vis de la CAN. Interrogé par Betfair, l’ancien capitaine a conseillé au Congolais de… faire l’impasse sur la compétition : « Ce sera une décision difficile pour Wissa, car on veut toujours représenter son pays. Mais comme il ne s’est pas entraîné ni joué pendant l’été, il aurait pu faire preuve de plus de responsabilité en ne participant pas à ces matchs. (…) Newcastle a dépensé beaucoup d’argent pour lui et il doit faire preuve de loyauté envers nous. »

Une déclaration symptomatique d’un discours paternaliste récurrent en Europe, où les clubs estiment que les joueurs africains doivent prioriser leur employeur plutôt que leur sélection. Pour Wissa, 29 ans et cadre des Léopards (35 sélections, 8 buts), le dilemme est cruel : rater la CAN pour regagner sa place en club, ou honorer l’appel du drapeau au risque de voir Newcastle lui tourner le dos.


Nampalys Mendy, le cas mystérieux de Watford


Le troisième cas illustre une autre forme de pression, plus insidieuse. Revenu en sélection sénégalaise en octobre après plusieurs mois d’absence, Nampalys Mendy semblait revivre. Solide face à la Mauritanie, le milieu de 33 ans retrouvait du rythme sous les ordres de Pape Thiaw. Mais son retour en club a tourné au brouillard. Depuis ce match international, il n’a plus rejoué la moindre minute avec Watford, club qu’il a rejoint cet été.

Ni blessure signalée, ni suspension officielle, simplement une disparition du groupe. Les supporters, inquiets, s’interrogent sur les forums et réseaux sociaux : pourquoi ce silence autour d’un joueur expérimenté qui performait avant la trêve ?


Difficile de ne pas penser à l’épisode Ismaïla Sarr en décembre 2021, lorsque Watford avait tenté de retenir l’ailier sous prétexte d’une blessure jugée bénigne par le staff médical sénégalais. À l’époque, la fédération avait dû batailler pour récupérer le joueur… qui participera ensuite à la conquête historique du premier titre continental des Lions au Cameroun.

Le parallèle est troublant : encore un joueur sénégalais, encore Watford, encore une CAN à l’horizon. Et encore un flou.

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À propos de l'auteur

El Hadji Malick SARR

El Hadji Malick SARR

Rédacteur sportif

Passionné de sport depuis toujours, partage avec vous les dernières actualités et analyses du monde sportif.

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