Préparation au rabais, absence de matchs d’évaluation, un groupe jeune et dépourvu de ses meilleurs atouts partis en retraite… Au moment de prendre part au Championnat du monde de volleyball la semaine dernière en Hollande, le sort de l’équipe féminine du Cameroun était (presque) scellé.
L’histoire se répète pour la sélection féminine du Cameroun de volleyball. Pour leur troisième participation au Championnat du monde, les triples championnes d’Afrique terminent dernières de la classe dans le groupe A (0 point). Les Lionnes rêvaient de passer le premier tour de la compétition qui se tient en Hollande et en Pologne. L’exploit n’a pas été possible. Bilan : 5 matchs, 5 défaites, aucun set remporté.
Un accident, ça peut arriver à tout le monde. Mais dans le cas présent, la sortie de route était prévisible. Il fallait bien observer le groupe du sélectionneur Jean-René Akono ces dernières semaines pour comprendre que le Cameroun se dirigeait vers une mission impossible. Les premiers signes d’un échec programmé se sont dessinés dès l’annonce du départ à la retraite de trois piliers et grandes artisanes du triplé continental (2017, 2019, 2021). Stéphanie Fotso, détentrice du record de blocks en un match aux Jeux Olympiques de Rio 2016, fut la première à raccrocher en février 2022. Elle est suivie en mars par Laetitia Moma Bassoko et Christelle Nana Tchoudjang, respectivement « Meilleure serveuse » et « Meilleure joueuse » africaines de l’année 2021.
Privé de ses joueuses les plus expérimentées, le Cameroun a dû composer avec des jeunes qui découvraient le haut niveau. En effet, parmi les 14 sélectionnées, huit évoluent encore dans les catégories U18 et U19 du pays. Forcément, quand elles affrontent l’Italie (3-0), les Pays-Bas (3-0), la Belgique (3-0), Porto Rico (3-0) et même le Kenya (3-0), elles prennent la même commande : du pâté et du pain rassis. A chacune de leurs sorties, les Camerounaises ont sorti les assiettes en carton et l’addition fut salée. Une défaillance collective due aux défaillances individuelles.
« Ce fut une compétition assez difficile. Nous n’avons remporté aucune victoire. Ce n’est pas ce qu’on aurait souhaité », avoue le président de la Fédération camerounaise de volleyball, Serge Abouem. « Il faut dire, poursuit-il, que nous sommes allés à cette compétition avec une équipe très jeune, une équipe composée des cadettes et des juniors auxquelles nous avons ajouté quelques cadres ». Si la jeunesse et le manque d’expérience permettent de justifier les mauvais résultats, il est aussi vrai que le Cameroun n’a pas eu la chance de se forger les armes nécessaires pour forcer son destin.
Les Lionnes ont en effet eu une préparation pas digne d’une équipe triple championne d’Afrique, et qui va au Mondial avec de grandes ambitions. Enfermée dans son camp de base de Yaoundé, la sélection a évalué ses forces et faiblesses en affrontant des équipes jeunes du championnat local. Pourtant, le programme prévoyait un stage d’acclimatation d’un mois en Slovénie, avec à la clé des matchs amicaux contre des sélections qualifiées pour ce Mondial et des clubs professionnels. Mais elles n’ont pas obtenu de visas.
Avant cette désillusion, le Cameroun devait participer en juillet dernier à la Women Challenger Cup en Croatie, une compétition qui regroupe les meilleures nations de chaque continent. Mais une fois encore, les Lionnes ont brillé par leur absence, faute de visas. La déception a même fait poindre son nez, ajoutant au manque de fraîcheur physique, un mental entamé par tous ces imprévus.
A la Fédération, l’on a déjà tourné la page de ce Mondial de volleyball qui n’a duré que 9 jours pour le Cameroun. Place à l’avenir. « Nous rentrons avec la ferme intention de continuer le travail pour mettre sur pied, à court terme, une équipe capable de défendre notre titre au plan africain, promet Serge Abouem. Nous croyons que l’avenir est prometteur, malgré les défaites présentes ». Croisons les doigts.
Kigoum WANDJI