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CHAN 2022 : la finale pour la 3e place, pas si anodine

Ce vendredi à Oran Madagascar et le Niger s’affronteront lors de la finale pour la 3e place. Un match qui a bien plus d’importance qu’il n’y parait. Surtout quand il concerne deux équipes qui n’étaient pas vraiment attendues à ce niveau de la compétition.

De notre correspondant en France,

Le Niger (en orange) et de Madagascar s'étaient croisés en amical sur le chemin du CHAN 2022.
Le Niger (en orange) et Madagascar s'étaient croisés en amical sur le chemin du CHAN 2022.

L’Europe, l’Asie, l’Océanie et l’Amérique du Nord, Centrale et les Caraïbes ont décidé depuis plus ou moins longtemps, de ne plus faire jouer la finale pour la troisième place lors de leur tournoi continental réservé aux sélections nationales, même si l’UEFA a fait une exception avec sa récente Ligue des Nations. L’Amérique du Sud et l’Afrique, qu’il s’agisse de la CAN ou du CHAN, ont fait le choix contraire. Même si la mémoire collective ne retient que les vainqueurs, et beaucoup moins les autres médaillés, cette finale pour la 3e place, également popularisée sous le terme de « petite finale », a ses partisans.

Ce vendredi à Oran, le Niger et Madagascar, les deux révélations de ce CHAN algérien, s’affronteront pour s’installer sur la troisième marche du podium, avant de suivre la finale entre l’Algérie et le Sénégal, samedi. « Jamais ces deux équipes n’avaient atteint les demi-finales du CHAN, et Madagascar en est à sa première participation. Malgré la déception d’avoir perdu en demi-finale, lourdement pour le Niger (0-5 face à l’Algérie) et Madagascar (0-1 contre le Sénégal), il y aura la volonté, je pense, de bien finir, surtout pour ces deux équipes que personne n’attendait là », suppose Michel Dussuyer, l’ancien sélectionneur de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Bénin.

Dussuyer : «Il y avait une médaille en jeu»

Le Français sait de quoi il parle. En 2016, lors du CHAN au Bénin, les Eléphants ivoiriens locaux avaient atteint les demi-finales, un peu à la surprise générale. « Nous avions perdu logiquement face au Mali (0-1). Trois jours plus tard, il y avait cette petite finale contre la Guinée, ce qui constitue un derby de la Sous région. Après une demi-finale perdue, les joueurs sont fatigués, déçus. Certains tournant vite la page, mais pas d’autres. J’avais donc procédé à sept changements par rapport au onze de départ face au Mali », poursuit Dussuyer. Dans son discours d’avant-match, le technicien français ne galvaude pas ce match de classement. « J’avais insisté sur le fait qu’une médaille était en jeu, qu’on avait certes dépassé les objectifs en atteignant les demi-finales, mais que cela valait la peine de faire un dernier effort. » Le message avait été entendu, puisque les Ivoiriens avaient battu les Guinées à Kigali.

Mais un match pour la 3e place peut aussi se révéler être une véritable corvée, surtout quand il intervient après une cruelle élimination en demi-finale. Ali Fergani conserve dans un coin de sa mémoire celle de la CAN 1982, en Libye, trois jours après avoir perdu contre le Ghana (2-3 après prolongation). « Moi, j’étais suspendu, la question ne se posait pas. Mais avant d’affronter la Zambie, je me rappelle que la plupart de mes coéquipiers n’étaient vraiment pas motivés, tellement la déception était grande. Ce match n’avait guère d’importance à nos yeux, on voulait juste rentrer chez nous. » Peu concernés et devant 2000 spectateurs égarés dans l’immense stade du 11 juin à Tripoli, les Fennecs, beaucoup trop dociles, s’inclinent logiquement contre des Chipolopolo bien plus impliqués.

Les Algériens abattus en 1982, ultra motivés en 1984

Mais deux ans plus tard, à Abidjan, la perception est totalement différente. Bien que sonnée par son élimination face au Cameroun (0-0, 4-5 aux tirs au but), et accessoirement le futur vainqueur, les Fennecs n’ont aucune envie de prendre « la petite finale » à la légère. Et pour cause, puisque leur adversaire était l’Egypte. « Là, je peux vous dire que tout le monde voulait jouer cette rencontre. Pour un algérien, affronter les Pharaons, et les battre, c’est très important. Les matches entre les deux pays sont toujours particuliers », poursuit Fergani. Mahieddine Khalef, le sélectionneur de l’Algérie, n’a guère besoin de motiver ses troupes, qui s’imposent 3-1, devant à peine 500 spectateurs. « Il y a des matches de classement qui n’ont pas le même goût que d’autres », conclut l’ancien international et sélectionneur des Fennecs. Paroles d’expert…

Alexis BILLEBAULT

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