Mise en place d’un nouveau bureau, relance des compétitions,… Au lendemain de la démission du président de la fédération, le cyclisme congolais a un nouveau rendez-vous avec l’avenir. Mais un avenir sujet à plusieurs défis.
Un troupeau sans berger. La Fédération congolaise de cyclisme (FECOCY) est bel et bien dans cette situation. Ce, depuis la démission le 13 mai dernier de Rufin Arsène Bakouetana de la présidence de l’instance faîtière du cyclisme au Congo-Brazzaville.
« Je suis ici pour annoncer à l’opinion publique nationale et internationale mon départ donc la mise à terme de mes fonctions de président de la fédération congolaise de cyclisme », confiait-il à un organe local en ligne.
Si la démission avait été déclarée recevable par le ministère des sports, le monde du cyclisme ne s’y attendait pas pour autant. «Bien que proche collaboratrice du président Rufin, je n’avais jamais imaginé qu’il quitterait le navire FECOCY», déclaré une collaboratrice de Bakouetana.
Et une décision inattendue fait toujours forcément mal. «La décision est tellement soudaine que je n’en reviens pas. C’est une grosse déception de la part de nous autres qui faisons partie du secteur du cyclisme au Congo», explique M’pinoba d’Ankelé Andropov, premier vice-président de la FECOCY.
La déception semble à la mesure de l’immensité des rêves dans lesquels Rufin Bakouetana avait embarqué ses collègues le jour de son élection. En prenant les commandes de la FECOCY en fin 2020, l’ancien champion du Congo promettait une nouvelle ère du cyclisme congolais à travers son programme «stratégie nationale de développement du cyclisme à l’horizon 2022».
Une stratégie de développement axée essentiellement sur la relance de ce sport à l’arrêt depuis des lustres du fait d’interminables crises de leadership, mais surtout sur la lutte contre la corruption. «Ce projet laissait entrevoir une renaissance irréversible du cyclisme congolais», rappelle M’pinoba d’Ankelé Andropov.
Bakouetana va aussitôt se jeter à l’eau de manière à lier l’acte à la parole. Il va ainsi mener certaines réalisations. Il s’agit par exemple de l’acquisition lors de son séjour en France l’année dernière, des vélos et des accessoires à moindre coût.
Durant ce séjour hexagonal, le patron du cyclisme signera également de nombreux accords avec ses homologues, notamment avec la fédération sœur du Burkina Faso (en raison de son expérience) afin d’aider le Congo à organiser des compétitions nationales.
Ce qui va se traduire dans les faits. À travers notamment le succès rencontré par le «Challenge MDA » (M’pinoba d’Ankelé Andropov), organisé en janvier 2022 à Pointe-Noire sur initiative du premier vice-président de la FECOCY. « C’est le cyclisme congolais qui renaît de ses cendres, car l’absence de compétitions tue les talents », se félicitait Ghislain Mamboma dit « Japonais », un des participant au challenge MDA.
Une renaissance presque mort-née car elle ne connaîtra pas son effectivité. Du moins, durant le mandat de quatre ans de Bakouetana qui dit avoir quitté le navire à cause des menaces de mort et de la corruption qui gangrenait le secteur du cyclisme.
Afin de combler le vide laissé par Rufin Bakouetana, il est prévu fin mai une nouvelle élection destinée à renouveler le bureau. Mais si personne ne s’est encore déclaré candidat, difficile pour l’instant de se faire une idée de la vision du prochain président de la FECOCY.
Dès lors, comment le futur nouvel élu entend-il assurer la continuation du programme de son prédécesseur ? Abandonnera-t-il les chantiers de son prédécesseur pour imprimer (voire imposer) sa marque de fabrique ? L’élection à venir mettra-t-elle enfin fin à cette interminable crise qui frappe le cyclisme congolais depuis des années ?
Mieux, quel avenir pour le cyclisme congolais ? Si la démission de Rufin Bakouetana ouvre une nouvelle ère, elle suscite plus de questions qu’elle n’apporte de réponses précises sur ce qui attend les cyclistes congolais qui ont visiblement du mal à (re) démarrer sur les chapeaux de roues.
John Ndinga-Ngoma