Depuis l’exclusion de Dynamo à la BAL au mois de mars pour avoir refusé de porter des maillots floqués Visit Rwanda, rien ne va dans le basketball burundais. Les joueurs s’exilent en masse dans les pays voisins et ce 19 avril, le président de la Fédération de basketball du Burundi (FEBABU) a démissionné.
De notre correspondant au Burundi
Le basketball est l’un des sports les plus aimés au Burundi, le deuxième derrière le football. Depuis 2021 avec l’introduction de la BAL, il y a eu des changements significatifs. Les moyens utilisés ont augmenté ce qui a permis aux clubs d’enrôler des joueurs étrangers, une pratique qui ne se faisait qu’au football.
Avec ces nombreux joueurs qui sont venus renforcer les équipes, le niveau du championnat a gagné en qualité. En 2021, New Stars a représenté le Burundi jusqu’à l’Elite 16 et n’eût été le Covid 19, ils sont nombreux à penser que cette équipe aurait décroché un ticket pour les playoffs. En 2022, Urunani a raté de peu la qualification à la BAL.
Et en cette année 2024, Dynamo a été qualifié pour la BAL. Malheureusement, le club a été exclu de la compétition suite à son refus de porter les maillots avec le logo du sponsor de la compétition «Visit Rwanda». En effet, après un match gagné contre Cape Town Tigers, Dynamo a reçu les ordres du patron de la FEBABU de jouer soit en cachant le logo soit en portant ses propres maillots, ce qui est contraire au réglementent de la BAL. Les joueurs et le staff victimes des décisions de la FEBABU sont retournés au Burundi très furieux.
L’exclusion de cette équipe de Dynamoa provoque un exode massif des joueurs principalement de Dynamo et d’Urunani qui ont peur de possibles sanctions de la FIBA.
Pour Dynamo, Otobo Israël, Guibert Nijimbere, Bello Nkanira joueront respectivement au Rwanda pour APR, Kepler et Orion alors que leur coach adjoint, Olivier Ndayiragije, dirige actuellement le club de Titans tandis que David Deng a été recruté par Chaux Sport de la République Démocratique du Congo. Quant à la formation d’Urunani, le capitaine Landry Ndikumana, Clark, Bwanga et Ereng se sont engagés avec AMI BK de la RDC.
Ce départ massif des meilleurs joueurs du championnat burundais a ravivé la haine envers le patron du basketball burundais. Certains d’entre eux réclamaient sans cesse sa démission. « Il faut qu’il parte. Il ne vaut rien pour notre basketball. Il a sacrifié notre jeunesse pour ses propres intérêts. On n’oubliera jamais que c’est lui qui a mis à genoux notre sport qu’on aime beaucoup », regrette ce fervent supporter de Dynamo.
Eric Nsengiyumva quant à lui ne comprend pas d’où est venu Manirakiza. « Comment un mec qui ne connaît rien du basketball peut être à la tête d’une fédération. Il a tué notre sport et le relever nous sera très difficile. Franchement, on n’oubliera jamais son passage à la tête de la fédération ».
Le 12 avril, la FIBA a suspendu provisoirement la FEBABU et a exigé à Jean Paul Manirakiza de donner des explications avant le 23 avril sur les mobiles qui l’ont poussé à empêcher au club Dynamo de porter le logo du sponsor de la BAL. La FIBA a rappelé à Manirakiza que les fédérations nationales doivent respecter les statuts généraux de la FIBA, les règlements internes ainsi que les autres règles et règlement de la FIBA.
Mais Jean Paul Manirakiza a préféré démissionner de son poste de président de la FEBABU avant l’échéance donnée par la FIBA pour sa réponse.
Une bonne nouvelle pour les amateurs du basketball qui est tombée ce vendredi 19 avril. Même si il avance des raisons personnelles, les informations que Sport News Africa détient de certains cadres du ministère des Sports indiquent que ce dirigeant du basketball burundais a été contraint de démissionner pour que ses remplaçants sauvent ce qui reste à sauver.
Cette démission était attendue avec impatience, avoue Nizigama Emmanuel, amateur du basketball. « On ne regrettera jamais son départ mais par contre on se souviendra pour toujours qu’il a enterré notre sport ».
Julien Chaignot, qui dirigeait l’équipe de Dynamo à la BAL a également réagi à la démission de Manirakiza sur son compte X. « Ce mec a tué le basketball burundais. Aujourd’hui il n’assume plus et s’en va, sans rien ? Il a brisé notre rêve, et celui de milliers de fans et de passionnés…Quelle honte de voir qu’il se défile pour ne pas prendre ses responsabilités face aux joueurs, aux dirigeants de Dynamo, à la BAL et à FIBA ».
Cristal Gatabazi, coach de basketball, a indiqué à SNA qu’il leur faudra beaucoup de temps pour revenir au niveau déjà atteint. « Nos équipes avaient atteint un niveau appréciable au niveau de notre région mais voilà, d’un coup, ce qu’on a construit pendant plusieurs années tombe à l’eau. Il a bien fait de partir mais je me pose tout de même la question quant à sa succession et sur l’avenir de notre basketball. Est ce que son successeur parviendra-t-il à convaincre la FIBA pour qu’on ne soit pas suspendu ? Je ne sais pas. En tout cas je suis pessimiste sur l’avenir de notre basket du moins pour le court terme ».
Cette inquiétude du coach Gatabazi se retrouve également chez de nombreux amateurs du basketball. La plupart croisent les doigts et espèrent que la FIBA ne sera pas dure, surtout que le fautif est parti, mais d’autres pensent que cette instance du basketball mondial ne fera qu’appliquer la loi sans se soucier des sentiments.
Désiré Hatungimana
