Djadji Clément fait partie des grands basketteurs que la Côte d'Ivoire a pu connaître. Champion d'Afrique en 1981 et en 1985, l'ancien international a accepté de revenir pour Sport News Africa sur la finale de l'Afrobasket 1985 à Abidjan . Une partie remportée face à l'Angola dans un Palais des Sports de Treichville plein à craquer.
Plus que quelques semaines avant le début de la deuxième fenêtre des éliminatoires de l'Afrobasket 2023. Cette compétition est prévue à Abidjan. Sport News Africa a profité du moment pour rencontrer un basketteur de la vieille garde ivoirienne. Il s'agit de l'ancien champion d'Afrique Djadji Clément, qui garde des souvenirs impérissables de ses années sur le parquet. L'ancien intérieur des Eléphants, qui est rentré au panthéon du basketball lors d'une cérémonie en 2013, à la faveur de l'Afrobasket de la même année, n'a pas oublié la finale de 1985 face à l'Angola. Quand il évoque ce classique de l'époque, le double champion d'Afrique 1981 et 1985 a des étoiles plein les yeux.
« Un risque et un pari personnel »
« J'ai disputé de grands matches dans ma carrière mais la finale ici chez nous à Abidjan m'a beaucoup marquée. C'est vrai qu'on n'était pas à notre premier Afrobasket. Nous avions remporté celui de 1981 à Mogadiscio en Somalie, mais celui du Palais des Sports de Treichville, face à l'ogre angolais, était géant. Il avait un goût si particulier et même aujourd'hui encore », se remémore avec délectation l'ancien joueur de l'Asec Mimosas.
« Il y avait un monde fou dans le Collliseum (surnom du Palais, ndlr) et nous étions prêts ce jour. Nous avions préparé cette compétition en Europe, avec tous les moyens et tout le confort possibles. Nous sommes passés par la France, l'Italie, la Yougoslavie. Notre coach, c'était Bilé Alphonse, l'actuel secrétaire général de FIBA Afrique. C'est même moi qui lui avait suggéré de prendre la sélection nationale ivoirienne en main. Il était en fin de carrière et c'était sûr qu'avec son expérience, il pouvait nous apporter beaucoup. J'avoue que c'était un risque et un pari personnel mais je ne me suis pas trompé puisqu'il nous a menés jusqu'en finale cette année-là », confie-t-il.
« Ce match était tendu car les Angolais, à l'époque c'était l'équipe à battre. Ils faisaient feu de tout bois. Nous ne partions évidemment pas favoris mais nous avons tenus le coup jusqu'au 4ème quart temps », détaille Djadji Clément. Puis, il se redresse, comme le moment fatidique dans cette opposition méritait une narration spéciale. Il fallait qu'il reprenne tout son souffle. Moment solennel.
« Nous avions réussi l'impensable »
« La partie était très tendue... Nous avions réussi l'impensable. A quelques secondes de la fin du match, nous étions à six longueurs des Angolais. Ecoutez bien, je dis que nous avions, à force de courage et d'abnégation, six points de plus que ces diables venus de Luanda. Malgré cette avance, l'angoisse était palpable dans nos rangs, devant notre public. C'est à ce moment-là, que j'ai décoché un tir à 3 points qui a fini sa course dans le panier adverse. On savait dès lors qu'avec 9 points d'avance, en moins de 5 secondes restantes, plus rien ne pouvait nous arriver. C'était déjà complètement l'hystérie sur le parquet du Palais des Sports. Il a fallu quelques secondes avant le coup de sifflet final. Elles nous ont parues être une éternité mais nous venions de remporter notre 2ème Afrobasket », explique Djadji Clément.
Il respire à fond, esquisse un sourire et termine son récit, comme une œuvre achevée telle qu'il en rêvait. « Je rêve que Solo Diabaté, Matt Costello et autres Nisre Zouzoua connaissent pareil bonheur. Après l'échec face à la Tunisie en finale en 2021, ce serait une juste récompense », a conclu celui qui est aujourd'hui aux côtés du sélectionneur national, Natxo Lezcano.
Séverin SANH