Champion cycliste camerounais parmi les plus populaires de tous les temps, Dieudonné Ntep a fait l’histoire de plusieurs générations de coureurs.
Le 10 mai 2021, le monde du cyclisme camerounais s’est arrêté. Ce jour-là, l’une des légendes les plus historiques de la petite reine quittait définitivement la piste. A 61 ans sonnés, Dieudonné Ntep perdait la vie dans un accident de la circulation. L’homme se rendait dans la ville de Douala où un vol l’attendait, lui et l’équipe nationale du Cameroun, en route pour le Tour du Bénin. Deux ans après ce départ tragique, difficile de s’en remettre.
«Son départ crée toujours un vide au sein de la Fédération Camerounaise de Cyclisme, assure Jean-Baptiste Biaye, cadre de l’instance. C’est un vide qu'il est difficile de combler. Même si ses anciens compagnons que sont aujourd'hui l'actuel Directeur Technique National ou l'actuel entraineur national par intérim sont là pour poursuivre son œuvre chevaleresque». C’est que, Dieudonné Ntep, de regrettée mémoire, fait partie de ces sportifs qui ont écrit les plus belles pages du cyclisme camerounais.
Adepte du guidon depuis sa tendre enfance, Ntep a 19 ans, en 1978, quand il décide d’enfourcher pour de bon le vélo en compétition. A l’époque, il s’entraine avec celui qui est aujourd’hui Directeur Technique National de la Fécacyclisme, Joseph Evouna. «Ntep était très intelligent, se souvient-il. Nous nous sommes connus en 1978, au moment où je reviens au deuxième Tour cycliste du Cameroun. Dès lors, nous ne nous sommes plus quittés».
Avec Joseph Evouna, Joseph Kono et d’autres grands noms du cyclisme local, le sprinteur participe à plusieurs compétitions tant sur le plan national, africain que mondial. En l’occurrence, les jeux Olympiques de 1980 à Moscou (Russie) et de 1984 à Los Angeles (Etats-Unis d’Amérique). A Los Angeles, il porte le brassard de capitaine et le Cameroun est sacré meilleur pays africain à la course contre la montre par équipe. Véritable phénomène, Ntep et son groupe feront parler d’eux dans les médias : une sacrée belle publicité pour un sport qui n’intéresse pas grand monde à l’époque !
Convaincu d’avoir tout accompli sur les pistes, Ntep décide alors quelques années plus tard, de se reconvertir dans l’entraînement. «Il a suivi deux stages grâce à la solidarité olympique, indique Joseph Evouna. J’étais le coordonnateur de ce stage. Il était assez intelligent. De là, il est nommé entraîneur provincial puis entraîneur national [en 2007]. Il a beaucoup travaillé à mes côtés. Je l’ai ensuite aidé à prendre la tête du staff technique de la SNH Vélo Club, l’écurie la plus réputée du pays».
Rigoureux et ambitieux, Dieudonné Ntep va se consacrer à la formation et à l'encadrement de plusieurs générations de cyclistes camerounais avec, à la clé, deux médailles aux Jeux africains de 2008 : une en argent par équipe chez les espoirs et une en bronze par équipe chez les seniors. Et aussi plusieurs trophées de vainqueur aussi bien du Tour cycliste international du Cameroun que du Grand Prix Chantal Biya. Un héritage de plus au tableau glorieux du «coach préféré» des cyclistes camerounais et qui continue malgré tout d’inspirer les jeunes générations.
Arthur Wandji