Plusieurs internationaux africains attendent de voir le bout du tunnel durant ce mercato estival. Alors qu’ils sont susceptibles de rendre en Côte d’Ivoire en janvier 2024 pour disputer la 34e édition de la CAN 2023, les dirigeants des clubs évitent de recruter des joueurs qui devront s’absenter pendant quelques semaines.
La CAN 2023 démarre dans moins de 6 mois et c’est un véritable casse-tête pour les clubs européens. Pour participer à ce rendez-vous continental en Côte d’Ivoire, les joueurs africains devront plier bagage le temps de quelques semaines pour défendre les couleurs de leurs différentes nations. Dans la planification de leur mercato, les clubs européens réfléchissent à deux fois avant de recruter un international africain. Même si les dirigeants de clubs ne l’assument pas publiquement, à l’intérieur des bureaux, les grincements de dents sont réels quand il faut perdre un joueur important dans une période charnière de la saison. Avec le règlement de la grande instance qui lie les mains des clubs en les obligeant à libérer les internationaux sélectionnés pendant les dates FIFA, les dossiers des joueurs africains ciblés sont rangés en bas de la pile, préférant se concentrer sur d’autres pistes qui n’ont pas une compétition internationale à jouer en pleine saison.
Préférant garder son anonymat pour ne pas mettre en danger les négociations en cours de ses joueurs africains, un agent reconnu dans le championnat français avoue qu’il existe bel et bien des clubs qui refusent de signer des internationaux africains à cause de la CAN 2023. « C’est un fait qui existe. En France où je traite régulièrement avec les clubs, les présidents ne sont pas enthousiastes quand on leur propose des joueurs africains. Actuellement, j’ai eu un défenseur africain qui n’a pas été recruté parce que le secteur défensif comporte en majorité des joueurs africains qui devraient être à la CAN sauf surprise. Un directeur sportif à la recherche d'un latéral gauche, quand je lui a proposé un international africain, il a automatiquement décliné » nous a révélé l’agent. En poursuivant, il s’attaque à la programmation de la CAN qui met dans une situation inconfortable les dirigeants de club et aussi qui empêche les joueurs de saisir belles opportunités qui s’offrent à eux. « Je ne peux pas en vouloir à ces dirigeants de clubs. Ils paient les salaires. Ils ont des objectifs très importants. Prenons l’exemple d’un club qui joue le maintien et qui devra perdre plus de 5 joueurs pendant un mois et demi et puis les récupérer rincés ou même blessés. Ce n’est pas évident. Il y aura forcément des conséquences au classement final. Les clubs voient leurs intérêts après tout. C’est pourquoi plusieurs internationaux seront face à de grosses difficultés pour cet été pour dénicher un club qui voudra prendre ce risque de les signer et de les libérer pour disputer la CAN. La CAF doit agir pour protéger ces joueurs » indique l’agent.
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A quelques jours de la CAN 2022, Victor Osimhen a déclaré forfait après avoir été testé positif à la Covid-19. La surprise était générale quand quelques jours après, l’attaquant nigérian refoulait les pelouses de la Serie A pour continuer la saison en pleine CAN. Avait-il subi des pressions de la part de son club et de son président ? En tout cas quelques mois plus tard, en août 2022, le président du Napoli s’attaquait avec véhémence à l’organisation de la CAN au mois de janvier. « Ne me parlez plus des Africains. Je leur veux du bien mais soient ils me signent une renonciation à participer à la CAN ou sinon (…) je ne les ai jamais à disposition. Nous sommes les idiots qui payons les salaires pour les envoyer jouer pour d’autres » se révoltait Aurelio De Laurentiis.
A l’heure où des internationaux africains patientent pour trouver un point de chute, la CAN 2023 s'avance comme un frein dans ce mercato estival. Auteur d’une excellente saison avec l’Ajax, Mohammed Kudus pourtant ciblé par plusieurs clubs, n'est pas une priorité à cause de cette absence au mois de janvier prochain. Seule la CAF peut régler définitivement ce problème et venir au secours des joueurs africains pour changer la programmation de la CAN qui devient un cadeau empoisonné.