A la suite d'un énième conflit entre des membres de la Fédération djiboutienne de football (FDF) et le Comité directeur, le ministère des Sports a décidé de suspendre et de reporter le processus électoral à une date ultérieure.
Par Romain Molina
Jusqu’où s’enfoncera la Fédération djiboutienne de football ? Engluée dans une crise sans précédent à la suite de la démission du président Souleiman Waberi en mars, la FDF a ensuite été tancée par un audit diligenté par le ministère des Sports ayant révélé « d’importantes irrégularités dans la gouvernance et la gestion financière ».
Cinq dirigeants, incluant Waberi, ont été arrêtés, puis relâchés dans l’attente de la fin de l’enquête judiciaire portant sur des faits de détournements et blanchiment d’argent. Malgré cela, la FDF préparait un processus électoral dans lequel Waberi, pourtant démissionnaire quelques mois auparavant, se présentait pour briguer un quatrième mandat !
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Suspension et refus d’entrer pour déposer sa candidature
Également candidat au Conseil de la FIFA, le troisième vice-président de la CAF est opposé à deux candidats :
- Farah Daher Barreh, le président de l’équipe de la Garde Républicaine
- Aden Robleh Rayaleh, un ancien arbitre qui a été membre du Comité directeur de la FDF
Chaque candidat avait jusqu’au 7 novembre pour présenter un dossier. Problème, la candidature de Barreh a été invalidée par la commission électorale au motif que ce dernier avait été suspendu deux ans en 2021 pour une altercation lors d’un match ; des faits que l’intéressé a toujours contestés. Cette suspension lui a fait perdre l’adhésion et la qualité de membre de la fédération, entraînant ainsi son invalidation.
Quant à Rayaleh, il n’a pas été autorisé à rentrer dans les locaux de la fédération au moment du dépôt de sa candidature et a dû venir avec un huissier de justice et un avocat pour régler cela. Une situation invraisemblable qui a irrité le ministère des Sports.
Waberi a dit à la CAF qu’il serait gagnant
Par une correspondance officielle datée du 7 novembre consultée par Sport News Africa, il est noté que « la Fédération Djiboutienne de Football est confrontée depuis plusieurs jours à un différend entre les membres de la Fédération et le Comité directeur de la Fédération, un conflit portant notamment sur le manque de transparence et les irrégularités flagrantes dans le processus électoral […] C’est pourquoi et conformément aux prérogatives qui me sont dévolues par l’article 27 de la Loi n°17/AN/07/5eme L du 3 mai 2007 portant organisation et promotion des activités physiques et sportives en République de Djibouti, je décide du report à une date ultérieure de l’élection pour rendre le processus électoral meilleur et inclusif. »
Dans ce contexte où les regards convergent vers Waberi et son influence supposée sur l’administration qu’il a dirigé depuis 2012, ce dernier a rassuré plusieurs membres de la CAF en expliquant qu’il n’aurait « rien » dans les affaires judiciaires le visant et qu’il gagnerait les élections.
Un optimisme qui tranche avec beaucoup d’acteurs du football djiboutien rappelant que sa démission lui a automatiquement fait perdre le statut de membre de la fédération ; et donc le droit de se présenter...