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Côte d'Ivoire-Ligue 1 : soupçons de matches truqués, au royaume de l'omerta

Ce qui n'était qu'une rumeur semble avoir pris forme à l'occasion d'un match de la troisième journée de Ligue 1 ivoirienne. Un homme impliqué dans des paris sportifs illégaux aurait été pris la main dans le sac.
De correspondant en Côte d'Ivoire,

Stade d'Abidjan-CO Korhogo : 4-1. Le match de la honte ?
Stade d'Abidjan-CO Korhogo : 4-1. Le match de la honte ?

Le 10 octobre marque un tournant dans l'histoire de la Ligue 1 ivoirienne. Ce jour-là, le promu Stade d'Abidjan lamine (4-1) le CO Korhogo. C'est le score le plus lourd depuis le début du championnat 2022-2023. Mais très vite les yeux des spectateurs ont délaissé le tableau électronique du Stade Robert-Champroux à Abidjan pour se concentrer sur une scène cocasse. Un homme blanc d'une quarantaine d'années est pris à partie par des dirigeants du CO Korhogo sous les regards médusés des journalistes et des spectateurs de ce match de la 3e journée.

Le malheureux serait un spécialiste des paris illégaux. L'incident serait la conséquence d'un flagrant délit. La police dut intervenir pour calmer tout le monde avant d'embarquer le mis en cause que nous appellerons Bernard.

Un transfert de 1295 euros

Selon les témoignages recueillis à chaud à Robert-Champroux et à la police, Bernard aurait effectué un transfert d'argent sur le compte mobile du gardien du CO Korhogo. On parle de 1295 euros à peu près. Une somme conséquente afin que, dit-on, le portier transforme ses cages en passoire et que le Stade d'Abidjan sur lequel il avait misé beaucoup d'argent, l'emporte.

Sauf que depuis un moment, d'après nos informations, les dirigeants de Korhogo, qui trainaient des mois d'arriérés de salaire, avaient eu vent de l'affaire. Ils ont donc pisté Bernard jusque dans les gradins où il s'était installé pour s'assurer que tout se passerait bien. Le parieur aurait même échangé plusieurs messages avec des joueurs trempés dans ses magouilles présumées.

SNA n'est pas en mesure confirmer ces informations. Les policiers chargés de l'enquête se gardant de se livrer. «L'affaire est en cours, je n'ai donc pas le droit d'en parler. Allez demander aux dirigeants du COK, ils pourront mieux vous renseigner», suggère un lieutenant de police que nous avons interrogé. Qui prévient, menaçant : «Si jamais je vois mon nom dans un article, vous allez vous retrouver derrière les barreaux.»

CO Korhogo, la partie visible de l'iceberg

Les soupçons sur les joueurs qui lèvent le pied car impliqués dans des paris se multiplient ces derniers temps au sein de l'effectif korhogolais. «Plusieurs de mes joueurs ont confirmé avoir été approchés par ces parieurs qui dans un premier temps se sont présentés comme des agents de joueurs. Quand la confiance s'est installée, ils ont alors proposé à certains de nos joueurs de lever le pied pour se faire battre», a révélé à SNA Ouattara Bakary, président du club du Nord de la Côte d’Ivoire.

Ce dernier ajoute : «Les joueurs de champ devaient recevoir chacun la somme de 457 euros et pratiquement le triple pour le gardien. Les joueurs étaient même divisés à l'idée d'accepter ou pas ces propositions.»

En réaction, la direction du CO Korhogo a mis à la porte dix-neuf joueurs sur les trente-neuf qui composaient l'effectif du club. Même si leur culpabilité n'a pas été établie. Le COK ne serait qu'un cas parmi tant d'autres. Plusieurs autres équipes et des arbitres seraient impliqués dans de telles pratiques, selon nos informations. Mais au niveau des différents états-majors, l'omerta est de mise.
Sanh SÉVERIN

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