À sept journées de la fin de la Super Ligue Pro, Requins FC, Dragons FC et Buffles FC occupent les dernières places du championnat professionnel. Des contreperformances aux multiples causes.
À l'issue de la 17e journée du championnat disputée ce mercredi 17 mai 2023, les Dragons de l'Ouémé sont derniers au classement derrière Buffles FC (15e) et Requins FC (13e). Ces grands du football Béninois n'arrivent pas à s'affirmer aujourd'hui. Le journaliste sportif Mémo Kouton décèle les raisons de ce déclin.
S'agissant des Requins de l'Atlantique, il évoque une guerre de leadership. « Je vais gérer, non pas toi. Cette guerre a longtemps détruit les fondamentaux et le vécu de cette maison. Quand les problèmes extra-sportifs prennent le volant d'un club, les contreperformances règnent en maîtres, l'histoire devient douloureuse et l'avenir en pointillé », remarque-t-il.
Dragons FC, 17 matchs sans la moindre victoire et éternel rival de Requins FC connaît un problème de management explique le confrère. « Ceux qui sont à la tête de cette équipe manquent cruellement d'ambition et de passion pour le foot. Les anciens qui ont dirigé ce club ont laissé un lourd héritage dont la gestion constitue un dilemme pour les boards successifs. Chaque saison, l'effectif change à près de 90%. La politique du club ne permet pas la progression ».
Contrairement à Requins FC et Dragons FC, les Buffles du Borgou, quintuple champion du Bénin, sont aujourd'hui à genoux à cause des nouvelles réformes. Pour Mémo Kouton, «l'avènement des sociétés sportives a tôt fait de prendre cette équipe comme cobaye. La liquidation du CNCB a poussé le club dans le précipice. L'association n'étant plus capable de faire face à la masse salariale qui est passée du simple au double, voir le triple. C'est un problème de gestion de ressources humaines qui plombe le club ».
Son confrère Toundé Aliou de Deeman radio s’interroge pour sa part sur la capacité de ses clubs à s’adapter aux mutations. « C'est la sournoiserie qui caractérise les dirigeants et sympathisants de ces clubs. Quand la cadence change, il faut faire au moins un petit effort pour s'adapter. Sont-ils prêts à céder certaines identités, aussi chères soient-elles, à une société prête à investir dans l'équipe ? », s'interroge-t-il.
La réforme de la professionnalisation du football Béninois enclenchée depuis 2020 a engendré des mutations dans la vie des équipes du championnat. Les clubs les plus nantis forment des équipes compétitives. « Ces trois clubs s'étaient basés sur le mécénat de certains individus. À l'époque, il y avait feu Moucharafou Gbadamassi pour les Dragons, feu Afro Frédéric des Requins, feu Lolo Chidiac et maintenant Laurent Gnassounou et consorts pour les Buffles FC. Ce sont eux qui géraient le quotidien du club », se remémore Béchir Mahamat, consultant et analyste de football.
Pour le directeur technique du centre de formation Dimension Foot, « la différence s'est faite avec l'émulation des joueurs de ces clubs par les salaires, le confort et l'assurance. Comment voulez-vous qu'un joueur quitte Coton FC ou Loto-Popo pour ces équipes où le salaire n'est pas garanti ? La chute de ces trois clubs était inéluctable ».
Le passé glorieux des Dragons FC, Requins FC et Buffles FC ne peut effrayer leurs adversaires. Pour sortir de l'impasse, Béchir Mahamat propose à ces derniers du marketing. « Ces clubs devraient avoir des socios, qui s'investissent dans l'évolution du club, qui créent des objectifs dérivés et font du merchandising. Ils vont contribuer à la satisfaction des besoins du club par des cotisations périodiques. Ça peut payer les salaires et les primes de matchs », conclut-il.
Rachidi Dossa