De Ouagadougou à Paris ou du Burkina Faso en France, ce sujet de sportnewsafrica.com raconte une autre histoire du cyclisme, depuis ses origines jusqu'à nos jours. Michel Bationo a été une figure emblématique du Tour de France. Le premier Noir en tant qu’officiel fut aussi ardoisier du Tour du Faso avant de jouer le même au Tour de France 2002 à 2006.
De notre correspondant au Burkina,
Assis à l'arrière-plan de la moto, le Burkinabè Michel Bationo indiquait l'écart entre les échappés et le peloton. Professeur d’éducation physique et sportive, Michel Bationo a commencé à exercer au Burkina Faso en tant que chronométreur du tour du Faso avant d'accepter volontier à assumer le rôle d'ardoisier. Son étonnante histoire au Tour de France est née à la suite d'une interview à une équipe de France Télévisions où il a avoué son rêve de participer au Tour de France.
Jean-Marie Leblanc, directeur du Tour et Jean-Claude Hérault, son adjoint, séduits par les bonnes performances de Michel Bationo, l'invitent trois mois après à participer au Tour de France 2002 en tant qu’officiel. De 2002 à 2006, le Burkinabè a beaucoup appris et ne retient que du positif. «Le Tour de France m'a beaucoup apporté. En 2003 qui était le centenaire du tour, je faisais partie des 100 personnalités. A travers ce rôle d’ardoisier, j’ai eu beaucoup de relations en France, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire où j’ai même été décoré par le président Laurent Gbagbo en son temps», raconte Michel.
Après cinq ans de service, il garde en souvenir ses échanges en pleine course avec le coureur cycliste américain Lance Armstrong. «Lance Armstrong en son temps était dans les échappées et quand je suis arrivé pour lui présenter l’écart, il m’a dit : « Michel, Michel !». Je lui ai donc dit «Tu me connais ?». Il m’a répondu «oui oui». Il m’a dit : «Va dire au peloton en arrière de s’arrêter faire pipi». Ça m’a semblé drôle. Je me suis dit mais voilà quelqu’un qui fait un effort tout fatigué et arrive à s’exprimer et à reconnaître mon prénom ».
Chipée par le Tour de France, les organisateurs du Tour du Faso vont réussir à récupérer l'une des icônes de la compétition, Michel Bationo. Le retour sera de courte durée puisque l'homme, courtisé pour ses compétences dans le domaine du cyclisme, n'a pas été retenu par son pays pour l'organisation de la 33ème édition du tour cycliste international du Faso. «J'ai été écarté de l'organisation du Tour cycliste du Faso sans raison. Ce qui est sûr, étant technicien, ce n'est pas pour un travail mal fait mais tout simplement parce que la politique est entrée dans le cyclisme au Faso. J'ai été président de la ligue du centre du cyclisme pendant 4 ans ( 2016-2020 ). À la fin de mon mandat, j'ai refusé de rebeloter et j'ai organisé des élections pour me succéder. Il y avait deux candidats. Sur les 14 clubs de la ligue qui ont voté, chaque candidat a obtenu 7 voix. Dans ce cas, c'est le plus ancien qui l'emporte. C'est ce qui a été fait mais qui n'était pas du goût du camp perdant qui a fait recours auprès de la ligue régionale. Mais au fil du temps, j'ai constaté qu'on a commencé à m'écarter de certaines choses jusqu'à ma mise à l'écart de l'organisation du tour cycliste du Faso », regrette l'intéressé.
Toutefois, il est à noter que Michel Bationo avait reçu une reconnaissance de l’Etat burkinabè grâce au ministre des Sports colonel Yacouba Ouedraogo. «J’ai été décoré à l’époque du ministre Yacouba Ouédraogo, après des discussions. C’est grâce au colonel Yacouba Ouédraogo, ministre des Sports d’alors, que j’ai été décoré et ce n’est pas grâce à la fédération ou une autre personne, et c’est dommage. A travers moi, il y a plein de gens qui travaillent et qui sont dans les oubliettes, comme des anciens champions».
L'ancien ardoisier du Tour de France est toujours invité sur l'événement en témoigne sa présence encore sur l'édition 2023 et pour des conférences à l'international.
Ablam GNAMESSO