Une rallonge du mandat initial de 4 ans à 7 ans, des dispositions des Statuts complètement «nettoyés»… L’Assemblée générale de la Fédération camerounaise de football veut tailler les textes à la mesure de Samuel Eto’o.
Cela ne fait même pas encore un an qu’il a été élu. Mais Samuel Eto’o travaille actuellement à se maintenir le plus longtemps possible à la présidence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Le premier de cordée est parvenu à briser le verrou des textes en vigueur. Et au lieu de quatre ans, son mandat actuel va être rallongé à… sept ans. «Le mandat du président de la Fécafoot va passer de 4 ans à 7 ans», a confirmé Ernest Obama, le responsable de la communication de la Fédération lors d’une émission télévisée mercredi soir.
En effet, l’idée d’étirer le mandat de Samuel Eto’o a été évoquée lors de l’Assemblée générale tenue le 27 août dernier à Douala. Ainsi, les 66 membres présents (sur 73) ont adopté à «l’unanimité», la «révision à la hausse de la durée du mandat du président de la Fécafoot». Pourtant, l’article 37 des Statuts de la Fédération dispose que : «Le nombre de mandat du président de la Fécafoot et des autres membres du Comité exécutif est limité à deux (02) mandats d’une durée de quatre (04) ans chacun ».
Les arguments utilisés pour justifier le passage annoncé de 4 à 7 ans sont invariables : le besoin de stabilité, la nécessité de poursuivre une œuvre jusqu’à son terme et la réponse à une demande populaire. «Ce sont les délégués qui jouissent de la légalité et la légitimé, qui ont demandé la révision du mandat du président de la Fédération », argue Ernest Obama. « Le président a été élu pour 4 ans, mais pensez-vous qu’il puisse réaliser tout ce qu’il a promis en quatre ans ?», interroge-t-il.
Il n’y a cependant pas que la ligne sur la durée du mandat du président de la Fécafoot qui est visée. Selon le responsable de la communication de l’instance, les textes de la Fédération ont été toilettés. Notamment le point concernant la vacance à la présidence. Si les adversaires de Samuel Eto’o soutiennent qu’il n’est plus président de la Fécafoot depuis sa condamnation par la justice espagnole, les nouveaux textes attendus contournent certaines dispositions. «L’ancien texte de la Fécafoot disait que si le président est condamné à une peine privative de liberté, il y a vacances et il ne peut plus se représenter à une élection. Tout cela a été nettoyé. Désormais, il n’y a vacance à la présidence de la Fécafoot que si le président est condamné avec délivrance d’un certificat de privatisation de liberté», révèle Ernest Obama.
Au Cameroun, les révisions annoncées dans les textes de la Fécafoot répugnent une partie de l’opinion publique. D’aucuns ont vite fait de comparer Samuel Eto’o aux «dictateurs» africains qui n’hésitent pas souvent à tordre la Constitution pour s'éterniser au pouvoir. «C’est curieux que quelqu’un qui n’a même pas encore passé sa première année à la tête d’une institution pense déjà à prolonger son mandat , a réagi l’ex-directeur de campagne de Samuel Eto’o, Jean Bruno Tagne. «Lorsqu’on est sûr de ses réalisations dit-il encore, on va aux élections, on présente son bilan et on se soumet au vote. C’est ça la démocratie et la gouvernance dans une institution. Nous assistons à un vol de trois années de plus à la tête de la Fécafoot. Ce n’est pas pour ça que je me suis engagé».
«L’augmentation de la durée du mandat du président de la Fécafoot signifie que soit il doute de sa capacité ou même de la possibilité de se faire réélire au terme de son premier mandat, soit il doute de sa capacité à apporter des réponses satisfaisantes à l’attente des nombreux fans du football qui espèrent voir une meilleure image du football camerounais tant sur le plan de l’organisation que sur le plan des résultats », renchérit l’analyste politique Arlette Framboise Doumbe Ding.
