A la tête des deux associations de footballeurs du pays, les deux ex-internationaux se regardent en chiens de faïence. Au grand dam des athlètes.
Les Footballeurs ivoiriens auraient pu souffler. Pour défendre leurs droits, il y a désormais deux associations de joueurs en activité. L'AFI (Association des Footballeurs Ivoiriens) dirigée par Cyril Domoraud et l'Union des footballeurs professionnels de Côte d'Ivoire (UFPCI). Sauf que les deux entités se vouent une haine déjà très nocive. Tout est parti d'une annonce le 5 octobre dernier. Présents à Abidjan pour une campagne sur les dangers de l'immigration clandestine, David Agonzo, président de la FIFpro, et Geremi Njitap, patron de la FIFpro Afrique, ont révélé que l'AFI n'existe plus dans leurs fichiers. Plus tard, l'on a appris que les deux hommes adoubaient désormais l'Union des footballeurs professionnels de Côte d’Ivoire, créée par Zoro Marc il y a deux ans, sans faire de bruit. A l'époque, en juillet 2020, l’élection à la FIF battait son plein et l'AFI de Domoraud avait été suspendue pour n'avoir pas accordé son parrainage à Didier Drogba, membre fondateur et président d'honneur. L'ancien défenseur des Éléphants avait préféré son ami, Idriss Diallo, candidat opposé à la légende de Chelsea. Mieux, Domoraud a aussi reçu une notification le 29 septembre 2022, soit deux ans après. Celle-ci lui demandait d'arrêter d'agir au nom des joueurs. Il l'a caché à tous sauf à Idriss Diallo. Le président de la FIF a alors plaidé pour son cas en vain.
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« J'ai eu connaissance de votre lettre-décision du 29 septembre 2022 par laquelle vous annoncez votre décision de mettre fin à l'affiliation de l'Association des footballeurs ivoiriens avec effet immédiat. Aussi, c'est avec une grande préoccupation que je vous adresse la présente... C'est pourquoi avec insistance, je me permets, de vous exhorter à suspendre l'application de votre dernière décision à l'endroit de l'AFI. Je vous assure par avance de mon implication personnelle pour faire respecter les principes de saine gouvernance auxquels adhèrent nos deux organisations », a écrit Idriss Diallo.
Depuis 2009, Domoraud peine à défendre valablement les joueurs. Par centaines, ils traînent des mois d'arriérés de salaires. Et cela à tous les niveaux. Zoro Marc veut mettre un terme à cette souffrance. « Je ne vais pas agir comme si j'avais peur de perdre un poste ou des amis. Le président de club qui n'est pas réglo avec ses joueurs sera convoqué devant l'inspection du travail. Car, les footballeurs doivent vivre de leur métier. Je serai sans pitié. Pour cela, il faut que les athlètes aient des contrats en bonne et due forme.», a confié l'ex- défenseur du Benfica Lisbonne (Portugal) à SNA.
Pour prendre le contre-pied de cet engagement , montrer qu'il est déjà à la tâche et que la nouvelle association est de trop, Domoraud a pris rapidement en main le cas de sept joueurs officiant en Ligue 2 à OC Adiaké mais mis à la porte par leur président qui a même refusé de leur donner leur lettre de libération. Avec la médiation de l'AFI, les choses sont rentrées dans l'ordre. Ils ont pu signer à l'ASI d'Abengourou en Ligue 1 mais pour l'ancien marseillais, les carottes semblent cuites.
Plusieurs joueurs nous ont expliqué qu'il serait bénéfique pour eux de s'engager avec l'Ufpci. Ce, pour la simple raison que le financement de la FIFpro à hauteur de 274 mille euros annuels constitue du pain béni pour le fonctionnement de la structure mais aussi pour régler leurs éventuels problèmes. Mieux, une source introduite à la Fédération Ivoirienne de Football nous a informé qu’Idriss Diallo a fait entrer Cyril Domoraud au Comité exécutif non pas pour les capacités intellectuelles de l'ancien milanais mais pour lui offrir une porte de sortie. Il voulait que Domoraud passe la main en janvier 2023 à quelqu'un d'autre à la tête de la structure. Et cela, dans le but de renouer avec la FIFpro.
Sauf que Domoraud a pris le contre-pied de son courrier de plaidoyer. En effet, il a clairement fait savoir qu'il n'entendait pas laisser la place à Zoro Marc. Mais là où bât blesse, c'est que la faîtière de l'AFI n'est pas la FIF mais bien la FIFpro. Comment dans ce cas exister sans elle? Là est toute la question.
Sanh Séverin
