Depuis mi-mai dernier, Pointe-Noire célèbre ses cent ans d’existence. Mais la capitale économique du Congo-Brazzaville continue d’accuser une insuffisance criante d’infrastructures sportives. C’est du moins le constat d’anciennes icônes du sport congolais.
De notre correspondant au Congo (Brazzaville)
Acclamations nourries : à tout seigneur, tout honneur. Le seigneur, c’est Me Bernard Antoine Mouelet dit Djo Baba. Cet huissier de justice était ce dimanche 14 août, le principal invité de marque à la finale de la Coupe de la ville de Pointe-Noire de basketball, toutes catégories confondues.
Djo Baba, c’est bien ce pivot du club «Avenir du Rail» de Brazzaville. Celui qui, avant des études de droit à l’université de Brazzaville, fut sacré meilleur basketteur de l’Afrique à l’issue de la Coupe d’Afrique des clubs champions de 1989 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Une performance réalisée malgré la troisième place de son club au classement final du tournoi.
C’est donc à juste titre qu’il a été invité à remettre des trophées, des médailles et des chèques aux vainqueurs de la Coupe de la ville.
Une compétition que la ligue départementale de basketball a baptisée, Coupe du centenaire de la ville, car cette édition coïncide avec la célébration des cent ans de la capitale économique congolaise fondée le 11 mai 1922.
Et au moment où le Congo tout entier célèbre les 62 ans de son indépendance (15 août 1960), la Fédération congolaise de basketball (FECOKET) fête, elle, les 60 ans de son existence. Soixante ans d’existence durant lesquels les pouvoirs publics n’ont jamais construit un seul stade de basketball dans la ville.
«Tous les stades de Pointe-Noire appartiennent à des privés, constate pour le déplorer Me Mouelet. Certes, ce lieu appartient à la société publique de distribution d’eau, mais son état n’est pas décent. On peut dire que l’état n’a pas de terrains de basketball à Pointe-Noire.»
Mais il n’y a pas que le basketball qui souffre d’insuffisance ou du manque d’infrastructures. «Au handball, c’est la même triste réalité. Les enfants ne jouent que dans de bons terrains», faisait remarquer récemment Solange Ipolo Koulinka lors d’un entretien avec SNA. «Il n’y a même pas de piste d’athlétisme», assène encore Bernard Antoine Mouelet.
Une réalité qui tranche avec celle de Brazzaville. «Nicole-Oba», «Henri-Elendé», Stade Alphonse-Massamba-Débat, stade de la Concorde,... : la capitale du Congo-Brazzaville est, depuis les Jeux africains de 2015, une véritable forêt d’infrastructures sportives. Elle abrite des stades pour différentes disciplines, des gymnases, des pistes d'athlétisme, etc.
Et même les programmes dits de «municipalisation accélérée» consistant à bâtir des infrastructures à l’occasion des fêtes d’indépendance dont la première édition a été organisée en 2004 à Pointe-Noire semblent avoir oublié la deuxième ville du Congo-Brazzaville sur tous les plans avec ses quelque 1,1 million d’habitants. Même de petites villes sont désormais dotées d’infrastructures modernes, à l’image d’Oyo (nord du pays) qui a un gymnase répondant aux normes olympiques.
«Nous à Brazzaville on avait quand même des terrains d’État. Mais nos compatriotes se sont débrouillés sur des installations de fortune, alors que la plupart des icônes sportives sont venues de Pointe-Noire», souligne Me Mouelet, citant d’anciens Diables rouges du basket comme Zéphirin Kimbouri, Omer Mouanga et Didier Bounsana.
La jeunesse commence à s'agacer de cette situation. «Les championnats nationaux devraient se jouer ici à Pointe-Noire, déplore Meryl Nsangou, capitaine de Black Lions, vainqueur de la Coupe de la ville en séniors hommes. Mais on les a ramenés à Brazzaville. Tout simplement parce que les nouveaux règlements de la FIBA ne permettent pas que les compétitions tant nationales qu’internationales se jouent dans de telles conditions (notamment un stade ouvert). Ce qui a un petit impact sur nos prestations.»
Pour Serge Koumba, capitaine de BBS Sport, finaliste en séniors hommes, «les pouvoirs publics devraient penser à construire des infrastructures à Pointe-Noire aussi».
John Ndinga-NGOMA