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Binationaux : le cours magistral de Djamel Belmadi

Djamel Belmadi était en conférence de presse pour la publication de la liste des Fennecs qui vont disputer les matchs amicaux contre la Guinée et le Nigeria. Pendant ce face-à-face avec les journalistes, le sélectionneur de l’Algérie est revenu largement sur le cas des binationaux.

Delort et Mahrez deux binationaux
Delort et Mahrez, deux joueurs nés en France et champions d'Afrique avec l'Algérie

Côte d’Ivoire, Algérie et Sénégal, les trois derniers vainqueurs de la CAN ont notamment une chose en commun : ils comptent dans leurs rangs plusieurs binationaux. Ces joueurs nés le plus souvent en Europe mais qui choisissent sportivement de représenter le pays de leurs parents. Les capitaines des sélections algérienne et sénégalaise, Riyad Mahrez et Kalidou Koulibaly, sont d’ailleurs dans ce cas. Leur apport dans le football africain est indéniable ces dernières années. Ils font saliver le public et font courir les coachs car pour la plupart leur premier choix est leurs pays de naissance. Et les journalistes ne manquent jamais l’occasion de glisser une question sur le sujet à chaque conférence de presse.

«Certains joueurs auraient pu être là pour cette trêve»

Djamel Belmadi n’y a pas échappé ce week-end lors de la publication de la liste des Fennecs qui vont affronter la Guinée et l’Algérie en amical ce mois de septembre. Les Algériens s’attendaient en effet aux arrivées de Houssem Aouar (Lyon), Amine Gouiri (Rennes) Yacine Adli (Milan) ou encore Larouci (Troyes). Aucun d’entre eux n’a été convoqué. «Pour les joueurs que vous venez de citer (Gouiri, Aouar, Adli, etc.), s'ils veulent vraiment jouer pour l'équipe nationale, ils doivent d'abord faire des démarches administratives. Ça se fait conjointement entre le joueur et la fédération», indique le technicien algérien.

Le technicien champion d'Afrique poursuit :«Ils doivent signer des documents qu'on doit envoyer ensuite à la FIFA puis à la fédération en question, etc. Ce n'est pas si simple. Donc c'est impossible de les mettre sur une liste élargie si ce n'est passer pour des idiots ou des incompétents. Tu ne vas pas envoyer une liste élargie à un club alors que le joueur n'est même pas officiellement sélectionnable. Après, pour être sincère, il y a des choses qui évoluent avec certains joueurs et qui apparaîtront dans les dates FIFA à venir. Certains joueurs cités auraient pu être là pour cette trêve, mais ne le sont pas en raison des démarches ou d'autres points encore qui prennent un certain temps.»

Un petit tacle aux parents des binationaux

Djamel Belmadi, qui lui-même fait partie des binationaux, en a profité pour expliquer une nouvelle fois son approche. «Depuis 4 ans, j'ai contacté ces joueurs et plus que contacté. Allez les trouver, tous les noms que vous citez, ils sont 5-6, et demandez-leur si quelqu'un les a contactés ! suggère-t-il. Je serai très attentif à la réponse des joueurs. Je les protège pour les voir arriver sous mon mandat ou sous celui d'un autre, mais s'ils mentent demain, eux ou leur entourage... Comme le papa qui joue sur les deux tableaux, tiens. Le papa d’un joueur, en général, adore souvent dire partout à quel point il aime le pays, à quel point il est nationaliste, mais il change de discours quand son fils doit effectivement jouer pour nous. Tu vas le rencontrer et il ne te parle que de lui alors que tu viens pour parler de son fils.»

L'ancien joueur de l'OM avance : «Quand un joueur me dit "non attends, parle à mon papa, ma maman, mon chien"... Je pourrais juste dire publiquement qu'il a dit non et c'est fini. Pour autant, je travaille sur le temps long. Mais je ne cherche pas à convaincre. Je présente le projet.»

Une approche différente de celle de Vahid

L'approche de Belmadi est d’ailleurs différente de celle de Vahid Halilhodzid qui vient d’être limogé par le Maroc qu’il a dirigé pendant trois ans. «Si leurs propres parents n'ont pas d'impact sur les joueurs, que va faire un sélectionneur ? interroge le sélectionneur des Fennecs. Je tire mon chapeau à Vahid Halilhodzic, qui malheureusement n'ira pas en Coupe du monde alors qu'il le mérite, et qui a eu des affaires classées en 4 secondes avec Brahim Diaz par exemple. Il a dit clairement qu'il était aller le voir et que Diaz avait dit non. Affaire classée.»

Il ajoute : «Moi, ça fait 4 ans que je ne veux pas faire ça, car ce n'est pas dans mon intérêt. Ni le vôtre. Peut-être qu'aujourd'hui un joueur n'est pas prêt, mais qu'à 23 ans, il le sera et il vous donnera 10 ans d'équipe nationale. Ceux qui condamnent et mettent en difficulté, après le joueur aura tellement peur qu'il ne viendra plus. Moi je ne jouerai pas à ce jeu-là. Le plus important, c'est savoir si le coach est aussi déterminé que vous à avoir ces joueurs ? La réponse est oui, et même plus que vous.»

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