Les 24 et 25 septembre 2023, le Sénégal a accueilli l’Afrique des jeux vidéo en marge de l’Assemblée générale du CONAPES (comité national de promotion du e-sport au Sénégal). Pendant 48 heures, les différentes fédérations et associations nationales gérantes du e-sport dans leurs pays respectifs, ont mené des réflexions pour la création d’une toute nouvelle Confédération africaine des sports en ligne.
Réunis durant deux jours dans le prestigieux cadre de l’hôtel King Fahd Palace à Dakar, les dirigeants de l’e-sport africain se sont penchés sur la création d’une Confédération panafricaine du Gaming. À l’initiative du Sénégal et par le biais du président du comité national de promotion de l’e-sport au Sénégal, El Hadji Mansour Jacques Sagna plus connu sous le nom de Lord Alaji Man (ancien membre du mythique groupe de rap sénégalais Daara-J), une trentaine de pays africains se sont engagés à unir leur forces pour compter dans l’univers mondial de cette discipline.
Joint par téléphone par SNA pour évoquer les coulisses de la création de cette organisation africaine, Lord Alaji Man explique ce besoin de s’unir : « La culture et notamment l’e-sport pourrait être un facteur d’unification pour mettre en place de nouveaux ponts d’échanges entre les peuples d’Afrique, lance-t-il d’emblée. C’est le grand défi. Nous, la communauté des jeux vidéo, avons pensé que nous pouvons poser notre empreinte d’autant plus que l’Afrique ne pèse que 1,8% de l’économie mondiale. Le Gaming en Afrique c’est une économie de 800 milliards FCFA et plus de 600 millions de Gamers (joueurs). Une projection vers 2050 devrait doubler ce total à 1,2 Milliards de Gamers ».
Entre autres motifs qui justifient cette initiative de lancer la Confédération africaine de l’e-sport, une volonté commune déterminante pour réussir cette mission et qui se traduit par la présence à Dakar une semaine plus tôt du comité africain. « Nous nous sommes réunis pendant deux jours pour travailler sur les documents de constitution et de manière inclusive, donner corps à cette idée. On peut être fière de l’expertise sénégalaise autour du comité national de promotion du e-sport (CONAPES) en étroite collaboration avec le comité panafricain de préparation composé du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, de Maurice, du Zimbabwe », s’est réjoui Lord Alaji Man.
La puissance de l’univers des jeux vidéo ne souffre plus d’aucune contestation. De quoi être un pan important dans la mise en place des politiques publiques de nos états pour les jeunesses africaines. « Il va falloir que les états orientent les politiques de jeunesse en prenant en compte cette donne, qui au-delà de la passion est un outil de développement durable auprès de la jeunesse et qui peut booster la formation autour de métiers associés aux jeux vidéos. Dans le même temps, permettre à nos pays d’élargir l’économie numérique en créant des opportunités d’investissements. Pour toutes ces raisons, il est important d’être ensemble afin de créer une synergie avec tous les pays qui ont répondu à l’appel du Sénégal. L’état du Sénégal a fait le nécessaire pour permettre l’institutionnalisation de cette proposition de mettre en place cette Confédération », a insisté le patron de l’e-sport sénégalais.
La réussite de cette Confédération a été parfaitement pensée dans sa structuration et devrait bénéficier d’un véritable accompagnement. Dans cette optique, plusieurs partenaires stratégiques étaient présents à ce qui avait des allures d’assises du Gaming africain. La FIBA avait mandaté le Sénégalais Mathieu Faye, fraîchement président de la zone II. D’autres structures telles que l’UNESCO, SMART AFRICA ou encore Orange Middle East Africa étaient de la partie avec leurs représentants respectifs. Dans son plan d’action, la nouvelle Confédération s’est associée à HP Middle East Africa. Sans doute son plus grand partenaire.
«Nous avons la chance d’être accompagné par des partenaires, à l’instar de HP Middle East Africa à travers le programme « Gaming Garage». Avec à la clé, la signature avec HP d’un MoU (Mémorandum of understanding ou protocole d’accord en français) et l’implantation de la première infrastructure de formation intégralement aux jeux vidéo au Sénégal », a informé Lors Aladji Man. Une opportunité dont devrait bénéficier les autres Fédérations du continent. « Ce programme sera élargi à tous les membres de la Confédération qui vont en bénéficier », a-t-il précisé.
Grand initiateur de cet événement, le Sénégal a fait des pas de géant dans l’organisation et l’implantation du Gaming à travers le pays. Créé en 2021, le CONAPES est chargé d’organiser et professionnaliser le e-sport au Sénégal. « La définition du cadre légal entre les règlements généraux, les règlements de tournois nous a pris près d’une année », confie Lord Alaji Man. Un travail de fond autour d’un Benchmarking et surtout une vision qui correspond à l’écosystème local. Le Sénégal est également membre de la Global e-sport fédération (instance mondiale du e-sport) regroupant 187 pays. « Ce statut nous permet d’être convié aux Jeux de Ryad sur trois jeux. Les équipes sont montées. Nous avons fait une journée de détection nationale pour identifier le potentiel existant. Les jeunes se sont massivement inscrits », informe t-il.
En peu de temps, le Sénégal s’est offert des porte-étendards avec Dexx Junior, vainqueur cette année de la e-Ligue 1 tour en France et Momo Juve, unique représentant sénégalais aux championnats du monde de e-sport en 2022 en Indonésie. Traduisant le potentiel avec des associations comme SENGAME, Gaïndé Gaming, Xam-Xam Lion… Une importante communauté de Gamers avec 25 associations à travers le pays. « Toutes ces associations font la fierté du Sénégal avec un excellent travail, s’est-il réjoui. On les encourage à poursuivre dans cette voie et faire en sorte que l’expertise au niveau du Gaming soit prise en charge car ce n’est pas le rôle du comité d’organiser des événements. Le CONAPES encadre. Plus la communauté et les associations seront fortes, plus le Gaming sénégalais se renforce au niveau global ».
Le CONAPES a signé un partenariat avec SÉNUM (Sénégal Numérique SA) pour disposer des 45 espaces de Sénégal Services à travers le pays et lancer 45 ligues départementales. Avec une ligue qui va s’appeler « SÉNUM e-sport Competitions où les jeunes vont rivaliser tous les week-ends dans le jeux vidéo ou des passions liées au numérique ». Le comité exploite à merveille l’environnement sportif sénégalais. « On lance bientôt le Navétane numérique grâce au partenariat signé avec l’ONCAV (organisation nationale des activités de vacances). Une compétition dénommée e-Navétane permettra d’enrôler les 8866 équipes de Navétane qui auront la possibilité de créer chacune une équipe de e-sport et de faire des compétitions e-Navétane aux niveaux zonal, départemental et régional ». Une phase test est d’ailleurs prévue en octobre, avant le grand lancement l’été 2024.
Moustapha M. SADIO