Avec la France, championne du monde en titre, le Danemark, demi-finaliste du dernier Euro et la coriace Australie, la Tunisie a hérité d’un groupe relevé, comme toujours depuis qu’elle participe régulièrement au Mondial.
Les Bleus s’avancent en ordre dispersé vers le Qatar, où ils vont défendre leur titre mondial obtenu en 2018 en Russie, (le deuxième après celui de 1998) là où personne ne les attendait vraiment après un premier tour que l’on qualifiera pudiquement de poussif. Il y a un an, la France validait son billet pour le Golfe Persique sans trop forcer face à l’Ukraine, la Finlande, la Bosnie-Herzégovine et le Kazakhstan, juste après avoir remporté la Ligue des Nations, ajoutant une ligne supplémentaire à son palmarès, ce qui est toujours bon pour l’égo et le moral.
Depuis, les Tricolores ont perdu le droit de défendre en juin prochain ce dernier trophée, malmenés notamment par le Danemark en qualifications (1-2, 0-2), une de ses bêtes noires. Ils ont aussi perdu Ngolo Kanté et Paul Pogba (blessés), subissent indirectement les révélations de So Foot sur le fonctionnement de leur fédération et ne savant pas vraiment dans quel état ils récupéreront Raphaël Varane, lui aussi blessé. Cela fait beaucoup pour une équipe, même championne du monde, mais heureusement, les autres nouvelles du front contribuent à ne pas trop plomber le moral de Didier Deschamps, le sélectionneur français, et accessoirement des supporters. En vrac, Karim Benzema, qui est dans la forme de sa vie, a logiquement remporté le Ballon d’Or, Antoine Griezmann retrouve son meilleur niveau sous le maillot de l’Atletico Madrid, alors que Kylian Mbappé ne cesse de clamer sa joie de vivre quand il retrouve sa sélection, loin du quotidien du Paris-SG où son égo, aussi développé que son vertigineux talent, doit souffrir d’une cohabitation certes fructueuse avec Neymar et Lionel Messi.
Avec ces arguments offensifs, complétés par d’autres joueurs moins talentueux mais indispensables à son bon équilibre, la France est logiquement perçue comme le favori de ce groupe. Un statut qu’elle n’a pas toujours su assumer…
Qu'elles sont belles ces images 😍🏆
𝐼𝑙 𝑦 𝑎 1 𝑎𝑛, la France 🇫🇷 remportait la 𝐋𝐢𝐠𝐮𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐍𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟏 face à l'Espagne 🇪🇸, grâce à des magnifiques buts signés @Benzema et @KMbappe !#FiersdetreBleus pic.twitter.com/hC7UoLgFQU
— Equipe de France ⭐⭐ (@equipedefrance) October 10, 2022
Les Tunisiens le savent bien, mais une petite piqûre de rappel n’est jamais superflue. Débuter une Coupe du Monde face au Danemark est tout sauf un cadeau. Les Scandinaves, que l’Europe du football a appris à prendre très au sérieux, ont le profil idéal pour étirer leur parcours au Qatar. Peut-être pas jusqu’au bout, même si, lors du dernier Euro, ceux que personne n’attendait, et surtout pas après le malaise cardiaque de Christian Eriksen lors du premier match face à Finlande sous les yeux horrifiés du public de Copenhague, avaient atteint les demi-finales, face à l’Angleterre (1-2 après prolongation) et un arbitre pas toujours objectif. Depuis, les Danois n’ont pas baissé la garde. Ils se sont qualifiés en remportant 9 de leurs 10 matches, inscrivant au passage 30 buts, ont durement secoué la France en Ligue des Nations (2-0, 2-1), mais pas assez pour disputer le Final Four, et enchanté leurs fans avec un football offensif, plaisant et technique.
L’image d’un football scandinave rustre et roboratif appartient à un passé lointain, même si, en cherchant bien, il doit toujours être possible de trouver des matches de championnat au plan de jeu assez simpliste. Ce n’est pas vraiment la philosophie de Kasper Hjulband, le coach des Danish Dynamite, plutôt adepte d’un jeu léché. Il se trouve justement que le quinquagénaire dispose de tout le matériel humain pour satisfaire ses idées. L’effectif danois, peuplé de bons joueurs, au profil technique (Eriksen, Delaney, Skov Olsen, Braithwaite, Dolberg), est guidé par un capitaine emblématique (Simon Kjaer) et animé par un état d’esprit qui respire la sérénité. Bref, tout ce qu’il faut pour faire de cette équipe un outsider.
Ne vous attendez pas à grimper au septième ciel en regardant les matches de l’Australie. Pour être concis, son style est direct, efficace, mais pas forcément ennuyeux. Bref, cette sélection a tout pour se muer en un adversaire difficile à manœuvrer et accrocheur, ce dont les Français se souviennent très bien, puisqu’ils avaient eu toutes les peines du monde à la battre en 2018 (2-1), en match d’ouverture du groupe. Quatre ans plus tard, les Socceroos vont de nouveau inaugurer leur sixième Coupe du Monde face aux Bleus, lesquels ont rarement été étincelants au début d’une grande compétition. Les objectifs des australiens ne sont évidemment pas les mêmes que ceux des tenants du titre.
En cinq participations, ils n’ont franchi qu’une fois le 1er tour (en 2006), et cette année encore, avec la France et le Danemark comme principaux rivaux, mais aussi une Tunisie très déterminée, les joueurs de Graham Arnold ne partent pas avec les faveurs des pronostics. Aucun des membres de l’effectif, qu’ils en soient des cadres (Ryan, Mooy, Saintsbury, Irvine, Degenek, Rogic…) ou non, ne joue dans un club européen de premier plan. Les internationaux australiens évoluent chez eux, mais aussi un peu partout dans le monde, notamment en Angleterre et en Ecosse, et également au Qatar, au Japon, en Allemagne, en France ou au Danemark. Rien de terrifiant sur le papier. Mais sur le terrain, l’Australie, qui a dû passer par les barrages – face aux Emirats Arabes Unis (2-1) puis au Pérou (0-0, 5-4 aux t.ab), n’est pas l’adversaire le plus docile dont on puisse rêver…
Alexis BILLEBAULT