Pour sa 5ème participation à la phase finale de la Coupe du monde de basketball qui se déroule cette année en Indonésie, au Japon et aux Philippines, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire est passée à côté de ses objectifs. Analyse d'une déroute.
De notre correspondant en Côte d'Ivoire
Logée dans une poule ouverte, avec l'Espagne, le Brésil et l'Iran, la Côte d’Ivoire n’a pas réussi à passer le premier tour du Mondial de basketball, encore moins à se qualifier directement pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Après avoir réussi avec brio les phases qualificatives de la zone Afrique, les Eléphants étaient attendus à la Coupe du monde à Jakarta en Indonésie. Amenés par le coach slovène Dejan Prokic, les Ivoiriens ont terminé la compétition avec un bilan négatif, à la suite d'une succession de contreperformances.
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En effet, en 5 matchs disputés au total, la Côte d’Ivoire n’a obtenu qu’une seule victoire et enrégistré 4 défaites. Si d’entrée les Ivoiriens sont tombés sur l’ogre espagnol qui n’a fait qu’une bouchée d’eux (94-64), Nisré Zouzoua et ses camarades ont réussi à se ressaisir au deuxième match face à l’Iran, au bout du suspense en s’imposant par deux points d’écart (71 à 69). La qualification prévue face au Brésil a viré au cauchemar pour Dejan Prokic et ses hommes qui avaient pourtant fait une bonne entame de match. Un certain Yago Santos (24 points, 4 rebonds, 12 passes), libre de toute pression, va offrir la qualification au Brésil sur le score de 89 à 77. Les espoirs de qualification envolés, il ne restait aux Pachydermes qu’une possibilité de qualification directe aux prochains Jeux Olympiques à Paris en 2024, s’ils terminaient première nation africaine au classement général.
Là encore, les joueurs de Mahama Coulibaly, Président de la Fédération ivoirienne de basketball (FIBB), ont échoué face au Liban (84-94) et à la France (77-87). Le seul point positif durant ce parcours est le titre de MVP du match remporté par Nisré Zouzoua face à l’Iran, devenant ainsi le premier Ivoirien à rafler ce prix lors d'une Coupe du monde. « Je pense que ce match face à la France était dans la même configuration que celui face au Brésil. Nous avions à cœur de réaliser un coup ce soir. Mais nous avons perdu le fil dans les deux dernières minutes du match. Nous avons joué un bon basket face à une grande équipe de France avec des joueurs qui évoluent à un très haut niveau. Ce qu'il faut retenir de notre compétition c'est que hormis le vrai faux pas face au Liban, nous avons eu l'opportunité de montrer que nous avions de la qualité face à l'Espagne, le Brésil et la France », a analysé Maxence Dadiet, arrière de la sélection.
Une équipe orpheline de Pivot
Mais en y regardant de plus près, il semble que cette déroute de l’équipe nationale n’est pas anodine. Des signes prémonitoires étaient déjà perceptibles bien avant leur départ pour l’Asie. Le passage de Mathew Costello en sélection nationale comme pivot aura laissé un goût d’inachevé chez les aficionados du basketball en Côte d’Ivoire. Alex Poythress, qui assurait ce rôle depuis un temps s'est blessé en préparation. Zoumana Camara, excellent lors des matchs amicaux, n’a pas été retenu au dernier moment par le coach Dejan Prokic. L’absence de véritable pivot a été remarquée par tous durant les moments cruciaux des Pachydermes à ce Mondial, tant l’équipe a souffert de la domination des géants adverses, à l’image de Assemian Moularé (187cm) qui tentait désespérément de défendre sur le colosse français Rudy Gobert (216cm) en début de 4ème quart-temps lors du dernier match.
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Les Ivoiriens n’ont gagné aux rebonds dans aucune des rencontres disputées durant la compétition : Espagne (48-26), Iran (35-35), Brésil (43-35), Liban (37-32) et France (41-35). Les éclats de Bah Cédric, Vafessa Fofana, Amadou Sidibé ou encore Patrick Tapé, censés assurer ce poste, n’ont malheureusement pas servi à grand-chose. Le coach slovène s’est ainsi rendu à la Coupe du monde sans un véritable pivot, capable d’assurer les rebonds offensifs et défensifs et contrer les costauds adversaires des autres équipes. Une erreur de casting qui a malheureusement été payée cash.
Les erreurs du passé qui rattrapent
L’échec de l’équipe de Côte d'Ivoire ne serait-il pas symptomatique du bouleversement technique qui a lieu au sein de l’effectif il y a un an de cela ? En effet, le 9 septembre 2022, après avoir constaté l’absence du coach Natxo Lezkano, lors de la 4ème fenêtre des qualifications, les professionnels ivoiriens avaient déjà averti, très tôt, dans une déclaration collective, le Président de la FIBB Mahama Coulibaly quant au choix du nouveau coach Dejan Prokic qui intervenait au mauvais moment. « Plusieurs joueurs vous ont interpellé par rapport au changement de coach qu’ils ne trouvaient pas opportun pour cette fenêtre, ni pour le futur, mais vous les avez tous assuré que c’était temporaire », avaient déclaré inquiets les joueurs.
Ces derniers avaient ensuite expliqué les raisons de leur inquiétude. « Nous, joueurs, avions fait fi de cette situation (..) malgré les difficultés et doutes qui planaient sur le fait de travailler avec un coach qui n’a aucune expérience internationale, aucune connaissance du basketball africain (…) Votre décision de nommer le coach Dejan Prokic en tant que coach principal pour le Mondial ne nous conforte pas pour la suite des compétitions et notamment la Coupe du monde où nous serons parmi les meilleurs équipes », s’étaient expliqué avec fermeté Stéphane Konaté et ses coéquipiers.
Telle une prophétie, le manifeste signé par 20 joueurs sur 23 donnait déjà des signes avant-coureurs. Mahama Coulibaly, sans véritablement résoudre le problème, avait répondu par la suite via une conférence de presse. « Natxo Lezkano a abandonné son post sans rien dire à la Fédération. Quand il a été contacté, il a été dubitatif dans sa réponse. Je lui ai écrit le 14 juillet 2022 et sa réponse était attendue avant le début de la 4ème fenêtre. La lettre n’a également pas eu de retour de la part du head-coach », avait rétorqué le patron du basketball ivoirien qui n’a pas daigné céder à la requête des joueurs. D’ailleurs parmi les 23 joueurs ayant signé la lettre, seuls 9 étaient présents à cette Coupe du monde. L’ossature de cette équipe de Côte d'Ivoire, vice-championne d’Afrique en 2021 et qui s’était qualifiée avec maestria pour le Mondial, était ainsi brisée. Aujourd’hui, les erreurs du passé semblent avoir rattrapé la FIBB. Les Eléphants, en plus d’être éliminés de la compétition, vont devoir passer par les phases qualificatives pour espérer une place aux JO de Paris 2024. Loin d'être gagné au vue de la dynamique.
