Prodige du vélo, Yves Ngue Ngock (35 ans) a, de 2011 à 2013, contribué à hisser le Cameroun parmi les meilleures nations du cyclisme. Mais la carrière qui avait commencé en 2008 s’arrêta brusquement, cinq ans plus tard.
De notre correspondant au Cameroun
Le cycliste qui fit rêver et pleurer le Cameroun. Yves Ngue Ngock, c’est l’histoire d’un jeune passionné de vélo qui avait tout pour briller. Mais pour qui la lumière s’est (presque) éteinte, aussitôt que les projecteurs s’étaient braqués sur lui. Pile au moment où le monde du cyclisme camerounais avait mis tous ses espoirs en lui. « Sur le chemin de la gloire, l’orgueil et l’indiscipline ont contribué à transformer le rêve de ce garçon plein d’avenir, en cauchemar », se souvient un ancien employé de premier plan de la Fédération Camerounaise de Cyclisme.
C’est en 2008 que le public camerounais découvre le natif d’Edéa, lors du Grand Prix Chantal Biya, une course internationale parrainée par l’épouse du chef de l’Etat Paul Biya. Qui est donc ce gamin de 19 ans, dont le nom claque à la première évocation ? C'est d'abord un visage insoucieux. Des yeux tournés vers l’horizon. La détermination et le courage sont perceptibles sur son regard. Son sourire attire tout de suite la sympathie. Mais il en faudra plus pour rivaliser avec tous les grands et expérimentés du continent, venus participer à cette course.
Arrivé sur la pointe des pieds, Yves Ngue Ngock enchaîne les échecs, d’une compétition à l’autre. Mais le natif d’Edea (région du Littoral) continue de perfectionner ses qualités lors de stages avec les équipes amateurs de CC Villeneuve Saint-Germain et ACV Aurillacois, attendant que son heure vienne. Et elle est venue. En 2011. A 22 ans, il remporte le Grand Prix Chantal Biya. Un an plus tard, il remet en ça en décrochant le maillot jaune du Tour cycliste international du Cameroun (2012).
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En équipe, le coureur de SNH Vélo Club peut compter sur un groupe puissant et solidaire. Entraîné par l’inamovible Dieudonné Ntep et entouré par une garde rapprochée constituée de Damien Tekou, Franklin Nguimkeng, Hervé Raoul Mba, Simo Sando, Robert Fotsing et autres Clovis Nguewa, Yves Ngue Ngock remporte une nouvelle fois le Grand Prix Chantal Biya en 2013. Ça fait trois titres consécutifs en trois ans. Après Pommier Boniface, Atangana Mengue, Joseph Kono, Joseph Ivouna, Martinien Tega et Joseph Sanda, c’est au tour de Ngue Ngock d’écrire son nom dans la liste très restreinte des légendes camerounaises du cyclisme, à seulement 24 ans. Problème ? Cette épopée marque aussi le début de la fin d’une carrière.
Les trophées glanés ont changé l’homme. Il traîne déjà une réputation de garçon caractériel et ingérable. Ses coéquipiers s’en plaignent. « Il était le chouchou des fans, se souvient un ancien coéquipier. La première dame du pays l’adulait. Très vite, il a pris "la grosse tête". Pour nous, et ses entraîneurs, la situation devenait invivable ». Yves Ngue Ngock est suspendu par son club, pour indiscipline, la veille de la Tropicale Amissa Bongo (Gabon) en janvier 2014. Cinq ans après s’être révélé au monde, on ne le verra plus dans une compétition africaine. Depuis, Clovis Kamzong a pris la relève, envoyant Ngue Ngock aux oubliettes avec à son palmarès, deux Tours du Cameroun (2015 et 2021) et un Grand Prix Chantal Biya (2017).
Arthur Wandji