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Bénin : pourquoi autant de violence dans les stades ?

Le championnat professionnel de football du Bénin est enrhumé par des scènes de violences dans les stades. Le phénomène est complexe à analyser alors que la responsabilité est partagée entre les différents acteurs de la chaîne de développement du championnat.

De notre correspondant au Bénin.

La violence gangrène le football au Bénin
Scène de bagarre entre joueurs et supporters malgré la présence policière

Durant la première partie du championnat dénommée Ligue Pro, plusieurs cas de violences ont été enregistrés dans les stades au Bénin. La dernière en date du samedi 3 juin 2023 est l'agression du commissaire au match de la rencontre US Cavaliers vs Bani Gansè FC lors de la 21e journée de la Super Ligue Pro au stade omnisports de Nikki.

Une responsabilité partagée entre acteurs

« C'est de la légèreté au niveau des instances dirigeantes car ne n'est pas la première fois », lance Jean-Paul Hemekpan, reporter sportif à Cotonou. A l'en croire, « la responsabilité vient parfois des responsables des clubs compte tenu d'un mot mal placé ou un geste de leur part quand on est tellement tendu sur les résultats ». Une remarque que soutient Blaise Godonou, un supporter. « Ces scènes de violences sont généralement la conséquence de la frustration des supporters et hooligans ».

Mahutin Hounyè, observateur du championnat local évoque la mauvaise performance des arbitres. « Les arbitres aujourd'hui ils sont bons demain ils passent à côté. On ne va pas leur en vouloir mais il y a certains arbitres qui décident du sort de certaines rencontres, il le font sciemment ».  L'instructeur-formateur des arbitres au Bénin et commissaire au match dans le championnat national, Brice Igue généralise et décèle plusieurs causes. « Il y a la méconnaissance des règles du jeu par les acteurs et le public, la mauvaise prestation de certains arbitres, la présence de l'alcool ou d'autres stupéfiants dans les stades ».

« Parfois on vient au stade, il y a seulement deux policiers »

Le règlement du championnat professionnel dispose en son article 19 alinéa 2 que « le club hôte, en collaboration avec la Ligue de football du Bénin (le commissaire au match) organise l'ordre et la sécurité dans l'enceinte du stade et ses abords immédiats avant, pendant et après le match. Le club est responsable de tout incident qui pourrait survenir ». Pour toute rencontre du championnat, le club hôte saisit le commissariat de police de sa zone qui envoie des policiers pour assurer la sécurité. « Parfois on vient au stade, il y a seulement deux policiers et après le coup d'envoi ils disparaissent » témoigne Mahutin Hounyè. Le commissaire au match Brice Igue renchérit et déplore le comportement des forces de l'ordre. « Il faut souligner le nombre insuffisant d'agents de sécurité dans les stades et qui ne jouent pas effectivement leur rôle, car leur préoccupation première est de regarder le match », se désole-t-il.

Au-delà de la formation et de la sensibilisation, il faut corser les sanctions

Peu avant le démarrage de la Super Ligue Pro, la Ligue de football professionnel du Bénin a pourtant organisé un séminaire d'information et de sensibilisation sur le code de discipline relatif à la sécurité et aux violences. Pour une sécurité effective dans les stades, le secrétaire général de Coton FC Abdel-Wassi Gbadamassi recommande la formation d'un corps de stadiers. « La Ligue peut former des gens qui à leur tour vont former des stadiers pour. La CAF a déjà interdit le port d'armes dans les stades ».

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Brice Igue pense qu'il faut se montrer plus sévère envers les auteurs des actes de violences. « La seule sanction qui peut avoir un effet, c'est de déclarer match perdu, le retrait de points pourra être dissuasif. Le pénal pourrait sévir et se montrer encore plus dissuasif en allongeant par exemple les peines d'emprisonnement, interdictions de stade ou en ajoutant des amendes ».

Grand observateur du championnat national, Mahutin Hounyè se veut plus réaliste et explique que le changement va dépendre des dirigeants. « Il serait difficile de véritablement sanctionner du moment où les mêmes dirigeants de clubs sont membres du comité exécutif de la fédération. Tant qu'on ne sera pas dur avec les auteurs, la fin de la violence dans les stades n'est pas programmée pour demain », prévient-il.

Rachidi Dossa

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