La pratique du sport au Burkina Faso est-elle véritablement en adéquation avec les normes internationales ? Au regard des réalités sportives burkinabè, l'interrogation mérite d'être posée dans certaines disciplines.
Le football, mère de toutes les disciplines, ne dispose pas de stade aux normes internationales au Burkina Faso. Annoncée à plusieurs reprises par différents ministres des Sports, la fin des travaux de réhabilitation du Stade du 4 Août de Ouagadougou est toujours à la traîne. Les travaux ont été lancés le 27 octobre 2021 pour une durée de 11 mois après la suspension du stade le 2 mars 2021 par la Confédération africaine de football pour non conformité aux normes internationales. Depuis, les Étalons du Burkina Faso évoluent à l'extérieur durant leurs matchs à domicile.
Stade du 4 Août, une rénovation qui dure depuis 3 ans
Des réalités qui freinent la progression du football local qui jusque-là a du mal à s'imposer sur le continent africain lors des compétitions interclubs de la CAF. Le manque d'accès à des installations modernes et à des entraîneurs qualifiés (formation de base) font que des footballeurs burkinabè rencontrent plusieurs défis pour s'imposer dans les grands clubs en occident. Des détails qui réduisent la visibilité des joueurs burkinabè sur le marché face à des clubs européens qui ont tendance à privilégier les joueurs issus des ligues plus compétitives.
Contraints d’abandonner le Stade du 4 Août de Ouagadougou, fermé pour des travaux de rénovation, les jeunes athlètes burkinabè se retrouvent sur le terrain de l’Institution des sciences des sports et du développement humain (ISSDH). Ce n’est pas une piste d’athlétisme moderne qui entoure le terrain. C’est une simple bande de terre battue d’à peine cinq couloirs cabossés et plein de trous qui présentent des risques de blessures.
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Souvent inutilisables à chaque fois qu’il pleut, terrain inondé, les entraînements sont parfois suspendus pour au moins trois jours tant la piste est impraticable. Ceux qui ont vu les conditions dans lesquelles les derniers championnats nationaux d'athlétisme se sont déroulés, sont restés pantois devant le spectacle désolant des pistes crevassées et boueuses. Des pistes sur lesquelles, la blessure guette constamment et qui laissent toujours des séquelles physiques sur les athlètes.
« Il faut qu’on puisse encadrer nos athlètes de l’élite nationale locale de manière scientifique par des stages d'entraînement intensifs et qu’ils puissent participer à des compétitions préparatoires en raison de l’insuffisance de compétitions. Si au niveau de la préparation à la base, la préparation foncière et la préparation technique ne sont pas bien faites, rien ne sert de participer à une compétition. Nous avons souvent des problèmes pour avoir ces stages de manière régulière », déclare Missiri Théophile Sawadogo, directeur technique national (DTN) de la Fédération burkinabè d’athlétisme.
Des Hugues Fabrice Zango et des Marthe Yasmine Koala, on en trouve et, en se donnant les moyens, le Burkina Faso deviendra à moyen terme, la destination à ne pas manquer. Pour l’heure, c’est des grincements de dents.
La lutte traditionnelle couramment pratiquée au Burkina Faso ne dispose pas de terrain répondant aux critères internationaux. Pour s'imposer dans les compétitions de haut niveau, les lutteurs burkinabè doivent adopter la lutte olympique.
En cyclisme, le Burkina Faso doit, de nos jours, changer sa pratique de cette discipline au regard des réalités de courses lors des derniers Jeux Africains à Accra au Ghana. Les critériums organisés par la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC) sur le boulevard Capitaine Thomas Sankara de Ouagadougou ressemblent plus à du cyclisme d'animation pour aller remporter une compétition.
Les coureuses en ont goûté à la dure réalité où elles étaient confrontées à défendre les couleurs du Faso sur une distance totale de 100 km alors qu'elles ont passé toutes leurs courses en dessous de 40km. « Il faut que nous dépassions le cyclisme d'animation pour améliorer les courses spécifiques telles que les courses contre-la-montre individuel et en équipe. Et ça, il faut le développer, chercher les montures pour ça. Nous sommes habitués à des critériums, il faut qu'on s'en passe pour aller à des courses en ligne. Viser le cyclisme de haut niveau», propose Martin Sawadogo, Directeur technique national de la Fédération burkinabè de cyclisme.
Pour améliorer la situation de la pratique du sport au Burkina Faso, il est essentiel de renforcer les infrastructures de formation, d'accroître la visibilité des pratiquants et de faciliter leur intégration.