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Côte d’Ivoire : Pourquoi les supporters ont déserté les stades

Le championnat de football de Côte d’Ivoire ne fait plus rêver. Depuis une décennie, les supporters fréquentent de moins en moins les stades. Et les clubs sont apparemment résignés.

les stades sans affluence en Côte d'Ivoire
Un public clairsemé lors d'un choc ASEC-Africa Sports

Cela fait plus d'une décennie que le championnat ivoirien est délaissé par le public. Les matches se jouent devant des gradins vides. Depuis trois ans, avec la crise entre les clubs et les anciens dirigeants, qui a conduit à la mise sur pied d'un comité de normalisation, les choses ne se sont pas arrangées.

Des clubs sans domicile fixe

La crise politique de 2002 à 2011 a fait toucher le fond à plusieurs clubs de football. Ils ont dû être délocalisés et ont donc perdu sur la décennie leur identité. C'est le cas du Denguélé d'Odienné, du nord du pays, mais qui évolue à Abidjan depuis plus de 10 ans. ES Bafing de Touba, Nord-Est, est dans la même situation tout comme LYS Sassandra, formation du sud côtier désormais domiciliée à Abidjan. Que dire du FC San Pedro qui n'a jamais pu s'enraciner dans la ville balnéaire ?

«La crise a beaucoup joué sur la fréquentation des stades. Quand une équipe joue à domicile, comme le Sporting Gagnoa, évidemment la population qui se reconnaît en elle va la soutenir au stade. Mais depuis plus de 10 ans, quinze des seize clubs de Ligue 1 jouent à Abidjan parce que c'est ici que les populations qui se sont déplacées durant les différentes crises politiques vivent désormais. Mieux, c'est à Abidjan qu'il y a des infrastructures sportives dignes de ce nom», avoue Idriss Diallo, président de la Fédération Ivoirienne de Football, face au casse-tête de la défection des supporters dans les tribunes de stades.

Deux stades pour plus d’une quinzaine de clubs

Les infrastructures justement posent également un problème. Il n'y a aucun stade véritable en dehors de ceux en construction pour la CAN 2023. A Abidjan, depuis 5 ans le Stade Champroux et le Parc des Sports de Treichville ont accueilli plus de 500 matches. Depuis l'année dernière, le Parc est en réfection. Tous les matches du championnat de football masculin et féminin se disputent au Champroux ainsi que ceux des sélections de jeunes. Sa pelouse est en très mauvais état et cela dénature le spectacle. Comment dans ces conditions le fréquenter pour pousser les équipes à la victoire ? Il compte près de 3000 places mais n'est plein au 2/3 que lorsque l'ASEC, LYS Sassandra ou à un degré moindre l'AS Denguélé s'y produisent.

Les grands clubs ne font plus rêver !

Qui dit football dit spectacle à voir. Qui dit spectacle dit joueurs de qualité. Voilà la denrée la plus rare du championnat local. Il n'y a plus de génies comme l'ont été dans le passé les Laurent Pokou, Kallet Bially, Abdoulaye Traoré, Sékou Bamba, Maguy Serge, Alain Gouamené, Guel Tchiressoa ou plus proches de nous les Kader Keita, Zokora Maestro, Aruna Dindané, Barro Babou, Zézéto. Le CHAN en Algérie en janvier a mis à nu le manque d'oiseaux rares dans la Ligue 1.

«Il n'y a plus dans notre championnat ce joueur capable de faire lever les foules, ce joueur qui peut faire gagner un match à lui seul que ce soit un défenseur par ses tacles rageurs, un milieu de terrain par ses passes millimétrées ou un attaquant par ses buts decisifs», se désole Beugré Yago Eugène, champion d'Afrique avec la Côte d'Ivoire en 1992 et avec l'Africa Sports en 1993. Ce problème de talents est inhérent aux différents clubs mais surtout aux locomotives du football local, symboles de la déchéance, que sont l'Asec et l'Africa.

Censés tirer tout le monde vers le haut par leurs liens historiques et leurs chapelets de trophées longs comme le bras d'un basketteur, ils ont plongé depuis une dizaine d'années. L'un, Africa, s'est contenté d'être toujours à l'affiche des faits divers jusqu'à descendre en 2e division et l'autre, Asec, n'a pas le souffle nécessaire pour rivaliser avec les ogres du continent tels que Al Ahly, Mazembe, Espérance Tunis, Wydad Casablanca,Raja pour ne citer que ceux-là. La preuve, les Mimosas ont joué devant des gradins vides face à Motema Pembe, lors du 1er match de poules de la Coupe de la Confédération CAF, le 11 février 2023 à Yamoussoukro.

En clair, il y aura toujours 10 à 50 puristes au terrain mais le constat est clair : l'Asec, le plus grand club de football de Cote d'Ivoire, qui pouvait remplir un stade de 45 mille places dans les années 90 et au début des années 2000, ne fait plus rêver personne. Et dans son sillage, tous les autres, moins nantis, sans réelle politique sportive et sans glorieux passé, sombrent.

Sanh SEVERIN

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