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Congo : quand le rugby peine à transformer l’essai

Pratique-t-on vraiment le rugby au Congo ? À Brazzaville, Pointe-Noire et un peu partout, la question est sur toutes les lèvres ou presque. Une question qui en dit long sur le manque de visibilité de ce sport dans le pays. Un véritable défi pour la fédération.

De notre correspondant au Congo,

Les Diables Rouges du Congo

« Je suis fier de cette distinction. Cela prouve que la fédération n’a pas été indifférente au travail abattu l’année dernière », se félicite Jusmo Obambi, président de Congalie Rugby Club, un club de Pointe-Noire. Obambi souhaite cependant que cette distinction soit accompagnée de remise d’un trophée et qu’elle s’étende aux joueurs.

En octobre dernier, dans le cadre de la clôture de la saison sportive 2021-2022, la Fédération congolaise de rugby (FECORUG) le désignait « meilleur formateur et vulgarisateur du rugby des jeunes ».

Le même mérite a été attribué à Célestin Tanda, sélectionneur de l’équipe nationale masculine.  En raison de « son travail remarquable de l'implantation d'un club de rugby dans la ville de Ouesso (ville de l’extrême nord du pays, NDLR). Félicitation à vous pour ce grand travail abattu », peut-on lire sur la page Facebook de l’instance faîtière du rugby au Congo. Sans oublier les trois « meilleurs entraîneurs du maintien et de la vulgarisation du rugby féminin en République du Congo ».

Le rugby peu connu des Congolais

Un mois auparavant, les équipes nationales masculine et féminine traversaient le fleuve Congo pour livrer des matches amicaux avec leurs voisins de Kinshasa. C’était dans le cadre des préparatifs des éliminatoires pour la CAN 2023. « Ah bon ! Depuis quand le Congo joue au rugby ? Y a-t-il un championnat de rugby au Congo ? En tout cas, je ne vois rien sur le rugby dans notre pays. En Afrique, je ne connais que deux grandes nations en matière de rugby : la Namibie et sa voisine l’Afrique du Sud qui fait la fierté du continent à la coupe du monde », fait remarquer Caleb Moukouanga, un adolescent de Pointe-Noire.

Et pourtant, le ballon ovale roule bel et bien au Congo depuis l’époque coloniale et depuis la fondation de la FECORUG en 2008 par un certain Claude Ernest Ndalla célèbre personnalité politique (un des membres influents du parti au pouvoir). En témoignent des tournois dont le championnat 2019 remporté par les Taureaux de Brazzaville (15-12) face aux Barbares de Pointe-Noire.

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À sa prise de fonction en 2020 en tant que président de la FECORUG, Elbe Biscay Bidié-Bia Mbemba, promettait de faire feu de tout bois pour que sa fédération figure « parmi les meilleures fédérations » du Congo. Notamment par la vulgarisation de ce sport.

Malheureusement jusqu’ici, peu de Congolais sont informés de l’existence du rugby. Pour certains Congolais, c’est la conséquence d’une faible présence du rugby dans les médias congolais. « Quand je suis l’actualité sportive, on parle beaucoup plus du football, du handball et un peu du karaté, du volleyball. Mais il y a des sports que je ne vois jamais à la télé. Et le rugby fait partie des grands absents dans nos médias », constate Prisca Pambou, enseignante.

Un état des choses que la FECORUG impute à la modicité des moyens dont elle dispose. « Pour organiser des matches, il faut louer des aires de jeu, il faut déplacer les joueurs. En gros, l’organisation des tournois requiert une forte mobilisation des fonds. Malheureusement nous n’en disposons pas. Nous sommes ainsi obligés de nous cotiser. Ce qui n’est pas facile, parce que nous-mêmes sommes dans le dur », explique Elbe Biscay Bidié-Bia Mbemba.

Couverture médiatique « onéreuse »

Sans compter le caractère onéreux de la couverture médiatique. « Quand les organes de presse débarquent, ils viennent certes chercher l’information, mais avec des factures en main. Une chaîne de télévision par exemple peut vous facturer à 100 000 francs CFA (152,45 euros, NDLR). Ce qui ne nous facilite pas la tâche. Voilà pourquoi, nous nous contentons des réseaux sociaux dont Facebook pour essayer tant soit peu de rendre visibles nos activités. Ce n’est peut-être pas suffisant, mais à l’impossible, nul n’est tenu », déplore encore Bidié-Bia Mbemba.

Des Allégations balayées par des organes de presse. « Il appartient d’abord à la fédération de nous informer de leurs activités. Ce qui n’est pas le cas malheureusement. Nos équipes couvrent souvent les rencontres de football. Et je ne pense pas que la fédération de football dise que nous leur brandissons des factures.  Qu’ils commencent par nous informer comme font les autres fédérations. On ne peut donc pas imaginer qu’il y a des activités qui se mènent au sein de leur fédérations », répond Derich Ngatala, du service Sports à Radio Congo Pointe-Noire, branche locale de Radio Congo, la chaîne publique nationale.

C’est donc peut dire que le ballon ovale au Congo est resté ce rocher de Sisyphe que les responsables peinent visiblement à faire rouler jusqu’au public. Quitte à marquer l’essai qui fera aimer ce sport au peuple congolais tout entier.

Mais le pessimisme ne fait pas partie du champ lexical des rugbymen congolais. « Nous sommes sur un certain de nombre de projets ayant trait à la vulgarisation du rugby au Congo. Il s’agit par exemple de la promotion de ce sport en milieux jeunes, notamment dans les écoles. Nous sommes aussi en train de travailler à la vulgarisation du rugby auprès des filles. Mais nous avons besoin du soutien de plusieurs partenaires, notamment le ministère des sports », lance Bidié-Bia Mbemba.

 John Ndinga-Ngoma

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