Longtemps considéré comme le génie tactique à qui Laurent Blanc doit en grande partie sa glorieuse carrière d’entraîneur, Jean Louis Gasset a un sacré défi qui l’attend dans quelques jours. Le technicien français doit hisser la Côte d’Ivoire sur le toit de l’Afrique et construire sa propre légende.
Que vient faire le nom de Laurent Blanc qui n’a jamais travaillé en Afrique dans un article de la Côte d’Ivoire qui s’apprête à accueillir la 2e CAN de son histoire après celle de 1984 ? Et bien l’actuel sélectionneur de la Côte d’Ivoire Jean Louis Gasset a pendant longtemps vécu dans l’ombre de Laurent Blanc. Il a ensuite pu, en étant toujours son assistant, être reconnu comme celui qui murmurait à ses oreilles ; le génie tactique qui a permis à l’ancien défenseur des Bleus, champion du monde 1998, de se faire un des plus gros palmarès sur le banc d’un club de Ligue 1 française. Vrai ou pas, depuis l’éclatement forcé de leur duo après leur limogeage du PSG en 2016, Blanc vit une sorte de traversée du désert.
Jean Louis Gasset, lui aussi, parti de son côté a réussi quelques petites missions de maintien avec Montpellier et Sainté. Son retour à Bordeaux s’est en revanche moins bien passé. Et à 70 ans depuis le 9 décembre passé, on ne s’est vraiment pas encore réellement si la réputation du nouveau Sorcier Blanc de la Côte d’Ivoire est surfaite. Ou pas. Au crépuscule de sa carrière il a un mythe à sauvegarder à la CAN 2023, une dernière danse peut-être à esquisser au pays des Eléphants avec qui il chemine depuis mai 2022.
«J'ai envie et j'ai l'œil alerte, de nouveau. Et j'ai deux, trois idées. Quand je me lève à 5 heures, je file dans ma cuisine, où il y a trois piles de papier sur autant de sélections africaines. J'ai compilé tout ce que j'ai trouvé sur chacune d'elles. J'aimerais devenir sélectionneur. Une CAN, ce serait un truc terrible à vivre», disait-il dans un entretien avec L’Equipe en 2021 bien avant donc d’accepter ce défi de donner une 3e étoile à la Côte d'Ivoire.
Depuis sa nomination sur le banc des Ivoiriens, Jean Louis Gasset a dirigé 14 rencontres pour 9 victoires, 3 nuls et 2 victoires. Un bilan plutôt acceptable pour l’ancien milieu de terrain modeste qui a fait l’essentiel de sa carrière de joueur à Montpellier (1975-1985, 263 matchs, 14 buts) et qui est devenu fan et adepte de la méthode de Jürgen Klopp.
«Pour parvenir à résoudre l'équation qu'un match te propose, il faut toujours te découvrir un modèle. Parce que le jour où tu te dis "je sais tout", c'est fini. Mon modèle c'est Klopp. Ce type est en train de révolutionner le football. Il ne possède pas les meilleurs joueurs mais il a la meilleure équipe. Liverpool, c'est une armée, le don de soi, une équipe qui pétille. Klopp est dur avec ses joueurs. Et ils l'aiment. Il est dans le football de demain. Avant, on parlait du jeu de possession. Lui, il te montre qu'on peut se mettre en bloc bas, faire croire à son adversaire que tu le crains et le transpercer avec trois attaquants. Liverpool joue le football du futur. C'est pour cela que je regarde des tonnes de matches de Liverpool. Pour rentrer dans la tête de Klopp. Une fois que tu y es arrivé, tu vois le football comme lui», témoignait celui dont le papa, Bernard Gasset, est un membre fondateur de Montpellier.
Les Ivoiriens, eux, espèrent tout simplement que Jean Louis Gasset aura la même vista que Jurgen Klopp qui a tout remporté en un temps record avec Liverpool. En tout cas, il semble avoir la même grinta que l’entraîneur allemand si on se réfère au témoignage du Tunisien Wahbi Khazri qui a été sous les ordres de Gasset à Saint-Etienne en 2017. «C’est un Monsieur ! Ses qualités humaines et d’entraîneur en font quelqu’un de grand. On a tous envie de se défoncer pour lui. Après ses causeries, tu n’as qu’une envie, c’est que le match débute. Il sait motiver, il donne envie d’en découdre. Il ne cherche pas ça, le regard des gens, il s’en fout. Il a confiance en lui, sait ce qu’il vaut et n’a rien à prouver à personne».
