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Des entraîneurs ivoiriens racontent leurs conditions très précaires

Alors que le CHAN mis en place pour développer les championnats nationaux en Afrique bat son plein en Algérie, en Côte d’Ivoire, les entraîneurs sont très loin de vivre de leur métier. Plusieurs d’entre eux sont dans des conditions précaires. Ils n'ont pas de contrat pour et sont mal payés.

Le FC San Pedro a déjà viré deux entraineurs en 15 matches de Ligue 1
Le FC San Pedro a déjà viré deux entraineurs en 15 matches de Ligue 1.

Il n'y a pas que les footballeurs du championnat ivoirien qui sont exploités par les clubs. Les entraîneurs subissent eux aussi la loi des dirigeants. Depuis le début de la saison 2022-2023, cinq entraineurs ont déjà été virés en pleine saison de Ligue 1. Il s'agit de Koné Yaya de l'ES Bafing, Sékou Fofana du CO Korhogo, Jani Tarek et Betlaief Fakhri du FC San Pedro et Oussou Israël du Stade d'Abidjan. Avant eux, Boudo Mory avait été évincé de l'USC Bassam avant le début du présent championnat de Côte d'Ivoire. Pour tous ces coaches, on pointe du doigt les mauvais résultats en oubliant que souvent les moyens ne suivent jamais les ambitions qu'on leur demande d'atteindre.

Pas de contrats signés

Pour la plupart des entraîneurs, il n'y a pas de contrat signé. Juste des accords tacites avec les clubs et des forfaits financiers en lieu et place de salaires en bonne et due forme. Boudo Mory a vécu cette situation avec amertume. Il nous la raconte la gorge presque nouée. «Je suis arrivé à l'USC Bassam en 2016. A l'époque, le club était 9e du championnat de Ligue 2 sur 12 équipes. J'ai réussi à le faire monter en Ligue 1. Et donc depuis 2017, j'ai été fidèle sur le banc. .J'étais payé correctement à un moment et les résultats étaient bons», explique-t-il avec fierté dans un premier temps.

Arrive ensuite le temps des regrets. Le récit de Boudo Mory prend une tournure dramatique. «J'ai toujours été très bien avec tout le monde au club. J'ai donc voulu avoir un contrat longue durée au lieu de signer une année chaque saison. J'ai demandé à mes dirigeants de revoir mes émoluments qui étaient d'un peu plus de 765 euros le mois. J'avais confiance que ça se ferait puisque je travaillais bien. J'avais maintenu le club dans l'élite pendant cinq ans. Hélas, j'ai dû déchanter très vite. Le président et le président délégué ont opposé un non catégorique à ma demande. J'étais meurtri. A partir de là, l'atmosphère au club a commencé à être polluée. J'ai donc décidé de partir après six ans passés sans véritable contrat. J'ai compris qu'on me donnait juste un an de contrat renouvelable chaque saison pour pouvoir me virer sans payer d'indemnités conséquentes», se désole-t-il.

«Les présidents divisent pour mieux régner»

Peu solidaires, les entraîneurs subissent pour la plupart la politique du «diviser pour mieux régner». En effet, certains ne se gênent pas pour prendre les salaires jugés insignifiants par d'autres. «La corporation n'avance pas parce que quand tu refuses par exemple de prendre 358 euros comme salaire, derrière toi un collègue passe et le prend. Les présidents de clubs jouent donc sur la désunion des coaches pour les berner ou les traiter comme des moins que rien», assure un technicien actuellement en poste en Ligue 1 et qui a voulu garder l'anonymat.

Un syndicat des entraîneurs en gestation

La situation difficile que vivent les entraîneurs ivoiriens, habitués pour beaucoup à la précarité, ne date pas d'aujourd'hui. Mais de plus en plus de voix s'élèvent pour faire barrage au mauvais traitement dont ils sont victime. A ce sujet, Kouadio Georges, ex-patron du staff des Éléphants locaux, a décidé de créer un syndicat. «Le syndicat des entraîneurs de Côte d'Ivoire va naître pour défendre les droits des entraîneurs. Nous ne sommes pas pris au sérieux et ça dégrade notre image. Aujourd'hui, les clubs se séparent des entraîneurs comme d'une vieille chemise dont on n'a plus besoin. Ce n'est pas normal. Pour beaucoup, les contrats n'existent pas ou sont très mauvais car ils savent que la demande est forte par rapport à l'offre. Tout ça doit changer», affirme avec force l'ancien sélectionneur intérimaire des Éléphants en 2010.

Sanh Séverin

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