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Tunisie : l’autre pays des arriérés de salaires et joueurs impayés

Dans son rapport publié le 6 juin, la Fédération internationale des footballeurs professionnels (FIFPRO) fustigeait des « violations contractuelles systématiques et généralisées » dans les clubs de sept pays à savoir l’Algérie, la Chine, la Turquie, la Grèce (D2), la Roumanie, la Libye et l’Arabie saoudite. La Tunisie, c’est l’autre pays des joueurs impayés et des arriérés de salaires. Et le phénomène n’épargne pas les techniciens même les plus chevronnés et les plus connus.

De notre correspondant en Tunisie.

Les joueurs de l'Etoile du Sahel réclament leur argent.

La Chambre de résolution des litiges de la FIFA aura du pain sur la planche. Le non-paiement des salaires n’est pas seulement un « problème récurrent pour les joueurs en Algérie, Arabie saoudite, Roumanie et Turquie » comme le déplore la FIFPRO. Il est encore plus répandu au pays des Aigles de Carthage. En dehors de l’Espérance de Tunis, 6e fois d’affilée championne de Tunisie, tous les autres clubs sont à la peine pour honorer leurs engagements.

L’Algérien Hocine Benayada, un symbole des difficultés des clubs

Au mois de mars dernier, après 4 mois sans salaires, l’international ivoirien Souleymane Coulibaly avait résilié son contrat avec l’Etoile du Sahel. On avait cru que les choses allaient changer dans ce club historique en Tunisie. Tout a empiré. L’entourage de Hocine Benayada a confié à Sport News Africa que le Fennec est resté plus d’un an sans le moindre salaire perçu à l’Etoile du Sahel. Si l’international algérien a tenu le coup, c’est grâce à ses primes en sélection. Depuis qu’il a débarqué à l’Etoile du Sahel le 21 février 2021, l’Algérien n’a reçu que deux fois 10 000 euros. Et c’était juste les deux premiers mois. Comme tous ses autres coéquipiers, l’ancien joueur de l’ASM Oran a réclamé en vain ses arriérés. Houcine Benayada a l’un des plus gros salaires du club. Il devait recevoir 77 000 dinars (environ 23 500 euros) par mois. Même s’il a une porte de sortie, l’Algérien est déterminé à rentrer dans ses fonds coûte que coûte.

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Son entourage a fait savoir à que Benayada va saisir la FIFA pour récupérer tous ses 14 mois d’arriérés de salaire. Le club devra payer un montant avoisinant les 309 000 euros. Au CS Sfaxien, les grèves ont été récurrentes à cause des salaires impayés. Souffrant mais surtout incapable de trouver des fonds pour une bonne marche du club, le président Moncef Khemakhem a jeté l’éponge. Il est loin d’être le seul dans ce cas en Tunisie. Maher Karoui, président de l’ESS a dû démissionner pour les mêmes raisons. Le CA Bizertin rencontre les mêmes difficultés.

Les techniciens aussi réclament leur dû

Au début du mois de février dernier, le technicien italien Giovanni Solinas, avait décidé de quitter le CS Sfaxien à la surprise générale. En 6 mois sur le banc, il avait réussi à remettre l’équipe sur les rails. On a appris par la suite que l’ex-coach de Kaizer Chiefs avait décidé de plier bagages en raison des difficultés financières de la formation de Sfax. Au mois de mars dernier, après des résultats mitigés, le technicien français Roger Lemerre avait quitté le navire de l’Etoile du Sahel. Depuis lors, le vainqueur de la CAN 2004 avec les Aigles de Carthage attend son dû. Lemerre a été obligé de saisir la Commission des litiges de la Fédération tunisienne de football pour réclamer le versement de 200 000 dinars (environ 64 000 euros). Une somme qui correspond à ses salaires non perçus et indemnités de licenciement. En début de saison, Lassaad Dridi s’était retiré pour les mêmes raisons. L’ancien sélectionneur de la France va encore attendre longtemps avant de voir la couleur de cette somme.

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La Fédération ouvre des comptes bancaires pour régler les litiges

La Fédération tunisienne de football (FTF) a fixé la date du 9 juillet comme jour de l’ouverture du mercato local. Les clubs de Ligue 1 auront alors jusqu’au 30 septembre pour effectuer des transferts. Mais l’instance dirigeante du football en Tunisie est consciente que la majorité des clubs de l’élite vont signer des contrats avec des joueurs qu’ils seront incapables de payer en raison du manque criard de moyens financiers. Du début jusqu’au terme de la saison 2021-2022, on a assisté à des grèves faute de salaires impayés depuis des mois. Le CSS et l’ESS sont allés jusqu’à solliciter la FTF d’ouvrir des comptes bancaires pour pouvoir régler leurs litiges financiers.

Les supporters des clubs sont priés d’apporter leur soutien afin d’aider les clubs pour payer les salaires des joueurs et éviter de se trouver une fois de plus devant le Tribunal de la FIFA. Vu les énormes sommes que les clubs doivent payer, il ne serait pas surprenant de voir un bon nombre de clubs être privé de recrutements quand tous les dossiers des joueurs impayés vont atterrir sur la table de la Chambre de résolution des litiges de la FIFA. La saison précédente, ce sont les supporters et les anciens dirigeants du Club Africain qui s’étaient mobilisés payer les dettes et éviter de justesse les sanctions de la FIFA. Il faudra revoir le modèle économique des clubs tunisiens pour rendre le championnat plus viable et attractif. La gestion des mécènes a montré ses limites.

Ablaye DIALLO

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