Les Comores ont été éliminés par le Cameroun (1-2) en 8e de finale, non sans avoir fait souffrir les Lions indomptables, alors que les insulaires étaient privé de gardien de but de métier. Saïd Ali Athouman, le président de la Fédération de football des Comores, est revenu sur les faits marquants de ce match, mais également sur le beau parcours des Cœlacanthes pour leur première CAN.
Sport News Africa : Les Comores ont quitté la CAN 2021 la tête haute, après une courte défaite face au pays organisateur. Que ressentez-vous après cette élimination ?
Saïd Ali Athoumane : Nous sortons par la grande porte. C’était notre première phase finale, et nous avons atteint les 8e de finale. C’est une très belle performance pour les Comores. L’équipe était dans une phase ascendante depuis son beau succès face au Ghana (3-2), qui lui avait permis de se qualifier parmi les meilleurs troisièmes. Elle montait en puissance. Malgré tout ce qui a pu se passer hier avant le match, puis avec l’expulsion très rapide de notre capitaine Abdou, la sélection a fait preuve de rigueur, d’abnégation, d’engagement. Mais on nous a cassé notre élan avec l’interdiction faite à Ali Ahamada, notre gardien, de jouer ce match.
Comment avez-vous vécu cette annonce ?
Notre gardien avait été testé positif. Puis il a refait un nouveau test, négatif cette-fois ci. Nous avions donc confiance en sa participation. Jusqu’à ce que nous apprenions l’après-midi du match qu’il ne peut pas jouer et qu’il doit rester à l’isolement pendant cinq jours. Cela a été une très mauvaise surprise. Nous avons appris que le règlement par rapport aux joueurs touchés par le virus avait changé très récemment, la veille de notre match contre le Cameroun.
L’attitude de la CAF interpelle : les règles ont changé alors que la Tunisie était en train de jouer face au Nigeria. Cela ressemble au mieux à de l’amateurisme, au pire à une manœuvre qui ne peut générer que des suspicions, dont celle de favoriser les grosses équipes…
Je m’en suis ouvert aux responsables de la CAF que j’ai pu croiser. Ce n’est pas normal, effectivement, que les règles changent au dernier moment, alors que des équipes jouaient. Je ne comprends pas. Cela a empêché les Comores de jouer à armes égales. Surtout que notre cas concernait un poste particulier, celui de gardien de but. C’est donc un joueur, Chaker Alhadur, qui a joué gardien. Et au bout de sept minutes, Nadjim Abdou, notre capitaine, est expulsé… Cela fait beaucoup, mais malgré cela, l’équipe a eu un comportement magnifique, donc les Comoriens peuvent être fiers. Je crois que nous avons gagné le cœur de beaucoup de gens, et pas seulement des africains.
Avec de tels agissements, le football africain, qui se plaint d’avoir une mauvaise image, ne peut s’en prendre qu’à lui-même…
Vous avez parfaitement raison. Ce qui s’est passé est une mauvaise chose pour la réputation du football africain. Les Africains en sont les seuls responsables. Arrêtons de nous plaindre et faisons en sorte que cela ne se reproduise plus.
Les Comores vont devoir gérer l’après CAN. Et éviter un destin comparable à celui de Madagascar, quart de finaliste lors de la CAN 2019 et qui, depuis, n’a plus de résultats. Avez-vous cela à l’esprit ?
Bien sûr. Il y a des équipes qui ont laissé une bonne image à la CAN, mais qui n’ont pas su confirmer ensuite. Il faut en tirer les leçons. Mais nous avions un très bon sélectionneur, avec Amir Abdou, un excellent staff, un groupe de joueurs de qualité, et notre but est encore de progresser, de revenir en phase finale de la CAN. On va faire le bilan de cette compétition, et se tourner vers les prochains rendez-vous. Il y a des dates FIFA en mars, l’idéal serait de jouer un ou deux matches amicaux, car les qualifications pour la CAN 2023 vont débuter prochainement, sans doute en juin.
Alexis BILLEBAULT