Mardi soir, l’Algérie a été éliminée par le Cameroun à Blida (1-2, après prolongation) lors du troisième tour des qualifications pour la Coupe du Monde 2022. Une défaite qui intervient deux mois après une CAN catastrophique, et qui a entraîné la démission du président de la fédération.
Comme d’habitude, le temps finira par faire son œuvre. Les Algériens, absorbés par un quotidien pas toujours facile, finiront par sécher leurs larmes, en imaginant des jours meilleurs pour cette sélection nationale qu’ils chérissent tant et qu’ils ont beaucoup malmenée ces dernières semaines. Depuis le mois de juillet 2019, les Fennecs et leurs adorateurs surfaient sur la victoire obtenue au Caire en finale de la CAN, avec l’image d’une équipe invincible (35 matches sans défaite) et souvent réjouissante. La baisse de régime, qui a frappé dans un passé plus ou moins récent – l’Italie, championne d’Europe en titre et éjectée de la Coupe du Monde, peut en témoigner – des sélections encore plus huppées, est tombée brutalement sur la tête des algériens, en deux vagues successives.
Il y a d’abord eu cette élimination au premier tour de la CAN au Cameroun, forcément douloureuse. Puis cette défaite, au bout du temps additionnel, concédée face aux Lions Indomptables dans cette forteresse de Blida qui n’est désormais plus imprenable. Cinq minutes avant le but assassin de Karl Toko-Ekambi, Ahmed Touba avait répondu à l’ouverture du score d’Eric Maxim Choupo-Moting et virtuellement qualifié son équipe, victoire quatre jours plus tôt à Douala (1-0). Le temps s’est arrêté à Blida et sur toute l’Algérie, et plusieurs heures après ce douloureux scénario, Ali Fergani, l’ancien international puis sélectionneur algérien, avait encore du mal à réaliser. « On est monté très haut avec la CAN 2019, on descend très bas avec la CAN au Cameroun et cette élimination. Ces derniers mois, on notait bien que les performances de certains joueurs étaient moins bonnes, mais comme les résultats étaient là, cela est passé au second plan. Il y avait quelques signes. C’est difficile, cela est arrivé à d’autres, et aujourd’hui, il faut faire le bilan, en tirer les conséquences et regarder vers l’avenir. »
Son ancien coéquipier Nordine Kourichi, avant de s’attaquer au futur, est brièvement revenu sur les causes de cette défaite. « J’ai trouvé les joueurs très nerveux, trop occupés à contester les décisions de l’arbitre. Il y a eu des erreurs individuelles et collectives sur les deux buts camerounais, dont le dernier, à cause d’un vrai manque de lucidité et de concentration. De plus, le gardien camerounais, André Onana, a fait un très grand match. » Mais aujourd’hui, les principales questions tournent autour de l’avenir de Djamel Belmadi, le sélectionneur des Fennecs, qui n’avait d’autre objectif que de qualifier son équipe pour la Coupe du Monde au Qatar, un pays où il a achevé sa carrière de joueur, débuté celle d’entraîneur et où il vit avec sa famille.
L’ancien milieu de terrain de l’Olympique de Marseille a brièvement évoqué le sujet lors de la conférence de presse d’après match. « Il faudra faire des bilans. Se relever. L’Algérie est une grande nation, qui a encore de belles choses à faire. Ce sera avec ou sans moi. » En Algérie, une démission du sélectionneur, allergique à la défaite, est envisagée, alors que les Fennecs rejoueront au mois de juin lors des qualifications pour la Coupe d’Afrique 2023. « Je pense qu’il va partir. Il a très bien travaillé, a beaucoup apporté à la sélection, et connaissant sa personnalité, je doute qu’il ait envie de continuer. A sa place, je quitterais mes fonctions», estime Fergani. Nordine Kourichi veut au contraire croire que Belmadi poursuivra sa mission, au moins jusqu’à la CAN en Côte d’Ivoire, en 2023. « Il a toutes les qualités pour rebondir, pour redresser la barre. Il a fait un énorme travail et il peut encore beaucoup apporter. Mais lui seul peut décider et dire s’il veut continuer. »
La question se pose également pour certains joueurs, comme raïs M’Bolhi, qui aura bientôt 36 ans, Adlène Guedioura (36 ans) et quelques autres. Pour l’instant, aucun Fennec n’a communiqué sur son avenir en sélection. La seule décision d’ampleur a été annoncée ce jeudi par Charaf-Eddine Amara, le président de la Fédération Algérienne de Football (FAF), qui a démissionné avec l’intégralité de son bureau. Avant de partir, Amara a confié que le « staff technique devrait continuer. » Une hypothèse qui semble pour l’instant n’engager que lui…
Alexis BILEBAULT