La CAN de handball féminin débute mercredi 9 novembre au Sénégal avec en match d’ouverture, Sénégal - Madagascar. Une rencontre à laquelle prendra part Doungou Camara. L’ancienne capitaine des Lionnes à la CAN 2016 est une miraculée après s’être rompue les ligaments croisés d’un genou en janvier dernier pour la 2ème fois de sa carrière. Elle n’espère qu’une chose : remporter le trophée devant son public pour honorer toutes ces personnes qui l’ont aidé durant sa convalescence.
De notre correspondant au Sénégal,
S’il y a bien un mot pour caractériser Doungou Camara, c’est la résilience. L’arrière droite de l’équipe féminine du Sénégal de handball revient de l’enfer . Ce, après sa grave blessure au genou contractée le 19 janvier 2022. Une 2ème rupture des ligaments croisés pour la native de Pontault-Combault en France après notamment celle de 2018. Neuf mois plus tard, la revoilà dans la sélection du Sénégal, le couteau entre les dents pour disputer la CAN à domicile.
Un mental d’acier pour un retour sans appréhension
Revenir deux fois d’une rupture des ligaments croisés d’un genou s'avérer d'un miracle. C’est pourtant le pari qu’est en train de réussir Doungou Camara. L’internationale sénégalaise de handball est bien de la partie pour cette 25ème édition de la CAN féminine. «Je me sens très bien, renseigne Doungou Camara au micro de SNA. Je ressens juste quelques petites douleurs avec le nouveau revêtement de la Dakar Arena qui a été changé», a-t-elle confié sur son état physique.
Les sportifs sont unanimes sur les blessures les plus graves qu’ils redoutent. Et «se faire les croisés», figure en haut de la liste. Doungou Camara n’était pas toutefois si inquiète qu’on aurait pu l’imaginer. «Sincèrement je n’ai eu aucune appréhension, aucune crainte, avoue-t-elle. En me faisant cette rupture des ligaments croisés, je savais que j’allais avoir un objectif très clair : revenir pour la CAN. Autant pour ma première blessure aux ligaments y a 4 ans j’ai craint la fin de ma carrière, autant la 2ème fois je savais par quel chemin j’allais passer. Je savais que j’allais revenir plus forte», a-t-elle ajouté.
«La CAN à la maison a été mon moteur»
Il serait nombreux à lâcher prise, à abandonner après deux grosses blessures. Mais à 27 ans, Camara a activé le mode motivateur pour s’infliger des séances de rééducation. Mais également de renforcement musculaire et de ré-athlétisation afin de revenir à un niveau compétitif. Et l’arrière droite des Lionnes avait une excellente raison de se sacrifier. «Mon moteur, ça a été la CAN en point de mire, concède-t-elle. On a tellement rêvé de cette CAN à la maison, de pouvoir défendre nos couleurs devant notre peuple. Pour moi c’était un double objectif de revenir déjà pour cette CAN. Etre prête pour la reprise avec mon club pour le mois de décembre ».
Outsider dans cette CAN qu’il organise pour la première fois de son histoire, le Sénégal espère créer la sensation. Mission à priori difficile. Car, l’Angola, quadruple tenante du titre ne laisse que des miettes aux adversaires. «En 2016 on était avec Fred Bougeant et de nouvelles joueuses méconnues sur le continent. Je crois que c’est ce qui a fait la surprise jusqu’à la qualification en finale malgré nôtre disqualification. Deux ans après, on a essayé de confirmer ce que l’on avait produit en 2016. On est tombé malheureusement sur la 2ème mi-temps face à l’Angola», analyse-t-elle.
Cette finale il y a 4 ans à Brazzaville, a montré aux Lionnes qu’elles pouvaient sur un match, rivaliser avec l’ogre angolais. De quoi nourrir de nouvelles ambitions avec le soutien des supporters. «Cette fois-ci à la maison, on se doit de confirmer notre statut. Déjà devant notre public qui ne nous a jamais vu, si ce n’est au TQO sur 3 matchs. On espère faire un résultat à la maison. Suivre le chemin des garçons du football et du Beach soccer qui ont mené le Sénégal sur le toit de l’Afrique. C’est notre objectif à toutes», assure Doungou Camara.
Gagner la CAN, récompense suprême après des mois de galère
Pour revenir à leur meilleur niveau suite à de graves blessures, les sportifs ont besoin d’une assistance médicale de qualité. Mais aussi d’un environnement familial sain pour un boost psychologique. Celle qui est surnommée affectueusement Doudou Bolt sait à quel point elle est chanceuse de pouvoir compter sur son entourage dans cette épreuve. « Si j’ai pu revenir, c’est d’abord grâce à ma famille qui a toujours été à mes côtés. Elle n’a jamais lâché, m’a soutenu dans ces moments difficiles. Ma famille est incontestablement numéro 1 sur mon retour. J’ai une famille en or», a-t-elle reconnu.
Doungou Camara s’est donné les moyens de revenir pour se rendre compétitive pour cette CAN à la maison. Des aller-retour incessants entre son domicile et les centres médicaux et de rééducation. « Je tenais à remercier le centre de l'Aquaboulevard, l’ADAPTE de Châtillon Montrouge, le centre de Cap Breton. Ainsi que Clairefontaine et tous ces médecins qui ont pu être présents dans ma convalescence », montre-telle reconnaissante. «J’aimerais aussi remercier le coach Messaoudi qui m’a permis de pouvoir m’entraîner quelque temps avec lui. Alex Bailly le préparateur physique de l’équipe nationale qui m’a prise durant quelques mois à Paris pour une préparation physique. Sans eux je n'aurais pas été là ».
La voix remplie d’émotions, Doungou Camara se montre déterminée pour qu’au soir du 19 novembre , toutes ces personnes qui ont contribué à son retour soient honorées. «Je leur dois ça, admet-elle. Ce trophée (de la CAN), il me le faut pour pouvoir remercier toutes ces personnes qui ont été présentes durant ma convalescence. Ce n’est jamais facile de revenir d’une blessure aux croisés», a-t-elle conclu.
Moustapha M. SADIO