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Boxe : Pape Mamadou Sow, au nom du père

La boxe sénégalaise est en pleine renaissance avec l’arrivée de Mamoune Sène à la tête de la fédération et l’ancien champion du monde Souleymane Mbaye comme président de la nouvelle Ligue professionnelle. C’est ce week-end qu'a démarré la nouvelle saison du championnat national avec l’attraction Pape Mamadou Sow dans la catégorie des -57 KG. À 23 ans, celui qui est surnommé « Le ShowMan » espère réaliser le rêve de son père, ancien boxeur.

De notre correspondant au Sénégal

Pape Mamadou Sow.

Fils de Pape Mamadou Sow Sr, premier champion d’Afrique sénégalais de boxe, Pape Mamadou Sow Jr décide de suivre les pas de son paternel afin d'assurer la transmission de l’héritage familial. C’est en 2011 qu’il enfile ses premiers gants de boxe. Il avait alors 13 ans.

Une histoire de famille

Même s’il n’a pas eu la chance d’assister aux combats de son père, c’est à travers les photos d’exploits de ce dernier que le jeune Pape Sow chope le virus de la boxe. « Je n’ai malheureusement pas été aux combats de mon père, regrette-t-il. J’ai des photos de lui remportant le Lion d’Or en 2000 (distinction du meilleur sportif sénégalais de l’année, ndlr). Je me souviens aussi quand il me portait sur ses épaules pour aller aux entraînements. Je devais avoir 4 ans à l’époque », se rappelle le récent médaillé d’argent aux Championnats d’Afrique de la zone II.

Son père, Pape Mamadou Sow, était un immense champion qui rêvait de titres mondiaux et olympiques. Une grave maladie contractée en France anéantit ses ambitions. Son fils se donne alors pour mission, de réaliser ce rêve pour lui. « Mon père a vécu des moments difficiles à cause de la boxe. Il s’est retrouvé partiellement paralysé. Ce qui ne lui a pas permis d’aller combattre pour un titre de champion olympique ou du monde, les seuls qui manquent à son palmarès. Il a été champion de la zone Ouest-africaine et surtout champion d’Afrique. Je me suis donc lancé le défi d’aller glaner ces titres qui manquent dans notre famille. Et seulement à ce moment-là, je pourrais dire que j’ai réussi ma carrière », assure Pape Mamadou Sow Jr.

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Chez les Sow aux HLM 5, un quartier populaire de Dakar, la boxe est une histoire de famille. Abdoul Kader Sow, oncle de Pape Sow Jr a également été champion en Amérique du Nord, précisément au Canada. Une ADN de champion habite le pensionnaire du club de la Ville de Dakar. « Je suis quelqu’un qui a une haine viscérale pour la défaite, assène-t-il. Je déteste aller en compétition et perdre parce que je fais tout ce qu’il faut en terme de préparation, j’ai du talent. Quand je perds, je repense à mon pays et à ma famille pour la promesse faite de ramener la médaille d’or » confie-t-il.

Un titre de champion d’Afrique pour égaler Papa

Amer après sa défaite en finale aux Championnats d’Afrique de la zone II en Sierra Leone, Pape Sow veut s’appuyer sur cette frustration pour les prochaines échéances. « J’ai envoyé mon adversaire au tapis à deux reprises dans ce combat. Même mon coach se demande encore comment les juges ont pu lui donner la victoire. Mais c’est une défaite qui va me servir aux championnats d’Afrique qui se profilent. Je suis déterminé et je me sens en capacité de décrocher l’or » a-t-il lancé.

Focus sur ses objectifs, Pape Mamadou ne vit que pour la boxe. « J’ai tout laissé pour faire de la boxe. C’est l’unique chose qui compte en ce moment. Tout ce que j’ai aujourd’hui c’est grâce à la boxe. Je m’inflige trois séances d’entraînement chaque jour. À 5h du matin, je fais 45 mn de jogging, l’après-midi je pars prendre une leçon et le soir je suis en salle pour faire des contacts. Quand je pense à tous ces sacrifices, ça me booste dans mes combats et je me dis que je n’ai pas le droit de flancher » a assuré le boxeur de 23 ans.

Attention à l’excès de confiance

Malgré sa jeunesse et son inexpérience au haut niveau, Pape Mamadou Sow Jr est un boxeur avec une grande confiance en lui. Pour son entraîneur, son poulain devrait faire preuve de plus d’humilité. « Il doit plus respecter ses adversaires car c’est quelqu’un qui a une énorme confiance en lui et cela lui joue parfois des tours. Il doit mieux bosser sur sa garde, contrôler ses attaques et parfois, laisser l’initiative à son vis-à-vis à certains moments. Il devra aussi gagner en puissance et en physique. Enfin, il doit aussi être moins dans la provocation verbale, le boxeur doit en dire le moins possible », a prévenu Boubacar Diallo.

Pour Pape Sow, The sky is the limit. Le boxeur ne s’interdit absolument rien. « J’espère offrir au Sénégal sa 2ème médaille olympique, mais je rêve aussi de devenir champion d’Afrique et du monde » avoue-t-il. Des rêves renforcés par les progrès notés depuis l’arrivée de la nouvelle équipe fédérale. « Nous en rêvions et c’est devenu réalité. Être dans de bonnes conditions, avoir des sessions comme cela se fait au niveau international. C’était dur avant. On est déjà allé en Guinée en bus. On a quand même ramené 8 médailles pour 8 boxeurs. C’est un vrai changement apporté par le nouveau président de la Fédération », a-t-il reconnu.

Du cœur et de la technique pour briller

Animé par cet objectif de réaliser le rêve de son père, Pape Mamadou Sow Jr met du cœur à l’ouvrage dans cette quête. Et le jeune homme possède de grosses qualités pour devenir une star. « C’est un boxeur avec un cœur énorme, révèle son entraîneur. Il est très offensif à la limite même agressif. C’est un boxeur imprévisible, capable d’inverser n’importe quelle situation car si tu n’avances pas vers lui, il avancera vers toi », soutient le coach Boubacar Diallo.

Pape Sow Jr possède en plus une arme de destruction massive, une gauche terrible qui éteint ses adversaires à chaque fois qu’elle touche sa cible. « Son crochet gauche est son arme principale. Il est bon dans les corps à corps. Son audace sur le ring est aussi un atout. Il ne se laisse jamais diriger par son adversaire. C’est un amoureux de la boxe qui adore s’entraîner, parfois un peu trop et avec plusieurs sparring-partners. Ce n'est pas forcément une bonne chose. Il écoute les consignes sur le ring même s’il a toujours autant de mal à se canaliser durant ses combats. C’est quelqu’un de très ambitieux et qui pourrait aller très haut s’il est soutenu », explique le coach Diallo.

Moustapha M. SADIO

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